Je préfère le dissensus dur au caramel mou

Je préfère le dissensus dur au caramel mou
Medusa – Il Caravaggio

Parfois on aimerait, face à la violence du monde, qu’un garçon vous prenne dans ses bras et murmure : « Ça ira, je suis là, on connaîtra des jours meilleurs… »

vendredi 31 octobre 2014

Tu me manques





Gérard Lartigau





J'ai souvenir, étant enfant, d'avoir été charmé par la voix, la prestance du comédien Gérard Lartigau. Plus présent au théâtre qu'au cinéma, je n'ai eu l'occasion de l'apprécier qu'à travers quelques dramatiques télévisuelles.
J'apprends, en regardant la cérémonie des Molières voici quelques mois, que Gérard Lartigau a disparu en début d'année, à l'âge de soixante-douze ans.
Il joua récemment le rôle de Boussac dans l’Yves Saint-Laurent de Jalil Lespert.
L'article de Jean-Noël Mirande paru dans le journal Le Point donne des précisions qui éclairent peut-être les raisons de cette relative absence dans le 7ème art :

" Au cinéma, Lartigau appartient à la catégorie des "seconds rôles". Il est le fils de Michel Piccoli dans Les choses de la vie. Il devient plus grave lorsqu'il évoque sa rencontre avec Claude Sautet :
- "Après qu'il m'a engagé, une âme bienveillante a dit au réalisateur : Attention, tu engages un pédé..."
Quarante ans après, la blessure est toujours sensible :
- "J'ai eu l'impression que ce dont je ne me cachais pas avait changé nos rapports. Je lui en ai parlé, car mon instinct me faisait dire qu'il y avait une gêne de sa part, même s'il s'en est défendu. En tout cas, il ne m'a jamais réengagé."


Les choses de la vie - Gérard Lartigau, Léa Massari et Michel Piccoli


Je ne sais pourquoi, mais j’ai l’impression que je ne reverrai plus un film de Claude Sautet tout à fait de la même manière…







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mercredi 29 octobre 2014

mardi 28 octobre 2014

Des zizis !

On ne pourra pas dire...

Bruants zizis (Emberiza cirlus)


...qu'il n'y a pas d'oiseaux dans Véhèmes !

dimanche 26 octobre 2014

Escapade à Paris

© Fondation Louis Vuitton


Un nouvel édifice est venu parfaire le paysage parisien, complétant l'axe qui va du bois de Vincennes à celui de Boulogne, passant par les lieux incontournables de la culture que sont la Cinémathèque, la BnF, l'Institut du Monde Arabe, le Centre Pompidou, le Musée du Louvre, le Musée d'Orsay, le Grand Palais, le Musée du Quai Branly, le Palais de Tokyo : la Fondation Louis Vuitton, bâtiment construit par Frank Gehry (on hésite à dire " bâtiment " tant le " geste " architectural prédomine à ce qui pourrait ressembler à un ouvrage basique d'architecture). Inspiré du Guggenheim de Bilbao ouvert en 1997, il s'est agi de repartir ici sur de l'angulaire.
Du haut de la dernière terrasse, la vue est somptueuse. Le bâtiment est blanc, froid, glacial : Frank Gehry a voulu habiller un iceberg, selon sa propre expression, avec des voiles de verre. J'ai encore un peu de froid dans les
yeux. Décidément, en bon Méditerranéen, je préfère les formes courbes dans les structures, et même si la voilure est toute d'élégance, ce bâtiment-là n'est pas de ma culture. Vraiment pas. Quant au contenu d'art contemporain, le richissime Bernard Arnault aura fort à faire pour lui donner du sens, du désir et du cœur...


Firenze - août 2014 © Celeos

mercredi 22 octobre 2014

Un air d'Italie

Finalement, cet été je n'ai pas touché la bétonnière, et je n'ai pratiquement pas sorti la moto, tant mon genou était mal en point. J'avais même dit à L. qu'il me semblait être dans la peau de Guillaume Balz, qui finit par perdre sa jambe dans Les pierres sauvages de Fernand Pouillon.


Par bonheur il y a eu ces quelques jours à Florence qui ont été un enchantement. J'ai pu oublier mes douleurs, sublimées par le plaisir des yeux.

Veduta di Firenze

On aurait du mal à jouer sur le piano de l'hôtel la Serenata medioevale de Giuseppe Silvestri, écrite pour mandoline, violon et accordéon...

Elle est interprétée ici par Tito Schipa, le charme d'un temps passé...
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lundi 20 octobre 2014

Enpapaoutai

Vous êtes pape, François, vraiment ? C'est incroyable ! Bon, ça ne fait rien, je vous garde quand même !

Pape rouge assis dans un intérieur - Francis Bacon - 1975 (via Appeau vert)

dimanche 19 octobre 2014

Des garçons nus d'entre les fleurs

Collecté - auteur inconnu

















Narcisse se mirant dans l'eau (ca 1800) - Alphonse-Augustin Gaudar de Laverdine











jeudi 16 octobre 2014

Pinocchio, finocchio ?



On ne présente pas le héros de Carlo Collodi dont l’Italie a quelques ressemblances avec celle de la Strada de Fellini, le merveilleux et le happy end en plus. Comencini en avait tourné une belle version, dont le très jeune acteur, Andrea Balestri, est aujourd’hui devenu un bel homme.




 
Collodi avait repris un conte traditionnel dans lequel l’un des protagonistes, se promenant en forêt, voit de beaux fruits sur un figuier et les goûte. Aussitôt son nez se met à s’allonger. Par chance un autre figuier produit des fruits qui lui font l’effet inverse. Grâce à cette découverte, il récupère les biens qu’une mauvaise princesse lui avait subtilisés.

Est-il besoin de rappeler l’allusion de ce nez qui s’allonge et, qui plus est, sous l’effet de la figue, autre fruit qui possède des connotations sexuelles aussi bien masculines que féminines (de plus, la figue est le fruit de l’arbre du Paradis, et non la pomme, croyance trop ancrée !).


  

Sous l’influence de son siècle tout de moralisme, Collodi fait de l’allongement du nez de Pinocchio la conséquence de ses mensonges, et lui faire dire la vérité produit l’effet inverse. Malgré cet aspect qui nous semble aujourd’hui bien désuet, l’histoire de Collodi a gardé un charme qui provient sans doute davantage de son contexte culturel italien et toscan.


Le nom de Pinocchio peut sembler curieux à nos oreilles françaises : si nous avions traduit ce nom, comme il arrive parfois dans certaines éditions croyant mieux permettre l’accès aux personnages, nous aurions eu cette forme : Pineuil ! Avouez que ç’eût été peut-être condamner l’ouvrage de Collodi. En fait, Pinocchio est un nom diminutif qui signifie « petite pigne », c'est-à-dire « petit morceau de bois », où l’on retrouve le terme pigna accompagné de la forme diminutive latine –culus, évoluée en toscan en –cchio (comme oculus, « l’œil » en latin, a évolué en il occhio). Et comme la pigna évoque également le sexe masculin, on a tout lieu de croire que l’histoire de Pinocchio ne ferait finalement que raconter l’évolution d’un jeune garçon qui découvre ses désirs, ses plaisirs, et montre à la cantonade quels effets produit la négation de la réalité : l’imagination, le mensonge, donc, se confrontant à la réalité entraîne l’érection, et le constat contraint de la réalité provoque la flaccidité…


Un autre mot italien est phonétiquement extrêmement proche du nom de Pinocchio : il finocchio. Celui-là possède bien une traduction française sans surprise, puisque c’est le fenouil, c'est-à-dire, en français comme en italien, « le petit foin », de fino, accompagné pareillement du diminutif latin –culus. C’est un légume qui possède un goût proche de l’anis, et parfume par ses grains toute préparation culinaire. En Toscane, le salame finocchiona (saucisson au fenouil) vous a une saveur incomparable, et je me demande si, là encore, il n’y a pas une allusion un peu sexuelle… Y aurait-il des arômes et des saveurs connotés, comme Serge Gainsbourg y faisait allusion dans la chanson des sucettes à l’anis ?


Quant à Pinocchio, si on se rappelle que sa famille est composée d’un père dont l’autorité laisse à désirer, et que sa mère symbolique est une fée qui reprend seule l’autorité qui s’impose au garçon ; que son seul ami est Lucignolo, on est en droit de s’interroger : Pinocchio ne serait-il pas finocchio ?
Enfin, moi je ne sais pas, mais peut-être un lecteur pourra-t-il me donner cette origine : d’où provient le terme finocchio pour désigner un garçon qui aime les garçons ?…

Comencini avait réalisé un documentaire sur le travail des enfants, grâce auquel il avait rencontré Domenico Santoro, devenu dans son film le petit Lucignolo... 
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dimanche 12 octobre 2014

Saint-Exupéry : un petit prince au piano



À la gare Saint-Exupéry, un petit prince s’envole dans une ballade rythmée, entre jazz et slow reel. Le déclic de mon appareil photo a résonné trop fort.


août 2014 © Celeos


Comme un voleur, le petit prince s’est enfui vers d’autres musiques.
Pardonne-moi, petit prince : je suis allé trop vite et n’ai pas eu le temps de t’apprivoiser…

© Celeos

samedi 11 octobre 2014

Incipit



Début d’un instant pour essayer d’écrire, au-delà de la morosité, en dépit des accablements du monde, aussi désespérant aujourd’hui qu’il le fut autrefois, en quoi il me reste des joies d’amour pour la beauté, et pour quelques êtres à la tête haute, débarrassés des scories de la vanité et des futilités ambiantes. 

« Si vous pouviez me voir, sur ma table penché
Le visage défait par ma littérature
Vous sauriez que m’écœure aussi cette aventure
Effrayante d’oser découvrir l’or caché
Sous tant de pourriture. »

Jean Genet, Marche funèbre