Je préfère le dissensus dur au caramel mou

Je préfère le dissensus dur au caramel mou
Medusa – Il Caravaggio

Parfois on aimerait, face à la violence du monde, qu’un garçon vous prenne dans ses bras et murmure : « Ça ira, je suis là, on connaîtra des jours meilleurs… »

vendredi 19 décembre 2014

Saint Sébastien (suite 4)

Sandro Boticelli  San Sebastiano - 1473
    Sandro Boticelli a réalisé cette peinture en 1473. Elle devait être placée sur un pilier de l'église Santa Maria Maggiore de Florence. Si l'on reconnaît sans difficulté la touche du peintre, on retrouve ici une représentation assez conventionnelle, tout à fait comparable à celle du Sodoma précédemment présentée : une composition très régulière où le martyr a les mains attachées derrière le dos, les pieds posés sur deux moignons de branches accolées au tronc. On a là une assimilation à la croix du Christ, d'autant que le nombre de flèches est rapporté aux cinq plaies de Jésus. Pour tricher un peu, Boticelli a rajouté une sixième flèche qui est fichée sur l'arrière de la hanche droite de Sébastien.

    Ici encore, le sang n'est que très peu apparent : il a coulé principalement par la blessure de la flèche fichée dans le côté, là où le Christ a reçu le coup de lance. Le corps est celui d'un jeune homme dont les traits sont d'une grande finesse, fidèle à la manière de Boticelli. Le visage n'exprime aucun sentiment particulier, si ce n'est une lassitude visible dans les cernes des yeux. Ce visage reste d'une belle régularité avec quelques marques de féminité qui accentue l'aspect juvénile, sans toutefois évoquer l'enfance comme Lorenzo Costa ou le Bronzino.

    L'arrière-plan donne toute sa place au ciel auquel appartient Sébastien. La partie inférieure est illustrée par une scène de cavaliers armés, de retour d'affrontement, qui ont laissé des morts sur le champ de bataille. Plus loin, un port de mer est défendu par une digue fortifiée de plusieurs tours. Un arbre d'une hauteur disproportionnée vient distraire ce paysage, et, tout au loin apparaît en fond une ville et un château.

    L'ensemble constitue une composition assez classique, et si ce n'était la manière de Boticelli, on serait en droit de considérer un excès de convention dans son traitement. Il reste en tout cas, la force érotique du corps du supplicié que le peintre n'a pu éluder, entre exemplum religieux et intérêt pour l'influence antique.

Aucun commentaire: