Je préfère le dissensus dur au caramel mou

Je préfère le dissensus dur au caramel mou
Medusa – Il Caravaggio

Parfois on aimerait, face à la violence du monde, qu’un garçon vous prenne dans ses bras et murmure : « Ça ira, je suis là, on connaîtra des jours meilleurs… »

vendredi 5 décembre 2014

Saint Sébastien (suite3)

Sodoma - San Sebastiano 1525
Le peintre Giovanni Antonio Bazzi, dit " il Sodoma", au joli surnom évocateur, réalisa cette peinture de saint Sébastien en 1525.

Un ange vient couronner saint Sébastien qui a courageusement supporté trois flèches, dont une qui lui traverse le cou, tandis que les deux autres sont fichées dans le flanc et la cuisse gauche. Les mains sont attachées derrière le dos à un arbre. Le corps est celui des canons de la statuaire classique. Le sang a peu coulé. La composition est une combinatoire de plusieurs approches : celle d'abord qui nous intéresse en premier chef, de l'érotisme de ce corps donné en spectacle après le supplice dont on n'a que le résultat, celle de l'intervention de l'ange, récompensant Sébastien pour son endurance, que l'on peut voir comme une espèce de concession au dogme catholique (la souffrance récompensée), et troisième approche intéressante, celle du paysage en arrière plan dans lequel la vie ordinaire continue : les hommes, les animaux, le ruisseau avec un portique, et plus loin encore les reliefs de maisons ou châteaux qui réaffirment l'inscription du paysage dans l'espace normé de l'époque du peintre. Ce paysage, qui n'est sans doute qu'un prétexte à donner au sujet un contexte temporel, conserve cependant toutes ses significations sociales.


Sébastien est toutefois, dans l'axe de la peinture, le sujet évidemment majeur, faisant du corps charnel et de l'arbre un ensemble à partir de quoi tout s'articule. Le choix du Sodoma est ainsi de donner au corps de Sébastien, dans une démarche peut-être plus démonstrative qu'érotique, celui des conventions à partir desquelles sa propre reconnaissance de peintre s'effectue.









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