Je préfère le dissensus dur au caramel mou

Je préfère le dissensus dur au caramel mou
Medusa – Il Caravaggio

Parfois on aimerait, face à la violence du monde, qu’un garçon vous prenne dans ses bras et murmure : « Ça ira, je suis là, on connaîtra des jours meilleurs… »

samedi 31 janvier 2015

Ô saisons, ô châteaux...


Ô saisons, ô châteaux,
Quelle âme est sans défauts ?


Photo de John Quintero
 Ô saisons, ô châteaux,

J'ai fait la magique étude 
Du Bonheur, que nul n'élude

Ô vive lui, chaque fois
Que chante son coq gaulois.

Mais ! je n'aurai plus d'envie,
Il s'est chargé de ma vie.

Ce Charme ! il prit âme et corps, 
Et dispersa tous efforts.

Que comprendre à ma parole ?
Il fait qu'elle fuit et vole !


 Ô saisons, ô châteaux !




Et si le malheur m'entraîne,
Sa disgrâce m'est certaine.

Il faut que son dédain, las !
Me livre au plus prompt trépas !


– Ô saisons, ô Châteaux !



Arthur Rimbaud  « Fêtes de la faim »










Regard matutinal


vendredi 30 janvier 2015

La marche d'Œdipe - 2


     Voici un extrait d’Œdipe roi de Sophocle, mis en scène par Pierangelo Summa en 2008, et interprété par les comédiens du Théâtre de l’Homme. On passera rapidement sur l’entrée du chœur qui ne donne pas le ton souhaité à la pièce. Il faut rappeler le rôle du chœur, qui chante l’intrigue, mené par le coryphée, le chef de chœur. Le chœur donne ainsi le rythme, et sans lui, la tragédie n’existe pas. Il faut relire La naissance de la tragédie, de Friedrich Nietzsche, pour appréhender l’articulation des éléments du théâtre : l’opposition apparente entre Dionysos et Apollon, le jeu du libre arbitre, apparent lui également, et le rôle de la musique comme élément intercédant entre la nature humaine et la nature des dieux. Aussi, la traduction française est-elle bien pauvre qui traduit Die Geburt der Tragödie aus dem Geist der Musik  (« La naissance de la tragédie par l’esprit de la musique ») par le simpliste La naissance de la tragédie. On s’en contentera, l’esprit français étant souvent, malheureusement, très imperméable à la nuance et la complexité des choses, héritage d’un cartésianisme mal compris.


    En grec, tragédie se traduit par τραγωδία (tragodía), d’où dérive le terme τραγούδι (tragoúdi), qui signifie chanson, tout simplement. On voit ainsi que la chanson, résumée en quelques couplets soutenus par un refrain, n’est que le condensé, rapide, de toute la tension d’une histoire plus complexe où se déroule le destin de l’humanité.

Ainsi, pas de tragédie sans musique, lequel terme évoque également l’intervention des muses dont, sur le tard, Euterpe devient celle de la musique.

Regrettons, ainsi, que dans les représentations théâtrales soit oublié l’importance du chœur et de la musique. Néanmoins, cet extrait permet de comprendre comment Œdipe devient, à son insu, l’agent et l’instrument de la volonté des dieux.

L’analyse de Claude Lévi-Strauss, dans son Anthropologie structurale, rappelle quelques éléments indispensables pour saisir la complexité du mythe. D’abord sur les noms des protagonistes : si Œdipe signifie « pied enflé », son père Laïos est « le gauche, le maladroit », et le nom de son grand père Labdacos signifierait « boiteux ». En bref, des hommes dont la caractéristique est d’être inapte à marcher dans la vie. Quelle en est la raison ? Y aurait-il une gratuité à cela ? Il faut y voir, au contraire, comme pour Œdipe, la conséquence d’une série mise en ordre de ruptures d’interdictions, et une cascade de « rapports de parenté sous-estimés ou surestimés », ainsi que le dit Claude Lévi-Strauss, mettant dans l’impossibilité de s’inscrire dans le cadre normé des rapports de parenté. En fait, il s’agit là d’un cadre idéal dont la perception est d’éviter que la structure sociale ne se délite, destiné à mettre en garde contre les conséquences tragiques et posées avec l’implacabilité d’un déterminisme absolu – ici c’est évidemment dans la royauté, à valeur exemplaire, que les événements se déroulent.
 Enfin, il y a un lien évident entre la personne que le Sphinx représente et l’énigme qui taraude cette même nature humaine. Le Sphinx, dont la nature elle-même est ambivalente avec deux fois une double nature : animale – un lion vorace – et humaine – à la recherche de la spécificité de son humanité. Mâle pour le lion, femelle pour la nature humaine. À la recherche de son unité existentielle introuvable : toute créature n’est qu’une somme mal agencée d’éléments disparates, animalité, humanité, principes masculin et féminin, tout cela à la fois. Le jeu est difficile : c’est sans doute pour cela que le Sphinx, qui sait ce que c’est que la nature humaine puisqu’il en représente lui-même la caricature, ne peut supporter que cette vérité lui devienne explicite et se jette dans le vide.

Car, en effet, que lui dit Œdipe ? Que le propre de la nature humaine n’est pas d’être un avatar des dieux, et qu’en quelque sorte le dévouement de Prométhée, d’avoir donné le feu et la meilleure part du sacrifice aux hommes, ce dévouement est vain : l’homme est un être de nature totalement imparfaite, nécessitant l’apprentissage de la marche, jouant avec l’illusion que cette marche apprise avec tant de difficulté lui donne un pouvoir sur la vie, et, qu’en fin de compte, c’est courbée par le poids du temps que la nature humaine se vautre sur les artifices techniques lui permettant de n’être pas encore au contact de la terre, avant de retourner à sa véritable nature chthonienne. Il y a de quoi flinguer un Sphinx, en effet.
Quant à Œdipe, il y a lieu de s’interroger également sur sa propre nature : fruit d’un amour incertain, son père, Laïos, est maudit par Pélops pour avoir enlevé Chrysippe et fait de lui son amant contre son gré, à la suite de quoi, de honte, Chrysippe se suicide. Ce n’est pas l’homosexualité de Laïos, d’ailleurs, qui est en cause, car les dieux eux-mêmes ont de nombreux amants et cette notion n’a pas de sens dans l’esprit de la Grèce antique, mais la mort de Chrysippe que Pélops ne pardonne pas. Il faut ainsi davantage voir dans cette vengeance un prétexte permettant au mythe de révéler les distinctions de nature entre générations, entre animalité et humanité. L’absence de distinction entraîne le chaos : le père disparu, la mère devient alors l’épouse du fils dont les enfants sont ses propres frères et sœurs.
 
 ©Celeos


(à suivre)

Je pense à Raif Badawi

Condamné à 1000 coups de fouet pour plus de liberté en Arabie Saoudite
Pour plus d'informations : clic

Il faudra penser...

...à nettoyer les carreaux !

jeudi 29 janvier 2015

La marche d’Œdipe - 1



C’est réduire le mythe d’Œdipe à sa plus simple expression que de n’y voir qu’une relation difficile entre son père et lui visant à l’éliminer pour pouvoir filer le grand amour avec sa mère. Sigmund Freud, dans son approche lui permettant de comprendre la complexité des relations réglant les sexes et les générations, en donne, sans toutefois expliciter tous les ressorts, une approche qu’il définit comme un complexe. Claude Lévi-Strauss tente de déplier, à partir des signifiants linguistiques notamment, la manière dont le mythe joue une base de référence universelle pour les sociétés.
Dans les sources consacrées au mythe, il y a d’abord Sophocle, même si de nombreuses sources sont constitutives de ce même mythe : Œdipe roi reste l’histoire de référence dans laquelle apparaissent les protagonistes. Voici le mythe :

À Thèbes[1] règne le roi Laïos, époux de Jocaste. Leur fils vient de naître, dont le mythe ne donne pas le nom. Le devin, Tirésias, qui est aveugle[2]  donne un oracle : le fils qui est né est marqué par le destin, il tuera son père et épousera sa mère. Bien évidemment, cet oracle n’est pas acceptable. Il convient de rejeter l’enfant, et selon la pratique, de l’exposer, c'est-à-dire de le laisser mourir, abandonné à son sort. Pour cela un serviteur l’a emmené au loin de Thèbes, aux environs de Corinthe, et lui ayant percé les pieds, passé une lanière dans ces mêmes pieds et attaché à un arbre, le sort doit faire en sorte qu’il meure de faim ou mangé par des bêtes sauvages.


Le destin intervient en effet, mais pas dans le sens imaginé par le roi Laïos : un berger trouve l’enfant, le recueille, le soigne, et le confie à son maître qui n’avait pas de fils. Là, un nom lui est donné : Œdipe, c'est-à-dire « Pied enflé », de la cicatrice qu’il conservera sa vie durant d’avoir eu les pieds percés. C’est également dire que son propre nom est la marque de son destin, puisque laissé volontairement à la mort, les Moires n’ont pas permis qu’il disparaisse.
Œdipe grandit ainsi à la cour du roi de Corinthe, Polybos, et de sa femme Péribœa sans problème jusqu’à l’âge d’homme. Là, un jour, au cours d’une dispute avec un autre Corinthien, celui-ci pour l’insulter lui révèle qu’il est sans père, qu’il est un enfant trouvé. Œdipe interroge alors Polybos, et celui-ci, sur l’insistance d’Œdipe, lui avoue la vérité. Œdipe décide de partir à Delphes interroger la Pythie. Celle-ci lui révèle ce que Tirésias avait déjà annoncé à la naissance d’Œdipe, qu’il tuerait son père et épouserait sa mère. Œdipe s’enfuit, épouvanté, imaginant qu’il s’agit de son père et de sa mère adoptifs, qu’il pense être ses vrais parents.
Désorienté, Œdipe poursuit sa route qui le mène au carrefour de Mégas, où se retrouvent la route qui monte à Delphes, celle venant de Daulis et celle de Thèbes. Là, le chemin est enserré entre des rochers ne laissant le passage qu’à un seul convoi. Un autre char veut passer, annoncé par le héraut Polyphontès, qui devance Laïos. Trouvant que le convoi d’Œdipe ne se pousse pas assez rapidement, Polyphontès tue l’un des chevaux d’Œdipe. En colère, Œdipe tire alors son épée et tue successivement Polyphontès et Laïos, sans toutefois connaître leur identité.
Jean-Auguste-Dominique Ingres - Œdipe explique l'énigme au Sphinx - 1827
Poursuivant son chemin, Œdipe arrive aux alentours de Thèbes. Il est arrêté par le Sphinx, au corps pour moitié de lion, et de femme pour l’autre moitié. Le Sphinx a pour habitude de dévorer les passants qui se présentent par hasard à ses yeux, et les interroge d’abord par des énigmes reposant sur l’interprétation d’allégories. Parmi celles-ci, le Sphinx demande : « Ce sont deux sœurs qui s’engendrent l’une et l’autre, successivement. Qui sont-elles ? » Si le passant ne peut répondre, le Sphinx se précipite sur lui et le dévore. C’est ce qui arrive notamment à Hæmon, fils de Créon, frère de Jocaste, qui n’a su deviner que le Sphinx évoquait le jour et la nuit (ημέρα και νύχτα, qui sont toutes deux au féminin en grec).
 
Quand Œdipe se trouve devant le Sphinx, celui-ci l’arrête et lui demande : « Quel est l’animal qui marche parfois à quatre pattes, parfois sur deux pattes, parfois sur trois, et qui est le plus vulnérable quand il est sur quatre pattes ? » Œdipe répond alors sans hésiter : « C’est l’homme, qui se meut sur ses genoux et sur ses mains pendant son enfance, marche de manière assurée arrivé à l’âge adulte, et recourt aux services d’un bâton pour soutenir sa marche arrivé dans ses vieux jours. » D’entendre la bonne réponse, le Sphinx se précipite dans le vide depuis son rocher.
La nouvelle de la mort du Sphinx du fait d’Œdipe étant parvenue à Thèbes, et pour le remercier d’avoir vengé son fils, Créon, régent depuis la mort de Laïos, propose à Œdipe la royauté de Thèbes, et pour cela, d’épouser la reine Jocaste.
Les années passant, Œdipe et Jocaste ont eu quatre enfants, Antigone et Ismène leurs filles, Etéocle et Polynice, leurs fils. Le destin doit continuer son accomplissement pour Œdipe : la peste survient à Thèbes, et comme toujours, si un événement de cette ampleur intervient, c’est en punition d’une faute dont il faut trouver l’auteur jusqu’à l’apaisement de la colère des dieux.
On envoie alors à Delphes un émissaire consulter la Pythie. Celle-ci répond que la peste ne cessera que si la mort de Laïos est vengée. Le roi Œdipe prononce alors une malédiction sur l’auteur du crime contre Laïos, et interroge le vieux Tirésias pour connaître l’assassin. Or Tirésias ne peut répondre, bien que connaissant toute la vérité. Il tergiverse, et Œdipe imagine que c’est son beau-frère, Créon, qui, à l’aide de Tirésias est l’auteur du crime. Œdipe et Créon commencent à se quereller, et Jocaste tente d’apaiser la colère qui mène Œdipe et Créon. Tirésias rappelle l’oracle qu’il avait prononcé autrefois ; mais Jocaste lui rétorque qu’il n’est pas le devin qu’il prétend être puisque sa prédiction ne s’est pas réalisée, et que Laïos n’a pas été tué par son fils, mais par un inconnu au carrefour de Mégas.

Fernand Khnopff,  Le Sphinx - 1896

À ces mots, Œdipe est pris d’un doute : il se fait décrire Laïos, et le char qui le transportait sur la route de Delphes. Il fait venir d’un lointain village le serviteur qui accompagnait Laïos, et qui avait été témoin du meurtre. C’est ce même serviteur qui avait éloigné l’enfant de Laïos et de Jocaste pour qu’il soit exposé.
Or un messager arrive de Corinthe pour annoncer la mort de Polybos, et demander le retour d’Œdipe à Corinthe pour régner à la place du roi défunt. Œdipe est empli de doute. S’il est marqué par le destin et l’oracle qui avait annoncé son accomplissement, ne risque-t-il pas l’inceste avec Péribœa ? Mais Polybos est mort de vieillesse, et l’oracle s’est donc trompé. Mais le messager le rassure : Œdipe est bien un enfant trouvé, et Péribœa n’est pas la mère d’Œdipe.
Dès lors la vérité doit éclater : c’est bien Œdipe qui a tué Laïos à Mégas, qui a ainsi tué son père et commis un inceste avec sa mère. Jocaste est suffoquée ; elle ne peut en supporter davantage, court dans son palais et se jette par une fenêtre. De douleur, Œdipe se crève les yeux avec une broche de Jocaste, et, soumis à la malédiction qu’il a lui-même prononcée contre l’auteur du meurtre de Laïos, s’enfuit, errant sur les routes, accompagné de la seule Antigone, sa fille. Ses deux fils l’ont rejeté, contre lesquels Œdipe prononce une dernière malédiction.

 
Jean Cocteau et Jean Marais, Le testament d'Orphée - 1959
Les dieux ont fait savoir qu’ayant expié sa faute, la ville qui accueillerait la sépulture d’Œdipe serait un lieu béni. Aussi, Créon et Polynice tentent de faire revenir Œdipe à Thèbes ; mais après son voyage et ses souffrances au long de la route, et accueilli avec compassion par Thésée, Œdipe demeure à Colonne, en Attique, où il termine ses jours soutenu par Antigone, et plein d’amertume contre les dieux.
Telle est l’histoire d’Œdipe, ainsi qu’on me l’a racontée, à moi Celeos. Mais Homère et Sophocle en savaient davantage ; aussi me tais-je maintenant.

© Celeos

Bénigne Gagneraux, Jeune homme lisant Homère - ca fin XVIIIe


[1] Θήβα, en Béotie, au nord-ouest d’Athènes.
[2] En effet, celui qui ne voit pas avec les yeux peut avoir cette capacité de connaître avec son esprit, et ainsi, à voir au-delà de ce que pourraient le faire des yeux physiques.

Et des vagues de dunes pour arrêter les vagues...


mercredi 28 janvier 2015

Joe Keane - Born this way/Né ainsi

Joseph Keane 


     C’est sur Gay Cultes que j’ai découvert ce garçon, voici quelques mois déjà, dans une prestation époustouflante, chantant "Perky little porn star" (clic) ! En plus d’avoir un corps magnifique, Joseph Keane possède une superbe voix, magnifiquement travaillée, et on découvre en lui un vrai professionnel du spectacle tel que l’Amérique des arts sait en produire. N’empêche, il fallait du culot pour participer entièrement nu à ce spectacle de Broadway où il chante l’histoire d’un porno star gay et évidemment juif de surcroît, dont la maman n’apprécie pas le job (notamment le blow job !).


     Le voici à nouveau dans une chorégraphie sur la chanson de Lady Gaga (si on m'avait dit que je passerais une chanson de Lady Gaga dans Véhèmes ! Mais, sachez-le, mon goût pour l'éclectisme ne recule devant aucun sacrifice). En tout cas je réitère ce que j'écrivais sur Joe Keane : si quelqu'un possède son 06, son adresse, son numéro de loge, etc. je suis prêt à devenir l'ombre de son ombre (de Joseph Keane, soyons sérieux !), l'ombre de sa main, l'ombre de son chien, et plus encore si affinités...



Belle fleur du plein jour...

Photographie de Herbert List 

mardi 27 janvier 2015

Maurice Ravel - Kaddish


Le kaddish est la prière pour les morts de la religion juive. Il s'agit ici du Kaddish composé en 1914 par Maurice Ravel, bien avant que le kaddish aujourd'hui résonne d'une émotion encore plus forte qui intègre tous ceux, quelle que soit leur religion, quel que soit leur athéisme, quelle que soit la raison pour laquelle la barbarie a mis en place un processus effroyable d'extermination, qui sont morts dans les camps de concentration dans les conditions atroces que l'on sait.

Il paraît qu'on fait aujourd'hui des selfies devant les camps, qu'on en fait des étapes pour des enterrements de vie de garçon, ou autres imbécillités. Notre XXIe siècle est décidément bien étrange...

La voix d'Azi Schwartz est absolument magnifique. Elle rappelle celle, plus mûre, mais d'une impeccable maîtrise, d'Adolphe Attia, chantre de la Grande Synagogue de Paris.


Le canon d'Aphrodite

     Demis Roussos vient de disparaître. Est-ce le choc de l'annonce de la victoire de Syriza ? Bouleversement de joie préféré-je, car Demis Roussos vivant à Athènes, je n'imagine pas un instant qu'il ait pu voir jour après jour se dégrader son pays, la vie des Grecs, la misère visible dans les rues, l'environnement détruit... sans en ressentir une véritable souffrance.

     Nos aînés écoutaient "Rain and tears", sorti en 1968, dont les paroles sont largement oubliables. La musique de L'Enfant d'Aphrodite, Aphrodite's child, nom traduit en anglais selon la mode d'alors pour bénéficier d'une écoute internationale, fut arrangée depuis le "Canon" de Johann Pachelbel. Nombre de chansons de variétés adoptèrent de la même manière le principe d'une adaptation de la ligne mélodique de pièces classiques à des arrangements plus contemporains. Il y eut le pire comme le meilleur. Entre "Rain and tears" et le "Canon", le choix est vite fait !


lundi 26 janvier 2015

Beaux pêcheurs

Les événements politiques ne doivent pas nous faire oublier l'esthétique du corps masculin, et puisque la Grèce est à l'honneur, voici la "fresque du pêcheur" retrouvée à Akrotiri, sur l'île de Santorin/Θήρα.



 



Gian Paolo Barbieri nous a offert quelques photographies de même teneur, prises à Madagscar dans les années 1990.















 

Teach me to dance !

Dance !


dimanche 25 janvier 2015

Vivent les Grecs !

     Quelle joie ! La position de Syriza, en tête de tous les autres partis, donne un signe majeur non seulement à la Grèce, mais à toute l'Europe. Elle dit que c'en est fini de ce pseudo bipartisme entre PASOK et la famille Papandréou d'un côté, Nea Demokratia et la famille Caramanlis de l'autre liés les uns et les autres aux intérêts financiers, principalement américains.

     C'est un signe également pour l'Espagne avec Podemos qui doit se mettre sur les rangs et dire que l'Espagne doit retrouver le sens du progrès économique, social et sociétal, renvoyer les vieux démons du refus du droit à l'avortement à l'époque franquiste, trouver peut-être une solution propre aux pays méditerranéens mis à sac par les politiques nord-européennes. L'imagination économique, culturelle doit se mettre au travail pour trouver de nouvelles voies.

     Oui, les Grecs sont des gens magnifiques, qui donnent depuis le fond de leur situation épouvantable un immense signe d'espoir. Pour autant, rien n'est gagné, et le conservatisme allemand mettra tout en œuvre pour empêcher Alexis Tsipras de mener à bien une politique de progrès. Faisons confiance, et essayons d'imaginer ce que les Grecs pourraient nous inspirer : la montée épouvantable du Front national dans les esprits affaiblis en France est un véritable danger. Il faut s'inspirer de ces modèles qui, sans jamais faiblir, ont su maintenir haut l'idée de la démocratie et du progrès. 

Manólis Glézos par TeacherDude


     Manólis Glézos, qui a eu 92 ans en septembre dernier, décrocha en 1941 le drapeau nazi du Parthénon où les troupes d'occupation l'avaient dressé. Sa vie est un combat permanent pour la démocratie, quand il fut arrêté, torturé par des Grecs collaborateurs. Il continua sa vie durant la résistance aux forces obscures qui ont hélas de tous temps opprimé la Grèce.

     Le 11 janvier dernier, il était à Paris, à la marche de solidarité pour Charlie Hebdo. Un signe majeur a été donné aujourd'hui : oui, il est possible d'annuler les dettes indignes.

Manolis Glézos via Twitter/Olivier Drot/Stéf Burlot




















     Et Georges Papandréou et son PASOK défaillant, Antonis Samaras et Nea Democratia peuvent, définitivement, mettre les voiles !

 
     Dernier détail, qui n'en est pas tout à fait un : la situation sociétale en Grèce, qui doit, elle également, évoluer. La lisibilité du monde gay, en Grèce, comme en Italie, n'est pas encore totalement gagnée, loin de là. Quelques candidats LGBT, (selon Gay Word Gay Greece, voir ma liste de blogs), se sont présentés en tant que tels aux élections de ce jour : il faudra rester attentifs à l'évolution de la situation. Si Syriza s'est déclaré ouvertement  favorable au mariage pour tous, le parti communiste KKE (prononcer Kokouè) et Nea Demokratia y sont opposés, le PASOK ne s'étant pas prononcé. 

      A suivre, donc.

Αγωνιζομαι

Voici la bande-annonce du prochain film de Yannis Youlountas, Je lutte donc je suis



Σήμερα είναι μια ελληνική ημέρα

Aujourd'hui est une journée grecque !

Depuis plus de cinq ans, l'austérité décidée par le FMI et ceux que l'on nomme la "troïka" provoquent des dégâts insupportables pour la société grecque. L'a-t-elle mérité ? Non : les responsables sont les prévaricateurs, ceux qui en complices de la banque Goldman Sachs ont détourné les finances publiques, l'institution européenne elle-même, pervertie par les lobbies financiers qui a détruit l'économie grecque déjà fragile en anéantissant l'agriculture, en favorisant la concentration urbaine sur les métropoles : Athènes a cru, avec les travaux réalisés pour les Jeux olympiques de 2004, que le départ vers une normalisation des infrastructures était permis, oubliant que le financement n'était pas acquis, comme ce fut le cas en Espagne qui crut, avec la "bulle" immobilière que l'économie redémarrait avec une activité importante du bâtiment. De manière inconséquente, l'Europe a joué un rôle extrêmement négatif qui a déstabilisé ces économies. L'agriculture espagnole s'en sort mieux, entrée dans l'Europe en 1986, aux dépens des agriculteurs du Midi de la France avec une concurrence quasiment déloyale. Cette entrée de l'Espagne et du Portugal en Europe devait être compensée, pour le Midi de la France, l'Italie et la Grèce par les "Programmes intégrés méditerranéens", permettant de conforter des mesures nouvelles pour des économies de "substitution" : cette nouvelle concurrence agricole ayant pour effet la disparition de nombreuses exploitations dans les pays cités. Substitution signifiant augmentation significative du tourisme dans des régions pour lesquelles le tourisme constitue davantage une précarisation économique qu'un enrichissement, les investissements étant portés par les capitaux de grosses sociétés et non par un investissement local, les populations locales ne disposant pas de ces mêmes capitaux.



Le résultat est catastrophique : le Midi de la France est en voie de grande paupérisation (dans une ville comme Montpellier, qui s'est voulue, du temps de l'empereur Frêche, "Montpellier la surdouée", la bétonisation de la ville, son accroissement démographique non maîtrisé, son économie à la ramasse,  ont engendré un taux de paupérisation de 31 % de la population), l'Espagne est dans l'état que l'on sait, l'Italie ne vaut guère mieux, et la Grèce est exsangue. Il faut rappeler que les économistes technocrates anglo-saxons osaient dénommer l'ensemble des pays méditerranéens les "Pigs", c'est-à-dire évidemment "les cochons", acronyme de Portugal-Italy-Greece-Spain. C'est peu dire que l'Europe géographique est un continent à, au moins, deux vitesses. Les beaux esprits "libéraux" rappelant que l'Europe du Nord avait su se garder d'une dérive économique ! Il faut rappeler également que ce "maintien" économique des pays anglo-saxons ne fut permis qu'au prix, en Grande-Bretagne, de l'énorme casse sociale organisée par le conservatisme britannique de Margaret Thatcher, appuyée par la puissance financière internationale, et qu'en Allemagne, le même conservatisme a également paupérisé l'ensemble de la société allemande. Les autres pays européens ne s'en sortent guère mieux, et si les pays d'Europe de l'Est, nouveaux venus dans cette même Europe, tirent à peu près leurs épingles du jeu, c'est au prix de salaires extraordinairement bas, et du maintien d'une agriculture vivrière.

Dans une rue de Plaka, Athènes © Celeos 2010


Bref, et pardon d'être aussi long, l'ensemble de la copie doit être revu. Les Grecs, nos frères européens, ont aujourd'hui les moyens d'exprimer l'arrêt de ce système en refusant l'austérité. Alexis Tsipras, représentant le Syriza offre cette option. Les esprits chagrins opposent l'idée que la Grèce n'a pas les moyens de financer les propositions de Syriza. Elle n'a pas non plus les moyens de financer la destruction sociale de ce pays, l'austérité empêchant de dégager les marges autorisant les remboursements de la dette organisée par les financiers (au même rythme de remboursement, la Grèce ne pourrait jamais rembourser cette dette, largement supérieure au PIB de la Grèce). Un oubli de l'Europe : l'Allemagne n'a jamais payé la dette de guerre due à la Grèce à l'issue de la Seconde Guerre mondiale. La solution est dans l'annulation pure et simple de cette dette, dans la mutualisation des moyens donnés par l'application d'une péréquation proportionnelle à la démographie des pays : la Grèce ne compte que 11 millions d'habitants !

Dans une rue de Plaka, Athènes © Celeos 2010


Je crois que nous sommes nombreux aujourd'hui à rester attentifs aux élections qui peuvent peut-être donner un nouvel élan à toute l'Europe.

Cher José

     José Artur s'en est allé à son tour.

     Je le  trouvais homme d'une immense classe, reconnaissable à son écharpe blanche. Il incarnait le Pop Club, émission où excellait son goût raffiné pour tous les arts, à commencer par le théâtre, dans lequel il  commença, jusqu'aux arts visuels auxquels se rattachaient ses amitiés. Le théâtre restait celui de ses premières amours et le Pop Club était une des rares émissions dans laquelle des comédiens venaient interpréter des extraits de leurs pièces.

     Il défendait le théâtre de Jean Genet lorsque celui-ci faisait l'objet de critiques encore perfides ; il avait soutenu les infirmières en grève, voici quelques années lorsque celles-ci furent arrosées par la police de lances à eau. Faut-il ajouter qu'il était l'ami des dessinateurs de Charlie Hebdo, peut-être un peu moins de Philippe Val, qui, à mon avis, et bien qu'ayant relancé Charlie Hebdo à une époque où celui-ci s'était interrompu, lui a redonné une attitude que je considère contestable. J'y reviendrai dans un autre billet.

     José, vous étiez un bel esprit, de ceux que j'aime, et qui, avec ironie et impertinence, saviez jouer de votre charme. Vous avez longtemps accompagné mes soirées avec le Pop Club. Je vous en remercie.

José Artur dans Le père tranquille de René Clément - 1946
     L'autonécrologie de José Artur : clic


Générique de l'émission par Serge Gainsbourg et Jane Birkin


vendredi 23 janvier 2015

Mashrou’Leila

" Avec un chanteur ouvertement gay, ce groupe libanais de Rock Alternatif a pris naissance courant 2008 lors d’une rencontre dans un bar de Beyrouth  entre quelques étudiants  de l’université Américaine de Beyrouth. Il s’agissait d’initier une sorte de thérapie au stress de leurs études d’architecture et lié au climat sociopolitique qui règne  dans le pays.
Le nom du groupe a deux connotations : il peut être retranscrit de deux manières différentes en arabe, le titre originel fut «مشروع ليلة » littéralement « le projet d’une nuit » cette nuit là où le groupe fut créé, puis devint « مشروع ليلى » « Le projet de Leïla », une métaphore renvoyant à la société libanaise où le dit prénom est largement répondu.
Le groupe comprend deux guitaristes, un bassiste, un violoniste, un batteur, et une pianiste. Hamed Sinno, le chanteur, est le seul auteur des textes. "

via http://gay-marrakech.blog4ever.com/mashrou-leila








mercredi 21 janvier 2015

Mangerons nous la pomme ?

(J'avais préparé ce billet il y a quelques jours, je dois vraiment télépather avec un certain blogueur !...)

Alan Turing (1912-1954), à Sark en 1931
Ah ! la pomme,  pomme d'amour qui suit le destin de nos sociétés depuis qu'on la confond avec la figue. Pomme d'Avalon, l'île celtique des pommiers, qui nourrit l'imaginaire du monde occidental. N'est-ce pas un président de la République française qui en avait fait le symbole de sa campagne, au demeurant réussie en 1995 ? Ai-je besoin de rappeler ce qui relie Alan Turing à une pomme ?

Le premier film que je vis au cinéma est le suivant. De bien beaux souvenirs (quelques terreurs nocturnes !) pour l'enfant très jeune que j'étais !
Retenons la leçon : l'antidote est un baiser d'amour !

David McWilliams - Days Of Pearly Spencer

La chanson fut publiée en 1967, grande époque des pattes sur les joues, des vestes indiennes, des pat'def et de tout le folklore qui accompagna la pop revolution dont la Grande Bretagne fut le temple incontesté. On cherche vainement à Soho aujourd'hui les traces de cette grande période qui fit rêver nos aînés...




A tenement, a dirty street

Walked and worn by shoeless feet

Inside it’s long and so complete

Watched by a shivering sun

Old eyes in a small child’s face

Watching as the shadows race

Through walls and cracks and leave no trace

And daylight’s brightness shuns



The days of Pearly Spencer

The race is almost run



Nose pressed hard on frosted glass

Gazing as the swollen mass

On concrete fields where grows no grass

Stumbles blindly on

Iron trees smother the air

But withering they stand and stare

Through eyes that neither know nor care

Where the grass is gone



The days of Pearly Spencer

The race is almost run



Pearly where’s your milk white skin

What’s that stubble on your chin

It’s buried in the rot gut gin

You played and lost not won

You played a house that can’t be beat

Now look your head’s bowed in defeat

You walked too far along the street

Where only rats can run



The days of Pearly Spencer

The race is almost run

The days of Pearly Spencer

The race is almost run

The race is almost run



A tenement, a dirty street

Remember worn and shoeless feet

Remember how you stood to beat

The way your life had gone

So Pearly don’t you shed more tears

For those best forgotten years

Those tenements are memories

Of where you’ve risen from



The days of Pearly Spencer

The race is almost won

mardi 20 janvier 2015

Un souvenir d'enfance

     Ces jours-ci je pense à mes amis musulmans, pris en tenaille par cette horrible histoire. 

      Passant dans la rue j'entends une dame qui parle depuis sa fenêtre avec une autre dame en contrebas : "On est tous les mêmes. On est tous les mêmes ! C'est le Coran qui le dit !"
      Marchant, je n'entends pas la suite ; je me souviens de mon enfance. Mes premiers amis habitaient dans la cour, en bas. Sur les façades, les escargots laissaient les bandes argentées de leur passage. Contre le mur, les adultes accrochaient leurs vélos par la roue avant, et nous nous amusions à mettre en mouvement la roue arrière, émerveillés par le cliquetis que faisait le moyeu en tournant.
     Mes amis s'appelaient Abdelkrim et Kamel. Je les ai perdus de vue avant que je sois en capacité de m'interroger sur la beauté de leurs fesses ou eux des miennes.

     Un jour, arrivant dans la cour, je m'extasiai sur le jeu auquel ils étaient occupés : ils faisaient sauter, depuis la paume de leur main, de petits objets argentés. L'un de ces objets était de couleur rouge. 

      - Qu'est-ce c'est ?, demandai-je, intrigué.
      - Tu ne sais pas ce que c'est ? Ce sont des osselets ! Tu ne connais pas ça ? 

      Eh, non ! Je ne connaissais pas ce jeu. Pour le coup, c'était à leur tour d'être étonnés par ma découverte.

     Kamel entra dans la maison. Il parla à sa maman, puis partit en courant. Il revint quelques minutes plus tard, arrivant de chez le buraliste et me donna un petit sachet en plastique, contenant des osselets en aluminium dont l'un était rouge écarlate.

     - C'est pour toi ! me dit-il, tu apprendras à jouer.
     Je ne sais pas si j'étais plus étonné par les osselets ou par la gentillesse qui s'exprimait là.

     Madame B. vous étiez la beauté du monde. Parfois je vous entendais appeler Kamel qui aimait vadrouiller dans la rue d'à côté : "Kamel, Kamel ! Arrouah, arrouah !"

     Les années passant, nous nous sommes perdus de vue. J'ai vainement essayé d'apprendre, souvent seul, à jouer aux osselets. Il fallait les lancer depuis la paume, et les rattraper sur le dessus de la main. J'y étais très maladroit, et les osselets, en retombant, frappaient douloureusement les articulations des phalanges. J'y ai vite renoncé.

     Quand je repense à vous, Abdelkrim et Kamel, je repense toujours aux osselets. Je ne sais ce que vous êtes devenus, mais votre maman est pour moi toujours dans cette beauté du monde où je l'entends t'appeler, Kamel !

REUTERS/Louafi Larbi

dimanche 18 janvier 2015

De retour/ I'm back

     La semaine fut éprouvante pour beaucoup d'entre nous. Je n'ai pas échappé à la règle. Je ne sais pas si l'attentat contre Charlie-Hebdo fut le 11 septembre de la France, mais il est évident que cet événement historique a secoué beaucoup de choses sur lesquelles je reviendrai. 

Georges Méliès Le voyage dans la lune - 1902


     Ce qui me semble sûr, c'est que la pensée en France ne s'est pas honorée d'avoir gagné en profondeur ni en subtilité. Je ne suis pas sûr que les rassemblements de masse soient une preuve des meilleurs sentiments qui soient. Que l'on se rassemble pour dire sa peine, son chagrin contre la barbarie, la bêtise, que l'on se serre un peu plus fort pour dire la solidarité que l'on a envie de voir s'exercer dans notre pays, dans tous les espaces où peut s'établir la fraternité, oui, mille fois.

     Mais j'ai la grande crainte que, inconsciemment, ces rassemblements se saisissent d'une autre signification, bien plus redoutable. Encore une fois j'y reviendrai.

      A mes lecteurs et lectrices qui m'ont signifié leur regret d'une suspension, même temporaire, de Véhèmes, je souhaite dire que ma semaine fut très difficile. Émotionnellement, je pense avoir surmonté ces journées. Charlie-Hebdo a accompagné mes lectures il y a quelques années. Je n'approuvais pas toujours ; j'étais toutefois heureux que le journal existe. Je ne l'achetais pas toujours. Il exprimait le vieux fond anarchiste qui parfois permettait, comme le Gavroche de Victor Hugo, de tenir tête à des pouvoirs imbéciles ; il avait parfois des gratuités de point de vue hors de la nuance nécessaire à l'expression d'une pensée plus généreuse. Qu'importe ! Cette manière de vivre ensemble, propre à nos démocraties, même si on a la capacité de les contester, témoignait que tout allait encore dans le moins pire des mondes. J'en suis moins sûr maintenant.

     Véhèmes reprend ses billets, sans la régularité que j'y avais mise précédemment. Notre monde est fragile ; un blog peut l'être tout autant. Mes lecteurs et lectrices me pardonneront de ne plus être aussi assidu. J'ai toutefois, je le disais en commentaires, beaucoup à partager de ma curiosité pour les choses, pour les êtres, et notamment de ceux qui font de la générosité et de leur goût pour la beauté leur raison de vivre. Je ne m'éloignerai pas de cette ligne "éditoriale", même si je propose davantage de points de vue critiques.

     C'est donc une "saison deux" pour Véhèmes, un peu différente, plus aléatoire dans les publications. Je suis encore un peu là.

Les états d'âmes de Celeos