Je préfère le dissensus dur au caramel mou

Je préfère le dissensus dur au caramel mou
Medusa – Il Caravaggio

Parfois on aimerait, face à la violence du monde, qu’un garçon vous prenne dans ses bras et murmure : « Ça ira, je suis là, on connaîtra des jours meilleurs… »

jeudi 5 février 2015

Salò ou les 120 journées de Sodome

Coïncidence ! qui n'en est pas tout à fait une puisque 2015 sera l'année des quarante ans de la mort de Pier Paolo Pasolini. Abel Ferrara a publié son film Pasolini voici quelques semaines, et peut-être faut-il tout ce temps, ces quatre décennies, pour prendre la mesure de l'importance de son œuvre.

Fabrice Drouelle, sur France Inter, a consacré cet après-midi, son émission au dernier film de Pier Paolo : Salò ou les 120 journées de Sodome.

Plus que jamais il me semble que son œuvre, à la fois intemporelle et ancrée dans une réalité sociale globalisée, trouve une résonance particulière dans notre monde contemporain où l'éclat de la chosification des corps (Michel Foucault, dans Surveiller et punir parlait de "L'éclat des supplices" ; il ne citait pas Sade alors !) nous claque dans la figure tous les jours.


Pier Paolo Pasolini  - Salò ou les 120 jours de Sodome - 1975


Émission à écouter d'urgence si vous n'étiez pas devant la radio. Cliquez sur le titre :

Affaires sensibles (pour la présentation de l'émission)

ou sur le nom des intervenants pour une écoute directe :

Fabrice Drouelle et Hervé Joubert-Laurencin

4 commentaires:

joseph a dit…

Lors de la projection à laquelle j'assistai , le nombre de spectateurs a décru pour qu'il ne demeure qu'une poignée à la fin de la séance! Personnellement, j'ai cru à la grandeur de l'âme humaine quand le dégoût m'a pris lors des dernières souffrances et la mort infligées! Et pourtant le film se termine sur une touche d'espoir sur une danse et de la musique.. les arts seraient ils compréhensibles à tous pour peu qu'on y consacre un peu d'attention?

Celeos a dit…

Même chose en ce qui me concerne : j'avais vu le film dans une salle d'art et d'essai, et la salle se vida progressivement d'un bon tiers. J'avoue mon malaise d'alors envers Pier Paolo alors qu'il me semblait qu'une complaisance pouvait transparaître : il m'a fallu un peu de temps pour "digérer" les scènes les plus dures. Je reprendrai dans un prochain billet quelques éléments dont la difficulté des textes de Sade. Un récent débat là-dessus a eu lieu sur LCP qui était fort intéressant. Quant à l'espoir, il faut sans doute le construire.

Silvano a dit…

Je partage votre expérience : j'étais venu voir cet ofni (objet filmique non identifié) : dans la salle, ce fut "Exodus" ! Bien que pasolinien, force m'est de reconnaitre que j'ai beaucoup de mal avec cette œuvre : si, au cinéma, je suis resté jusqu'à la fin, j'ai eu quelques difficultés à soutenir certaines séquences. J'ai fait des tentatives de relecture, depuis, mais n'ai pu le revoir entièrement.

Celeos a dit…

J'ai eu plusieurs fois l'occasion d'acheter le DVD, pour essayer de dépasser ce seul visionnage que j'avais reçu comme une grande violence. Je n'ai pas pu m'y résoudre. Je reste persuadé que les choix esthétiques de PPP dans ce film ont quelque chose, au-delà de la provocation évidente, de profondément autodestructeur dans le choix d'un poète d'être passé à l'image et d'en avoir exploré les ultimes possibilités. L'émission de France Inter a présenté deux archives sonores essentielles : la réaction de François Chalais, vieux cacique de la critique cinématographique, tête de pioche permanente d'un cinéma auquel il n'a jamais rien compris, et le talentueux et regretté Jean-Louis Bory qui essaie de sauver le soldat Pasolini. Qui ne le demandait pas. J'y reviendrai sans doute.