Je préfère le dissensus dur au caramel mou

Je préfère le dissensus dur au caramel mou
Medusa – Il Caravaggio

Parfois on aimerait, face à la violence du monde, qu’un garçon vous prenne dans ses bras et murmure : « Ça ira, je suis là, on connaîtra des jours meilleurs… »

dimanche 29 mars 2015

Un giorno per noi/Un temps pour nous

     N'en déplaise à certains vilains esprits, l'année 1968 vit paraître d'incroyables instants de pure poésie : tel fut le film de Franco Zefirelli, Romeo e Giulietta, servi par les magnifiques Olivia Hussey et Leonard Whiting dans les rôles-titres, accompagnés par la musique de Nino Rota Un giorno per noi.

     Le film remporta deux Oscars, l'un pour la photographie de Pasqualino De Santis, l'autre pour les costumes de Danilo Donati, qui fut l'un des très grands costumiers des réalisateurs italiens. C'est Danilo Donati qui réalisa les costumes pour l'Oedipe-roi de Pier Paolo Pasolini que j'ai évoqué dans Véhèmes voici quelque temps (ici).

     Les deux extraits ici présentés permettent d'apprécier la qualité du travail de cette magnifique réalisation, la musique de Nino Rota, que je ne vous ferai pas l'affront de présenter, et les sublimes Olivia Hussey et Leonard Whiting dont la beauté me laisse sans voix...









8 commentaires:

Silvano a dit…

J'ai publié de nombreuses photos du beau Leonard ; amusant que vous fassiez un billet sur ce film que j'ai acheté tout récemment... et ne gagne à être revu que pour ses jeunes interprètes. On garde un souvenir charmant de la première vision - quand on était encore des jouvenceaux. Et puis, on s'aperçoit, dussé-je vous contrarier un tantinet, que, malgré les costumes et les décors (somptueux), c'est très mal filmé, mal monté, sans imagination. Restent le texte (d'un bon auteur)et la musique. Après Leonard, il y eut Leonardo : ce n'est déjà pas si mal. Il faudra revoir cette version, d'ailleurs, car le Zeffirelli (qui rêva d'être Visconti, mais ne fut jamais que son ombre)permet de revoir un jugement sans doute trop sévère sur le film de Luhrman.

Celeos a dit…

J'avais vu le film il y a déjà quelques années, et sans doute comme vous le dites avant même d'être jouvenceau ! J'en avais gardé un excellent souvenir, porté par de très beaux acteurs, mais j'étais alors bien incapable d'en faire une critique formelle. Je ne l'ai pas revu, et vous crois sur parole quant à la construction qui est sans doute très conventionnelle. Le principal n'est-il pas que Zefirelli renvoie à Shakespeare ? Quant au filmage, sans doute faut-il également contextualiser sa facture, car nombre de chefs d’œuvre restent difficiles à voir, et se révèlent parfois mal filmés : Pasolini, lui-même n'est pas exempt de critiques de cet ordre, voire même l'immense Fellini. Je maintiens ce que je disais, l'ensemble reste un moment de fraîcheur poétique, décors, costumes, musique... Mais les plus beaux monuments se craquèlent sous les affronts du temps...

joseph a dit…

pour être franc, si je porte au pinacle la version avec Leonardo di Caprio , elle le doit plus à l'actualisation du thème avec des relents de l'excellent West Side Story que de la maitrise technique! pour ce qui est du Zeffirelli, j'en garde un très bon souvenir par la superbe adéquation des images et de la musique , ainsi que le respect du texte et de la dramaturgie ! cette année là ou presque il y eut également une belle version filmée de 'la mégère apprivoisée' avec le couple Burton Taylor le premier se révélant truculent à souhait! Shakespeare au cinéma, quel beau sujet pour de multiples postages (car il y a eu des Hamlet,Macbeth, Marchand de Venise, Henri III, Songe d'une nuit d'été , avec quelques beaux moments de bravoure)Mais si je peux me permettre, le ballet sur la musique de Prokofiev , quel choc par la puissance évocatrice des corps humains !

Silvano a dit…

Vous n'avez pas tort, Celeos. Revu récemment, le film "Les contes de Canterbury" de Pasolini est cinématographiquement bâclé. Je garde une tendresse pour ce Roméo et Juliette, croyez-le bien.

Celeos a dit…

@Joseph : je suis un cinéphile malheureux qui manque de temps pour voir les films et malheureusement, le Midi n'est pas très bien distribué, hormis l'excellent Diagonal de Montpellier. Je n'ai donc pas encore vu Leonardo (eh oui !) mais vais me rattraper dès que possible. En fait, je crois que Shakespeare sublimerait même un mauvais film, et il y en a.
@Silvano : oui, j'avais compris que je n'étais pas seul à rêver en particulier sur Leonard Whiting. Enfin, celui de 1968 !

joseph a dit…

ne soyez pas malheureux , vos évocations permettent à vos lecteurs soit de découvrir souvent de belles choses, soit se remémorer des moments vécus , et quand comme moi on a eu 20 ans en 1968, il y en a des souvenirs!

The Narrow Corner a dit…

Souvenirs cuisants de ce Roméo et Juliette, visionné pour la première fois dans un contexte familial.

Adolescent honteux vivant au fond d'un placard, j'avais les joues cramoisies, le front en feu et la gorge nouée après la fameuse scène de l'aurore (it's the lark, dear, not the nightingale) et l'interminable travelling caressant les courbes idéales de Leonard Whiting, mouvement de caméra ourdi par Zeffirelli et responsable par la suite, je n'en doute pas, de bien des sueurs juvéniles.

Les scènes de damoiseaux en collants auraient dû me mettre la puce à l'oreille, mais rien ne m'avait préparé à l'irruption explosive et dénudée de l'objet de tous mes tourments au beau milieu du salon de mes parents, et en leur présence. Coup d’œil embarrassé à droite, coup d’œil emprunté à gauche. Avait-on remarqué mon trouble ?...

Malgré toutes les critiques que l'on peut légitimement formuler à l'encontre du film, cette adaptation a le mérite de dépoussiérer non l'oeuvre mais sa traditionnelle mise en scène. Pour Shakespeare, il s'agit d'une histoire d'amour entre deux adolescents (je crois même me souvenir que l'auteur précise quelque part - ma mémoire se dérobe - l'âge exact de ses deux héros), mais pour diverses raisons, cette indication scénique essentielle (l’adolescence et son cortège de pulsions et de passions : "What is a youth? Impetuous fire/What is a maid? Ice and desire") n'a été que rarement respectée à travers les âges, et l'on a surtout vu sur scène, puis plus tard à l'écran, s'égosiller des "jouvenceaux" de quarante ans engoncés dans leurs collants et se pâmer des "damoiselles" sur le retour, aux allures de Walkyries empâtées. Il est arrivé que le rôle de Roméo soit tenu par une femme.

Enfin, j'aime l'ambiguïté des paroles du thème 'A Time for Us' :

A time for us, some day there'll be
When chains are torn by courage born of a love that's free
A time when dreams so long denied can flourish
As we unveil the love we now must hide


Actuel, non ?

Celeos a dit…

@Another country : :)