Je préfère le dissensus dur au caramel mou

Je préfère le dissensus dur au caramel mou
Medusa – Il Caravaggio

Parfois on aimerait, face à la violence du monde, qu’un garçon vous prenne dans ses bras et murmure : « Ça ira, je suis là, on connaîtra des jours meilleurs… »

vendredi 22 mai 2015

Cannes

Combien de fois suis-je passé à Cannes, rêvant, traînant parfois près du Palais du Festival. On y croisait quelques visages connus ; on était étonné par la débauche de démonstrations communicatives. On lisait Le Film français, on décortiquait les critiques de Gérard Lefort et de Serge Daney. On mangeait sur le pouce les plats du jour de bistrots disparus aujourd'hui. D'autres les ont remplacés. On dormait chez les amis, dans l'inconfort de canapés défoncés, dans les vieilles maisons du vieux Cannes.

Cannes et le Palais du Festival depuis le Suquet

Et quand, lassé de trop de foule, j'avais besoin de respirer, je grimpais au Suquet, d'où le grouillement humain n'était plus qu'une vaine agitation au loin. Au Suquet, le printemps s'était déjà installé. Je rêvais du Pêcheur, vieil homme aux doigts calleux dont j'espérais croiser les pas. J'entendais un murmure d'oiseau qui chantait les amours oubliées de garçons égarés.




Cannes - Le port et le Suquet




« Au bord de ma casquette un brin de noisetier
De travers accroché l'oreille me chatouille.
Dans votre cou j'écoute un oiseau qui bafouille.
Et dorment mes chevaux debout dans le sentier. »

(Jean Genet - Le pêcheur du Suquet)

4 commentaires:

Anonyme a dit…

Je suis née d'un pays du nord et j'y demeure.
Vous savez, ces régions aux chemins de charbon.
Souvent, il nous faut chercher la lumière dans un camaïeu de gris, entrouvant des rideaux de brumes et quand nous la trouvons nous sommes "au paradis".
Je pense souvent, cependant, qu'il doit être beaucoup plus facile et léger de vivre dans des pays de soleil.
Marie

Celeos a dit…

" Il me semble que la misère serait moins pénible au soleil..."
Peut-être. Je ne sais pas comment on négocie sa vie en fonction de la lumière et du soleil. Van Gogh en fut bouleversé : l'illusion du réel transfiguré par la lumière peut devenir insupportable, et appeler des ciels plus faciles, plus humains.
Dans les pays du Sud, traditionnellement, on se protège de l'excès de soleil qui peut être sans pitié pour l'esprit.

Anonyme a dit…

J'ai trouvé, dans l'univers virtuel un r éperdu, à la recherche de son ami "entrouvrir"...en votre absence et en silence, je les réunis.
Marie

Celeos a dit…

@Ma'ie : Vous l'avez 'et'ouvé ! C'est inc'oyable !