Je préfère le dissensus dur au caramel mou

Je préfère le dissensus dur au caramel mou
Medusa – Il Caravaggio

Parfois on aimerait, face à la violence du monde, qu’un garçon vous prenne dans ses bras et murmure : « Ça ira, je suis là, on connaîtra des jours meilleurs… »

jeudi 17 septembre 2015

Fabio Pante - Le mie nazioni

Passage à Turin, il y a quelques semaines. Via Po, marchant en direction du Museo del Cinema, un poème de Fabio Pante est affiché. Je ne vous ferai pas l'affront de vous le traduire : je sais mes lectrices/lecteurs avisés et capables de chercher sur la toile une traduction décente.


Hélas, lorsque j'y suis moi-même passé, des mains imbéciles avaient largement complété la mutilation de l'affiche. L'Italie est-elle mieux lotie que la France en matière d'attitudes rétrogrades ? Je ne sais pas. Mon impression est que l'art de vivre italien permet de cacher un peu les comportements d'intolérance. Et l’État italien, toujours tenté par la répression de groupes spontanéistes, n'hésite pas à réprimer sans relâche les personnes qui osent s'élever contre les décisions injustes, contre les projets fous (notamment le fameux projet de ligne grande vitesse dans la vallée de Susa) ainsi que le soutien aux réfugiés.


Le poème de Fabio Pante n'était plus que réduit à une désolante affiche privée du sens premier de son affichage. Elle devenait toutefois le symbole de cette parole qui, depuis toujours, peine à conquérir l'espace public pour exprimer que la vision de l'ordre, ordre qui se prétend toujours nouveau, n'est que la caricature d'une société fondamentalement séparée entre dominés et dominants.

Belle ironie de l'actualité : dans ces jours-là, un parrain maffieux, Vittorio Casamonica, eut de somptueuses funérailles, avec un lâcher de pétales de roses au-dessus du cortège et du cercueil, contrevenant aux rites catholiques encore très présents à Rome, évidemment. Les télévisions italiennes passèrent en boucle l'information et les images, affirmant qu'elles étaient choquées de cette monstration ostentatoire et de défiance envers les autorités italiennes. Mais il est difficile de mettre un mort en examen. Les autres maffieux sont aux affaires, notamment dans le financement de la ligne du train à grande vitesse.


2 commentaires:

Silvano a dit…

" Mon impression est que l'art de vivre italien permet de cacher un peu les comportements d'intolérance." Hélas, Celeos, je crains que nous ayons la même impression. L'Italie du Nord est durablement gangrenée par des idées que le terme "populistes" désigne à la façon d'un faux-nez (un terme pratique pour les journalistes qui "balisent").
Las, à Naples-la-sudiste, j'ai assisté à une scène très violente opposant des locaux à une jeune femme "d'ailleurs", en présence de son bambin terrorisé. On attend encore les "carabinieri" sollicités...

Celeos a dit…

Oui, on assiste partout à une montée de l'intolérance et les paroles de bon sens ne suffisent plus.