Je préfère le dissensus dur au caramel mou

Je préfère le dissensus dur au caramel mou
Medusa – Il Caravaggio

Parfois on aimerait, face à la violence du monde, qu’un garçon vous prenne dans ses bras et murmure : « Ça ira, je suis là, on connaîtra des jours meilleurs… »

samedi 31 octobre 2015

Dubitatif


Ninetto Davoli intervista Pier Paolo Pasolini

Quelques pensées vers l’Italie ces jours-ci. 

Ninetto et Pier Paolo, dans une interview qui démarre de manière un peu  arrangée, et se poursuit dans la spontanéité qui caractérisait le jeune Ninetto, avec le souci de Pier Paolo d'expliquer l'intention de son cinéma.





vendredi 30 octobre 2015

Je suis en Grèce

Me voici en Grèce à Athènes, où je n'avais pas mis les pieds depuis quelques années. Il me sera plus difficile de publier des billets; néanmoins je vais tâcher de rendre compte de mes impressions dans ces lieux où sévit la crise, doublement, celle d'une économie terrassée par les idéologies néo-libérales, et celle des réfugiés qui affluent dans leur espoir de l'Europe.

J'ai programmé quelques billets qui ne concernent pas forcément la Grèce. Je donnerai ici, quand je le pourrai, quelques vues, mais les images ne sont pas toujours faciles à insérer depuis certains lieux...

Le Lycabète au loin vu depuis Plaka -  Photo Celeos

jeudi 29 octobre 2015

Jeunesse



Youth - La Giovinezza  - Paolo Sorrentino (2015)

Suis-je obsédé par le temps qui passe ? Sans doute. Et peut-être aurais-je l'envie que les émotions de bonheur que l'on éprouve à un instant précis soient à tout jamais figées, pour pouvoir les apprécier sans fin.

Sauf que cela ne se passe pas ainsi. D'abord parce que la conscience de ces instants uniques n'émerge que bien après, comme une sorte de révélation décalée, et j'en conserve une espèce d'amertume, comme si je n'en avais pas su ou pas pu en apprécier toutes les minutes. Je sais alors que j'ai été heureux, furtivement, dans les complicités avec les êtres, les choses. C’est ainsi que naît la nostalgie, avec ce sentiment de déchirement, de tous les possibles que par maladresse, timidité, incompréhension, j'ai, en fin de compte, soigneusement évités.

Moi qui rate souvent de bons, de beaux films, faute de trouver dans ce Midi mal foutu des lieux dignes du cinéma, je suis allé voir deux fois le film de Paolo Sorrentino, Youth, dont Michaël Caine, Harvey Keitel et Rachel Weisz sont les principaux acteurs.



Je ne sais pourquoi, dans cette France clivée, quelques personnes se sont abstenues de s’intéresser au film au prétexte que, malgré un titre paradoxal, le film parlait de gens âgés. Quelle erreur ! D’abord parce qu’on est vieux à peine est-on né, rattrapé par le vieux monde devant lequel on peut s’échiner à courir, et ensuite parce que l’une des leçons du film est, justement, une interrogation sur la jeunesse passée, que l'on redécouvre à chaque instant à travers les déformations de la perception, celle de soi, celle des autres : comment voit-on les autres dans le vieillissement, que reste-t-il de celui ou de celle que l'on a été ?

Pour son quatre-vingt dixième anniversaire, Claude Lévi-Strauss, dont la mémoire était étonnante, évoquait sa vie comme une sorte d'hologramme : il était encore tout ce qu'il avait été, se rappelant chaque instant de sa vie dans une mise en perspective devenue compressée comme les œuvres de César, et en même temps il n'était plus en mesure d'être celui qu'il avait été, dans l'impossibilité de mettre en adéquation son corps d'alors avec ce que sa mémoire lui prodiguait de souvenirs, de sensations...

Le film de Paolo Sorrentino s'appuie sur une esthétique de l'image imparable, faite d'une pureté des lignes, des couleurs, des formes dans un parfait design. C'est l'écrin dans lequel évolue la galerie des personnages dont Fred Ballinger, interprété par Michaël Caine, est le point d'ancrage. Autour de lui évoluent sa fille, son ami cinéaste et un ensemble de gens auxquels on ne devrait, à priori, accorder aucun intérêt particulier : entre le pathétique, le superficiel, l’incohérent, toute la galerie pèche par cet espèce de narcissisme décalé : ne plus être en mesure de s’accepter comme dans l’incapacité d’être encore ce que l’on a été.




La touche de Sorrentino, outre ce que l’on prend dans la figure de retour au réel — dont la scène étonnante entre une Brenda Morel (Jane Fonda, étonnante) cynique au point d’en détruire sa légende, et un Mick Boyle (Harvey Keitel) encore bercé d’illusions — est de juxtaposer une esthétique inattaquable et la mesquinerie du contingent qui rattrape toutes et tous. Or dans cette dévastation apparente, le ressort, la résilience dirait-on aujourd’hui, c’est d’être encore capable de rebondir dès lors que l’on accepte ses faiblesses, l’abandon de sa pleine puissance, gloire fanée qu’un narcissisme excessif avait laissé croire fini : fini de jouir de la musique, de la beauté, de l’amour que l’on pensait inaltérable.

Quelques scènes sont du plus bel effet, peut-être trop démonstratives toutefois : le clone de Maradonna, sur lequel la caméra s’appesantit en donnant de son ventre l’idée même du ballon, devenu hypertrophié, avec lequel il a acquis ses lettres de noblesse, devient contre toute attente une ballerine sur le court de tennis, jouant avec une simple balle ; la miss Univers rive son clou à Jimmy Tree (Paul Dano), lui montrant qu’on peut prendre un plaisir simple à aimer sa propre beauté sans déroger aux contraintes de l’esprit ; un lama se met en lévitation, bien que l’esprit rationaliste en refuse l’idée même, la laissant aux croyances ordinaires.


L’esprit, le souci de la beauté finissent par s’imposer dans la relation spontanée entre le compositeur qui fait découvrir à l’enfant violoniste quelques pistes pour mieux jouer. Elles s’intègrent dans sa pratique de l’instrument et dans la découverte d’une pièce de musique massacrée par l’enfant, laissant envisager tous les progrès qu’il peut accomplir.

La juxtaposition du visage de l’épouse de Bellinger, Mélanie (Sonia Gessner) cloîtrée dans son silence et dans sa chambre de Venise avec celui de la soprano Sumi Jo dans son propre rôle n’était pas nécessaire : le cheminement de l’acceptation de ce qui n’est plus, de ce qui est encore un peu, finit par s’instiller tranquillement dans les yeux du spectateur. On en ressort troublé, sans doute apaisé par l’aveu d’humilité qui achève le film, donnant à chacun la mesure du temps.

La critique qu’en a faite Clémentine Gallot dans Libération à sa présentation à Cannes est féroce : le décor est « sentimentalo – rococo », Paolo Sorrentino est un « indécrottable cabotin ». « Les décrochages frénétiques, tableaux pompiers sur des corps difformes et fardés et le finale au vacarme tonitruant de cet hommage ringard et racorni confirment qu’il y a quelque chose de pourri dans ce cinéma de papi, sinistre radotage gériatrique et chant du cygne frappé de sénilité précoce. » 



Ouf ! je crois que je n’ai pas vu le même film, moi qui ai généralement la dent dure pour les navets insupportables que le cinéma français nous assène. Je crains que cette jeune critique n’ait qu’une connaissance limitée du cinéma italien que l’on retrouve ici dans sa splendeur.

Et que je conseille vivement, n’ayant pas vu passer le temps les deux fois où je suis allé le voir !

mercredi 28 octobre 2015

Né de la terre



Marc Favreau - Sol

Un peu de rangement ces jours-ci. Une vieille cassette traîne, avec d'autres, sur un coin de mon bureau. C'est Sol, le personnage incarné par l'immense Marc Favreau, un incroyable joueur avec les mots, avec une espèce de génie singulier pour frapper là où c'est douloureux parfois. Il parlait du fier monde, entre autres, avec le côté à la fois naïf et incisif de son personnage. Au delà de l'intention humoristique, sa préoccupation, comme beaucoup de gens sensibles à la marche du monde, était de s'interroger sur l'absurdité de ce que nous vivons et de s'étonner de la manière dont les situations se perpétuent dans cet éternel chaos. En cela, il était beaucoup plus proche de Samuel Beckett que de tout ce fatras humoristique qu'on nous impose aujourd'hui, tous ces insupportables stand up, avec l'injonction de rire à tout moment de ce qui reste pitoyable.

Marc Favreau était Québécois. De ces francophones toujours en danger - un peu moins aujourd'hui - de la manière dont ils vivent leur culture, on a toujours énormément à découvrir. 

Je ne sais plus en quelle année Marc Favreau avait fait le bonheur du festival d'Avignon, à l'époque où le festival était encore une initiative d'envergure intellectuelle et n'était pas tombé dans ce grand marché du spectacle du théâtre.

Le grand poète qu'était Marc Favreau nous a quittés il y a dix ans, le 17 décembre 2005. Regrets.





dimanche 25 octobre 2015

Géographie lunaire

Après la mer de la Sérénité, nous visiterons le cirque Hipparque.

 « Oui, messieurs, dans une bonne demi-heure, si tout va bien, notre fusée se posera sur le sol de la Lune, à l’endroit que j’ai choisi : le cirque Hipparque…
[…]
» Hergé



Vivaldi/Biondi, Europa Galante - Extravagance

Antonio Vivaldi et Fabio Bondi dans les séances d'enregistrement de La Stravaganza.
Fabio Bondi est ici un tantinet bavard : è Parmigiano!
 
Une heure de plus à roupiller aujourd'hui. Quel bonheur ! Et bon dimanche, aux châtaignes, mais le temps est un peu sec pour les champignons...

vendredi 23 octobre 2015

Anne, mon frère Anne*...


* Eh oui, Anne peut être aussi un prénom masculin : Anne de Joyeuse fut l'un des favoris du roi Henri III, celui qui avait son arrêt au page de bon matin...

Ici, dans le titre, je fais également un petit clin d’œil à la chanson de Louis Chedid (ça va mieux en le disant !).

Erri de Luca relaxé


Quelle joie ! On ne peut qu'être satisfait du jugement rendu pour Erri de Luca. Il risquait huit mois de prison ferme dans le différend qui l'oppose à la société de construction du projet de ligne grande vitesse prévue dans la vallée de Susa. Vive l'Italie qui garde la tête froide dans ce jugement. Mais si Erri de Luca a bénéficié d'un large soutien international, tel n'a pas été le cas de militants libertaires dont les murs de Turin se faisaient l'écho, via Po, cet été, de la répression qui s’abat sur eux.

  Parlant de soutien international, j'ai été stupéfait, ce lundi matin dernier d'entendre la voix d'Erik Orsenna, chez l'excellent Augustin Trapenard, émettre des réserves quant à la liberté d'expression, et en particulier concernant Erri de Luca : il arguait que nous vivons dans des « sociétés d'extrême démocratie » (sic !) et que les décisions sont prises après de larges consultations d'élus, nécessitant beaucoup de temps pour que les projets émergent. Et dès lors, il faut limiter la liberté d'expression pour que la démocratie ne soit pas remise en cause.


Excuse-moi du peu, mon neveu ! Ton principe démocratique à la con, il amène Hitler au pouvoir en 1933, et il a amené Ménard à Béziers avec 36 % des voix des 33% des suffrages exprimés, ce qui diminue encore la proportion de la population totale qui n'en peut plus, et ne s'exprime plus, tant c'est pareil dans l'insupportable au quotidien.


 Pour comprendre comment de telles inepties peuvent être proférées sur les ondes publiques, il faut se rappeler que derrière l'écrivain bonne pâte, sympathique avec sa bonne bouille d'épagneul, il y a eu celui qui écrivait les discours de Mitterrand. Jusque là rien à redire, si ça a permis à l'homme à la francisque de mieux parler le français que Sarkozy ou Hollande. Mais Orsenna, nom de plume, est également de cette élite méprisante au service des lobbies et autres grands groupes financiers et du béton réunis qui appartiennent à cette frange de coteries élitistes, allez, disons-le, ceux qu’Emmanuel Todd appelle les catholiques zombies ; non qu’ils soient religieux, mais ils sont intellectuellement les héritiers de ceux qui se satisfont de la différenciation sociale et de l’inégalitarisme institutionnalisé.

 Rappelons-nous une phrase de l’insupportable Charasse, l’Auvergnat aux bretelles ministre de Mitterrand : « Que voulez-vous qu’on fasse pour eux ? — les RMIstes — ils ne votent pas pour nous ! »  Et cette attitude a conduit ceux qui se sentent exclus de la politique néolibérale à voter pour la frange extrême de la démagogie.



Autre particularité d’Erik Orsenna : quand on est dans une catégorie culturelle, on s’attend à ce qu’une certaine solidarité s’opère : un écrivain, dans la mesure où il s’oppose généralement au pouvoir en place, reste solidaire des autres écrivains qui défendent la liberté de pensée ; rappelons-nous également Salman Rushdie avec Les versets sataniques que personne n’a vraiment lu tant on aurait aimé qu’ils fussent vraiment sataniques ; encore plus loin  dans le passé, le bien réac Soljenitsyne — Une journée d’Ivan Denissovitch — qui ne m’a jamais passionné comme écrivain, etc. et très récemment la Biélorusse Svetlana Aleksievitch, prix Nobel de littérature pour cette année 2015, censurée dans son pays pour avoir raconté que la guerre est moche.



Donc, on s’attendrait que Erik Orsenna apporte un soutien franc et solide à Erri de Luca. Au moins au nom des événements du 7 janvier à Charlie Hebdo. Eh bien non : le soutien à Erri de Luca d’Erik Orsenna n’est pas acquis. Et puis d’abord, Erri de Luca, il a été d’extrême gauche, à Lotta continua, et ça pour un pseudo socialiste reconverti au Conseil d’Etat, c’est impardonnable.


 Il y a deux types d’écrivains : ceux qui écrivent avec leurs tripes, toute leur sensibilité, parce que tout ça est plus fort qu’eux, parce que les claques qu’ils ont reçues sont sublimées en mots, et redeviennent des émotions qu’on ne peut maîtriser ; et puis il y a les premiers de la classe, ceux qui ont toujours su briller pour faire plaisir à papa et maman, ceux dont les rédactions étaient des modèles que le maître lisait à la classe entière pour montrer l’exemple que constitue l’élite.  Ceux-là ont suivi le cursus honorum des  grands serviteurs de l’État et ont choisi un camp qui n’est pas le mien, qui n’est pas celui des écrivains dont je citais les noms il y a quelques jours.



Quoi d’étonnant si on les retrouve à l’Académie française, les d’Ormesson, les Finkielkraut, les Giscard d’Estaing et autres Xavier Darcos, dont on cherche vainement ce qu’ils ont pu apporter à la littérature ? D’autres sont moins contestables dans leur statut d’écrivain : on achète, paraît-il, leurs livres, mais leur écriture ne bouleversera jamais personne. C’est le cas d’Erik Orsenna. Pour autant il y a eu des gens très honorables à l’Académie française : Claude Lévi-Strauss, Marguerite Yourcenar. Et après ? ils n’y avaient pas leur place, trop marginaux pour cette maison de guignols enbicornés et dont le sabre rajoute encore au folklore suranné.



Quant à Erik Orsenna, qu’il reste à l’Académie française, c’est tout ce qu’il mérite, dans cette institution  dont le pitoyable le dispute au ridicule. La France a toujours envié l’Égypte : elle fabrique ses propres momies.

jeudi 22 octobre 2015

Main basse



Ελλάδα πουλάω!

Celeos est vulgaire. La preuve :


Hollande est arrivé en Grèce pour la grande braderie :

à vendre, un trou du cul, un pot de vaseline !

Photo Philippe Wojazer. AFP
Dans quelques jours un billet d'humeur, en retour des élections récentes en Grèce.

Il Romanino


À Pisogne, située près du Lac d’Iseo, se trouve l’église Santa Maria delle Neve, sur la route   qui déjà du temps de Charlemagne, traçait les relations du commerce dans les Alpes. Cette église a conservé quelques traces du Moyen-âge, mais surtout la décoration intérieure due au Romanino (Girolamo Romanino, dit le Romanino), peintre majeur de la Renaissance, qui a passionné Pier Paolo Pasolini dans son approche réaliste de la vie du Christ. 

Peintes en 1533-1534 les fresques s’étendent sur l’ensemble des parois de l’église, et l’intérêt du travail du Romanino est de se rattacher d’une part à la tradition imagière médiévale qui donne à voir plutôt qu’à lire une histoire religieuse prétexte au lien social de la communauté de Pisogne, et d’autre part d’en faire une lecture totale, de grande dimension sur l’ensemble des murs. Il s’agit donc d’un travail important pour le peintre, financé vraisemblablement par les mécènes localement et qui permet de donner aux personnages une taille identique aux fidèles eux-mêmes, se sentant, dès lors, immergés dans l’histoire sainte.

 

 Comment ne pas imaginer que le Romanino s'est inspiré de la vie réelle 
pour incarner Gabriel et Marie dans l'Annonciation ?

Dans un débat tenu en 1965 à Brescia, un an après la sortie dans les cinémas en Italie du Vangelo, PP Pasolini évoque la manière du Romanino en compagnie de quelques peintres.

L'entrée dans Jérusalem au temps des Rameaux

Il resterait à vérifier le rôle qu’ont pu jouer les fresques du Romanino dans l’inspiration du projet du Vangelo secondo Matteo, de manière consciente ou non. Dans ce débat, PP Pasolini indique qu’il connaissait mal le travail du Romanino. Qui peut dire en fait la manière dont les images s’insèrent, parfois de manière rapide et violente, dans les esprits, pour y faire germer de nouvelles images et développer des scénarios dont on devient à la fois l’auteur et son propre spectateur ? En tout cas, PPP sait lire chez le Romanino l’angoisse du peintre devant le sujet qu’il traite, comme si cette angoisse prévalait à toute forme de convention stylistique.

Le lavement des pieds

La flagellation du Christ

Les italianistes auront le bonheur de lire ce débat à l’adresse suivante :





dimanche 18 octobre 2015

Saint Sébastien (suite 11)

Saint Sébastien, traité plusieurs fois par Pierre et Gilles, ici dans le contexte d'un port où l'ambiance nocturne est privilégiée, évoquant une érotique liée à cette marginalité particulière, et l'on pense évidemment à Querelle de Brest, notamment dans l'adaptation de Rainer Werner Fassbinder.

Pierre et Gilles Saint Sébastien

dimanche 11 octobre 2015

...et puis la rose


Véhèmes a un an




Un an ! Un an maintenant que j’ai commencé ce blog, sans vraiment savoir pourquoi ce besoin de passer de l’autre côté d’Internet m’est arrivé. Je reviens sur mes premières pages : il y avait le visage de ce garçon qui m’obsédait, Clément, dont j’ai perçu la fragilité dans son seul regard, et une immense détermination. Elle lui a permis de vaincre la maladie, de faire de son corps ce rempart contre la bêtise, la stupidité des gens haineux qui aujourd’hui gagnent du terrain dans ce pays désespérant qui ne tire aucune leçon de l’histoire. Et pourtant, malgré cette force, malgré cette détermination, Clément est tombé sous les coups d’un autre garçon pour qui la violence physique, la violence des idées sont restées les valeurs de références. Je n’ai pu m’empêcher d’imaginer son beau visage d’enfant éclaté sur le trottoir de Paris.

Clément Méric  - 1994-2013
Une étoile s’est allumée au ciel, qui ne consolera sans doute jamais ses parents ni les gens qui l’aimaient. Ainsi vont les jeux de la vie et de la mort.
Est-ce la seule raison qui m’a amené à ouvrir ce blog ? Non, sans doute. Le fait d’avoir inscrit ce blog dans la blogosphère gay lui permet de dire également que le fait d’aimer les garçons donne peut-être un autre regard sur le monde, sur les êtres et sur les choses.
J’ai ainsi essayé d’apporter mes émotions littéraires, musicales, cinématographiques, et artistiques de manière générale en pensant de manière privilégiée aux garçons, même si ce n’est en aucun cas une exclusive : je détesterais vivre dans un monde sans présence féminine qui serait sans doute aussi pauvre en émotions qu’en subtilité de l’esprit. Les excès de virilité ne m’ont jamais convenu.
Mais c'est ainsi : la nature (non génétique, mais celle produite par un contexte, social, culturel, historique), a fait que notre orientation amoureuse s'est davantage tournée vers ceux qui sont à notre image, dont nous savons que le corps est un reflet, pas toujours fidèle ni dans un sens ni dans l'autre, mais que ce corps nous renvoie des émotions et nous apporte, peut-être, l'énergie qui nous permet de trouver du sens à ce que nous sommes.

Je l’ai dit : aimer les garçons n'est pas mépriser l'autre sexe pour autant : c'est sans doute d'autant plus vrai que dans la distinction qu'opèrent les sociétés, toute normatives, en essayant de mettre une classification sur les comportements des femmes et des hommes, on oublie qu'il n'y a pas véritablement de différence de nature entre les unes et les autres : il y a du masculin chez les femmes, il y a du féminin chez les hommes, et c'est sans doute très bien ainsi dès lors qu'on l'accepte et que l'on n'essaie pas d'imposer une manière d'être à qui que ce soit. Si nos sociétés peuvent encore évoluer dans la tolérance, l'amour de la liberté, c'est dans le refus d'imposer quelque norme que ce soit. Pourquoi voudrait-on que l'autre, femme, homme, soit passé au moule d'un monde binaire ? Entre l'image stéréotypée d'une femme faite de douceur, de tendresse « maternelle » et autres billevesées, et celle tout aussi absurde d'un homme viril, faite de « mâle assurance », il y a toute la projection de siècles de bêtise au service de sociétés vivant de cauchemars d'embrigadements industriels, militaires, coloniaux, et produisant de bons petits soldats de plomb, de poupées de chiffon ou de céramique, des usines à chair à canon, des gueules cassées, des orphelins de tout espoir, des cannibales de la sérénité, des mécaniques à broyer les cerveaux.

Il reste ainsi à conquérir du terrain contre cet avilissement de la pensée qui consiste à séparer hommes et femmes, ces dernières considérées comme un sous-produit des premiers, vision archaïque qui prévaut dans toutes sociétés, malgré les déguisements de modernité auxquels elles s'essayent. Le modèle que l'Afrique, (c’est seulement un exemple, que j’aurais pu prendre dans d’autres régions du monde) celle des Dogons, qui fit rêver nombre d'Occidentaux en mal d'exotisme, est redoutable : comme l'être humain, au sortir de son enfance, apparaît encore « indéterminé », on le fait passer par la porte de la séparation des sexes. Aux mâles apparents, puisqu'ils sont porteurs d'un pénis et de testicules, on retire ce qui, sur ce pénis, ressemble à un attribut de l'autre sexe, le prépuce. On tranche ainsi ce qui ressemblerait à un réceptacle féminin (et ce sont les hommes qui le font pour agréger au groupe déjà déterminé par une opération antérieure ce que la nature elle-même n'a pas été en mesure de faire). Aux femmes apparentes, même si leur poitrine n'est pas encore formée (elles ont en tout cas une fente qui les rattache au groupe des femmes) on retranche (opération faite par des femmes, elles-mêmes excisées) le clitoris, qui ressemble très vaguement à un pénis.

Le sociologue Pierre Bourdieu rappelle très justement que ce genre de rite a, au delà d'une fonction de séparation entre les sexes, une fonction d'institution de la différence : il ne s'agit pas ainsi de parfaire ce que la nature aurait été incapable de produire, mais de rappeler tout le poids de l'institution et de la société sur le corps des enfants, et de les marquer ainsi d'un déterminisme non naturel mais véritablement social.
On me pardonnera de faire ce rappel un peu indigeste pour parler de la manière dont hommes et femmes devraient pouvoir disposer de leur corps et de leur vie. Cette barbarie, hautement culturelle, n'est pas l'apanage de seules sociétés africaines et je n'ai cité les Dogons que parce que cette société malienne aujourd'hui a suscité et suscite encore l'imaginaire de beaucoup de ceux qui croient encore à l'exotisme. L'autre face de l'exotisme s'appelle Daesh...
Je digresse un peu. Pas tout-à-fait. En ouvrant ce blog, qui n'est ni un journal, ni une tribune philosophique ou anthropologique, ni un catalogue de beaux garçons, ni un scrapbook poétique, contre ce qui nous arrive de ce monde de normes intolérantes, mutilantes, j'ai souhaité proposer quelques instants de mes humeurs sensibles — car nous sommes, beaucoup sur l'Intergaynet, des garçons « sensibles », sans doute, en mal de nous retrouver, d'échanger des émotions, un goût pour l’esthétique du corps qui nous paraît encore plus vive lorsqu'elle peut se lire sur celui des garçons.

Et parce que dans les blessures que nous avons tous, peu ou prou, reçues, le baume cicatrisant s'appelle beauté : celle des sens, des yeux, des oreilles, des parfums que nous avons appris à reconnaître, des saveurs qui ont formé notre langue ; parce que la bêtise et l'excès d'autorité restent encore ce qui est le mieux partagé de l'humanité, l'arme qui nous convient le mieux reste l'humour et un peu de notre capacité à nous échapper du sordide qui remplit parfois notre quotidien.

Le nom de Véhèmes est emprunté au poème de Jean Genet : on en comprend le sens sans lui donner une définition qui serait, là encore, trop limitative. Le bandeau d'accueil est une photo — dont on aura compris la symétrie — que j'ai faite à Athènes, dans une belle maison néoclassique. Si j’ai fait référence très souvent à la Grèce, si je suis amoureux de la Grèce comme d'un garçon et comme d'autres peuvent l'être d'une femme, c'est que dans cette partie de la Méditerranée se trouvent sans doute tous les mystères de nos rêveries occidentales, des miennes en tout cas. La Grèce est une terre de tragédies, de luttes, faite des nostalgies inextinguibles des familles en diaspora, des solitudes d'anachorètes perdus dans des montagnes qui tutoient le ciel.

L'Italie est une autre terre de rêveries, plus tangible, plus accessible, où mes premières émotions amoureuses ont éclos, dans les décors somptueux de Rome et de ses rues qui sont un théâtre permanent de rires, de colères, de séductions, où l'on perçoit sans fin des scènes de péplum dont on n'aurait jamais démonté les décors ; et l'on s'attend en permanence à y croiser quelque comédienne en pause d'un film de Fellini ou de Pasolini dont le souvenir hante toujours la ville éternelle.

Cette Méditerranée qui fut le premier carrefour de notre civilisation ne cesse de m'obséder comme espace à arpenter, territoire où rechercher les images, les couleurs, les formes qui furent la quête de tous les chevaucheurs de nuages qui, depuis toujours, se sont perdus dans leurs rêveries. J'essaie dans ce blog d'en proposer quelques fragments épars.

Je suis terriblement bavard dans ce billet, et ne veux pas lasser mes lecteurs : à un moment, où, terrassé par l'émotion des événements de début janvier et par quelques difficultés que je n'arrivais pas à surmonter, j'ai suspendu la publication des billets, des lecteurs et lectrices m'ont fait savoir avec une immense gentillesse que Véhèmes avait commencé à exister pour eux et qu'ils regrettaient la suspension du blog. J'ai, depuis, repris mes billets, dont, il faut bien l'avouer, la préparation nécessite souvent beaucoup de temps. Mais j'avoue aussi bien volontiers que je ne l’aurais pas fait si je n'y avais moi-même pris plaisir, cherchant çà et là, sur Internet ou dans mes propres photos quelque image à même de traduire l'amour que nous pouvons partager de cette beauté.

Je veux aussi remercier quelques personnes grâce à qui Véhèmes a pris du sens pour moi, au fur et à mesure de ces quelques mois : ils se reconnaîtront, amis blogueurs ou lecteurs assidus de Véhèmes, qui ont laissé des commentaires amicaux, facétieux, amusants, surréalistes, parfois polémiques, sans lesquels un blog aurait sans doute moins de saveur.
Et last, but not least, je voudrais également remercier ici Silvano, de Gaycultes : il m'a encouragé et apporté le soutien de son blog sans lequel Véhèmes n’aurait sans doute pas vu le jour. Peu à peu, grâce aux listes amies de mes collègues blogueurs, j'ai vu les pages des statistiques se remplir, et je conserve toujours un étonnement naïf de constater que Véhèmes est consulté sur l'ensemble - ou à peu près - de la planète. J'en conclus donc que les fesses des garçons restent le langage le plus universel !

Jean-Baptiste Camille Corot, Académie d'homme, ca 1830-1835

À ce jour, le blog comptabilise 80 000 et quelques pages qui ont été consultées. Je ne sais pas vraiment ce que cela signifie. Elles sont peut-être le signe d'une lisibilité de Véhèmes sur la toile : j'ose croire qu'il est possible d'y partager ainsi quelques instants d'émotions et d'amour des belles choses. Mais il est possible aussi qu’on y vienne chercher seulement des images pieuses à même de rassasier la faim des yeux. Je sais trop que depuis la nuit des temps l’humanité ne saurait vivre sans images. J’ai essayé de n’en jamais publier qui n’ait sa justification esthétique.

Pour autant, cet an II du blog connaîtra quelques modifications : j’ai repris une activité professionnelle depuis quelques semaines, très prenante et qui ne laisse que peu de temps pour préparer des billets à ma manière. Je serai donc plus avare de ces publications. Par ailleurs, je reste — peut-être un jour pourrai-je l’expliquer plus précisément — extrêmement sensible aux dégradations morales, éthiques, politiques que nous vivons dans cette époque décidément troublée. Je ne suis pas sûr que le lectorat de cette blogaysphère soit très réceptif à mes humeurs ; un ami blogueur m’a même fait remarquer que j’avais des positions « gauchistes ». Je ne sais si cet épithète est à même de qualifier mes opinions, même si je le ne reçois pas comme une insulte. Mais, oui ! j’ai des opinions qui sont critiques de ce monde, du comportement des élites, et ayant poursuivi ma pensée dans celles de Claude Lévi-Strauss, de Pierre Bourdieu, pour ce qui concerne l’anthropologie et la philosophie, de Jean Genet, Antonin Artaud, Franz Kafka, Tristan Corbière et quelques autres pour la littérature, sans jamais oublier le grand Arthur qui m’accompagne en pensée dans mes voyages, jamais je ne cèderai le pas aux assis, aux gauches couilles molles, aux pédés satisfaits du Front national — qui le font savoir, s’ils ne sont peut-être pas si nombreux qu’ils veulent le faire croire — et qui contribuent à ce que notre société apparaît vraiment très rance et d’une médiocrité sans nom. Au regard de l’histoire de la pensée, la France vit aujourd’hui une période lamentable.

Aussi je continue ce blog, tranquillement, sporadiquement, maintenant : je ne prétends pas, loin de là, apporter quelque bonne parole que ce soit. J’ai passé l’âge de croire aux lendemains qui chantent. Mais je suis de ceux qui pensent que refuser les indignités, les soumissions est un préalable à toute façon de penser, à toute parole publique. Résister à tout cela commence par la capacité un jour de dire non ! et ma critique s’adresse en premier lieu à ceux qui sont aux « affaires » au nom d’un idéal politique aujourd’hui oublié en vertu d’un réalisme financier indigne.

Aujourd’hui encore je pense à Clément. Il nous reste l’image de son beau visage.

Bon dimanche à mes lectrices/lecteurs ! Mes Cévennes sont pleines d’un beau soleil. Qu’il vous en ravisse l’esprit !
Celeos

samedi 10 octobre 2015

Zagreos aussi aime le kitsch



Messe pour le temps présent

Deux vidéos pour une œuvre, celle du talent conjugué de Maurice Béjart et de Pierre Henry.
Aujourd'hui, plus de cinquante ans après, on revisite l’œuvre et l'on redécouvre l'inventivité de ce musicien en matière d'acoustique, d'harmonie, de moyens de produire des sons en phase avec son temps.

Aujourd'hui, l'informatique, les samplers paraissent parfois bien pauvres...

Maurice Béjart a disparu, Pierre Henry est toujours actif, fort d'une œuvre riche et éclectique.

Régalez-vous !







jeudi 8 octobre 2015

Un autre Antinoüs


Leo Bruno | Photo by Olivier Yoan

Z

Z, 1969 : la musique de Mikis Theodorakis en écho du film de Kosta Gavras.
Au cas où on aurait besoin de se rappeler que les fascismes n'ont pas disparu et que ce qu'on appelle démocraties sont bien impuissantes à permettre l'expression d'une politique populaire, faite de justice, de lien social, et de la liberté de créer, de dénoncer les archaïsmes...


mercredi 7 octobre 2015

Réséda


Miguel Benasayag - Légitimité

Dans la France très rance qui est devenue la nôtre, il nous faut sans cesse remettre en cause les pseudo-vérités toutes faites qui servent de système de pensée. Critiquer, donc, au sens où il faut comprendre le sens des mots qui résument ce que nous avons du mal à comprendre, et que majoritairement certains réduisent pour établir des catégories qui n'en sont pas.
Miguel Benasayag, présenté ici il y a quelques jours parle  de légalité et de légitimité, du moment où le pouvoir devient tel qu'il faut se résoudre à entrer en résistance...

Sinon, dans l'actualité, un mec pas très canon, s'est paraît-il fait arracher la chemise. Au lieu de se féliciter que cet acte de désir sauvage se manifeste ainsi, il paraît que cela fait scandale, notamment dans un parti prétendument républicain (PPR). On oublie le sens des belles choses !
 
 

mardi 6 octobre 2015

Bonheur du sauna



Vogue le navire

E la nave va est un film de Federico Fellini sorti en 1983.

« Comme beaucoup de ses réalisations, Et vogue le navire parle profondément de cinéma, mais ici l'évocation se fait plus triste et nostalgique. Le film débute par un prologue mettant en scène l'embarquement des passagers ; avec comme seul son le bruit d'une pellicule tournant dans un projecteur, il est filmé en noir et blanc et sépia ainsi que sur une cadence d'images accélérée comme pour rappeler le cinéma des origines, en particulier le burlesque et son pantomime. C'est progressivement, alors que la caméra s'élève sur un immense escalier, que la couleur fait son apparition. L'une des dernières séquences du film montrera un jeune passager éploré se projetant une bobine mettant en scène la diva disparue, alors qu'il a les pieds dans l'eau pendant que le paquebot coule. Entre ces deux séquences, se déroule donc le film, un voyage étrange racontant la fin d'un monde avec ses personnages grotesques approchant le ridicule et enfermés dans leur art vieillissant et leurs coutumes surannées - les longues séquences, parfois artificiellement étirées, dans le restaurant sont l'occasion pour le réalisateur de nos offrir une galerie de portraits particulièrement savoureux. » 

La suite dans DVDclassik. C'est ici : clic



dimanche 4 octobre 2015

Pénombre



Haendel/Capuçon - Passacaille

Renaud et Gautier Capuçon : une passacaille de Haendel. Allez, on va faire un peu le cuistre : pour ceux qui ne l'auraient pas deviné, une passacaille est une chanson populaire, d'origine espagnole, passa calle, que l'on chante et joue dans les rues à l'occasion d'une fête. Encore une fois, (j'ai déjà dû le dire dans ce blog), la grande musique ne serait pas grand chose si elle ne s'inspirait de la musique populaire, et réciproquement ! Et ça nous donne des merveilles, régalez-vous, et

Bon dimanche !


vendredi 2 octobre 2015

La mort d'Adonis


Pierre et Gilles, La mort d'Adonis, 1999

Steve Reich - Proverb

 Proverb est une composition musicale de Steve Reich pour trois sopranos, deux ténors, deux vibraphones et deux orgues électriques. Il se réfère à un texte de Ludwig Wittgenstein.



jeudi 1 octobre 2015

La tentation de la perche

C'est ainsi que m'apparut un jour Bacchos, me disant qu'il avait vu l'usage de cet instrument non loin de son théâtre à Athènes. 
« C'est trop de la balle », lui dis-je. Intégrons cette image dans les frises du Parthénon, ça fera bisquer les Brits !


Un curieux rêve

C'est un rêve récurrent que je faisais autrefois : je passais dans une grande librairie, et parcourais toutes les salles, toutes bondées des livres les plus variés, à la recherche du seul livre digne d'être lu.
Quand je croyais l'avoir trouvé, et avant même d'avoir pu l'ouvrir, je me réveillais. Je n'en ai jamais su le titre. Depuis je continue à ouvrir des livres, quelle que soit leur langue. Quelques uns me semblent dignes de figurer dans la grande bibliothèque qui réunit les intelligences de l'esprit et celles du cœur. Je continue à chercher et, parfois, je tombe sur un livre qui m'interpelle ; je trouve là de magnifiques émotions. 

 
Quelquefois ce ne sont pas des livres qui attirent mon attention, mais les moments pleins de charme, de sincérité, d'émotion de mes amis blogueurs.  Je ne les cite pas : ils se reconnaîtront. À eux je dédie cet étrange moment d'une banlieue de Milan, moment qui aurait certainement plu à Pier Paolo Pasolini : au loin quelques immeubles, un champ, et je les vois jouer,  lui et quelques ragazzi, au football, ce sport que je déteste, dans la joie de leur virilités naissantes d'hommes en devenir, de leurs complicités, et du plaisir de « marquer ».


 
Là, dans un virage d'une route très étroite, sur un tas de déchets, quelques livres abandonnés racontent une histoire. Je ne la connais pas, mais sur l'un des livres se trouve une dédicace, qui n'a pas grande signification. Un marque page avec la figure si souriante du Padre Pio. Moi qui suis athée, je conserve une sympathie pour cet homme indissociable de l'Italie du XXe siècle, marqué comme François d'Assise par les stigmates, et qui eut, tout au long de sa vie, un sens aigu de l'humour et beaucoup d'ironie pour une hiérarchie catholique bien peu au fait de la misère du peuple italien. 

Les voies de l'humour sont impénétrables !