Je préfère le dissensus dur au caramel mou

Je préfère le dissensus dur au caramel mou
Medusa – Il Caravaggio

Parfois on aimerait, face à la violence du monde, qu’un garçon vous prenne dans ses bras et murmure : « Ça ira, je suis là, on connaîtra des jours meilleurs… »

mardi 29 décembre 2015

Firenze ancora

Luce prenatale al Ponte Vecchio
Pas de pâmoison, pas de syndrome stendhalien dans les déambulations à Florence. Seul persiste un immense plaisir, celui d'être confronté à tout angle de rue aux intentions d'harmonie, à l'humour des fontaines, à la grâce architecturale de la Renaissance revisitée parfois par le XIXe siècle. Le plaisir du marcheur reste de participer à l'espace des rues, de savoir qu'il n'est que l'un des centaines de milliers de touristes dont il ne se démarque pas de la pratique maniaque de photographier, même s'il s'agit de le faire avec discrétion, sans chercher forcément de typicité.

Entrer dans un magasin, essayer de marchander. Diable, cela ne se pratique plus depuis longtemps, comme si marchander était devenu une insulte dans un monde balisé par le souci permanent de réaliser les marges les plus importantes, par celui de la TVA et des autres taxes. On marchandait autrefois encore beaucoup en Grèce, comme je l'ai eu fait il y a quelques années à Montpellier lorsque les puces étaient encore aux Arceaux. Ça ne se fait plus vraiment aujourd'hui, où on est simplement d'accord ou pas avec le prix. On achète ou on n'achète pas, et le moment de discussion, de confrontation amicale avec le vendeur qui arrive à un compromis satisfaisant pour les deux parties a à peu près disparu. Cela n'enlève rien à la sympathie qui demeure chez la plupart des commerçants, plus disponibles en cette période de moindre affluence touristique. Et il faut de toute manière restreindre les achats, puisque, le train d'autrefois étant devenu plus difficile à prendre que l'avion, le poids des bagages doit rester raisonnable.


 A la Feltrinelli je repère le dernier livre de Carlo Lucarelli :




La recension en italien est ici : clic
Pour le quarantième anniversaire de la mort de Pier Paolo (je l'appelle par son prénom, comme tout le monde, dans cette espèce de fausse intimité qui reste de bon ton ; j'ai même lu sur la critique d'un site italien «Nous sommes tous des Pier Paolo Pasolini» Quelle blague ! Jusqu'où sommes «nous» prêts à sacrifier relations sociales, amours, et jusqu'à la vie pour rester dans la droiture de nos idées et de nos sentiments ? Je n'y suis pas en tout cas, et le pauvre PPP n'aura pas échappé aux phénomènes de mode et de marketing : si je ne peux que me satisfaire de la réédition en DVD du Vangelo, innombrables sont les livres qui parlent des derniers jours, qui refont mille fois l'enquête que la justice italienne n'a pas faite. Quarante ans après, je l'ai déjà dit au sujet du livre de Pierre Adrian, cela a-t-il encore du sens ? Mais il faut continuer à parler de PPP. En France les jeunes générations, qui, Star wars excepté ne connaissent rien au cinéma, n'ont souvent jamais entendu parler de lui. Notre période ne porte plus d'étendards flamboyants, immenses ou modestes – qui se souvient de Jean-Marc Le Bihan vociférant dans les rues ce qu'on ne peut pas dire dans les médias ni dans les blogs, encore moins quand ils sont inscrits dans la béatitude gay... Avant la fermeture de mon blog je présenterai ce type pour qui j'ai de l'affection).

Via dei Neri
Carlo Lucarelli, qui est par ailleurs auteur de romans policiers, s'exerce à mener lui aussi une enquête. Il a au moins l'humour réflexif de publier, en épigraphe de son livre une citation de Massimiliano Parente :

« In Italia, quando un cosiddetto intellettuale non sa scrivere, scrive un libro su Pasolini, meglio ancora sulla morte di Pasolini.» (in ilGiornale.it)
«En Italie quand un soi-disant intellectuel ne sait pas sur quoi écrire, il écrit un livre sur Pasolini, et mieux encore, sur la mort de Pasolini.»

Le livre en poche, acceptable dans le poids des valises, je parcours les rues encore, qui, comme à Rome, sont un bonheur de boutiques, de tags. Le temps me manque pour errer davantage autour du Mercato Centrale dont la poésie n'est pas moindre que celle du Ponte Vecchio ou de la Via dei Neri.


Veduta del Mercato Centrale, via Panicale




2 commentaires:

Silvano a dit…

J'espère que vous allé déjeuner dans la Trattoria de Sergio Gozzi, bien cachée derrière les étals de la Piazza San Lorenzo.
Sinon, il y a, dans la jeune génération, de vrais cinéphiles qui peuvent aimer à la fois PPP et Star Wars (le dernier est un beau spectacle, où je me suis laissé entraîner un peu à contrecœur, mais dont je suis ressorti... avec trente ans de moins).

Celeos a dit…

Demain quelques recommandations gustatives.
J'ai définitivement renoncé à Star wars le jour où j'ai essayé d'en regarder trois quarts d'heure un soir à l'hôtel. La zappette m'est tombée des doigts. Et je trouve les mythologies antiques infiniment plus bandantes ! Mais il est vrai que les sabres laser peuvent se substituer à d'autres corps à corps...