Je préfère le dissensus dur au caramel mou

Je préfère le dissensus dur au caramel mou
Medusa – Il Caravaggio

Parfois on aimerait, face à la violence du monde, qu’un garçon vous prenne dans ses bras et murmure : « Ça ira, je suis là, on connaîtra des jours meilleurs… »

dimanche 30 août 2015

Dernier jour



Chère Zouc

En ces temps de rentrée, scolaire ou autre, l'immense Zouc rappelle la fin des congés et le retour aux obligations sociales. Sauf si on est une cigale. Vivent les cigales !

Je n'ai pas eu le bonheur de voir Zouc en spectacle. En 1997 une terrible aventure lui est tombée sur le coin de la figure, interrompant sa carrière. Si vous souhaitez en savoir davantage, c'est ici : clic

Figure exceptionnelle, on n'oubliera pas Zouc, qui n'a jamais été remplacée. La Suisse produit des gens géniaux.








samedi 29 août 2015

Pleine lune ou l'autre



Calme alpin

Préparant ce billet, j'écoute, sur France Inter, François Morel, toujours aussi excellent, dont j'apprécie bien sûr l'humour  mais aussi des prises de position sans ambiguïtés quand c'est nécessaire. Il rappelle la contrepèterie, volontaire ou non, que fait Augustin Trapenard lorsqu'il salue Patrick Cohen : « Salut, Patrick ! », contrepèterie immédiatement dévoilée par le même Augustin Trapenard. Même si Véhèmes n'est pas un blog convenable, je ne le répèterai pas ici, ou qu'à ceux qui, épuisés par leur effort neuronal, m'en feront la demande.

Je repars dans mes pérégrinations de ces jours derniers pendant lesquels m'attendait, patiemment, le beau garçon à qui j'avais confié la maison Véhèmes. Mes pas m'ont conduit dans l'Italie du Nord, loin des flots touristiques, mis à part Milan, qui, comme toute grande ville, connaît quelque agitation. Mais l'agitation italienne me convient parfaitement.


Lago d'Iseo - Photo Celeos


Pour aujourd'hui, une vue du lago d'Iseo, où le soleil s'était un peu caché, donne à  apprécier le charme des lieux. L'Apérol Spritz, dont l'ami Silvano nous avait livré les vertus, venait conforter les saveurs de la petite bourgade de Pisogne.



Accompagné d'amuse-bouche dont d'excellents morceaux de pastèque, le Spritz possède tout à la fois une douceur qui flatte les papilles tandis qu'une pointe d'amertume vient ajouter son rappel aux aspérités sans lequel il risquerait de tomber dans une suavité excessive. Comme certains moments de la vie, quoi ! Il ne faut pas oublier une tranche d'orange (that comes all the way from China, bien évidemment !). Bref, c'est ça peut-être la magie italienne : savoir transformer les lieux et les objets en intégrant des influences venues de tous les horizons...

vendredi 28 août 2015

Dance on the beach



Roberto Bolle par Bruce Weber

Τώρα, θα πρέπει να τραγουδάτε; - Chantez, Athéniens !

Oui, chantez, comme tous les peuples à qui il ne reste que la musique et la poésie, comme tous les peuples trahis par leurs élites, rapides à oublier les raisons de leurs engagements.

Alèxis Tsípras démissionne de son mandat de premier ministre grec. Cette démission est logique : ayant perdu la confiance d'une partie des députés de Syriza, il est maintenant en minorité. Comme il n'est pas idiot, et sans doute loin de là, il cherche à conserver le pouvoir. Est-il en train de faire alliance avec le Pasok, parti socialiste grec mené auparavant par Giorgos Papandréou, qui depuis s'est recasé ailleurs, c'est fort possible. Le parti centriste To Potami (Le fleuve), parti centriste, se méfie de lui, mais en lui promettant un certain nombre de places de députés, puisque les Grecs doivent repasser aux urnes le 20 septembre prochain, Tsípras peut trouver une nouvelle majorité centriste : en politique tout est possible et ainsi une alliance d'une partie de Syriza, du Pasok et de To Potami peut créer une nouvelle majorité. Et après ?

Après, ce sera toujours la misère pour l'ensemble du peuple, condamné à payer, et encore payer. Pour ceux qui peuvent. Pour les autres, ce sera toujours suicides, dispensaires, privatisation des soins, des transports, du port du Pirée, de la télévision publique, etc.

Que s'est-il passé pour qu'il y ait eu ce revirement de Tsípras ? L'a-t-on menacé, lui a-t-on dit « Mec, si tu ne veux pas recevoir une balle dans chaque genou, tu as intérêt à filer droit ! » A-t-on fait pression sur lui en lui faisant envisager les conséquences que pourrait avoir son entêtement sur sa famille, ses proches ? Mais nos amis allemands ne sont pas des maffieux, et les responsables politiques français non plus, enfin je ne crois pas... Quoique ?

François Hollande lui a-t-il offert son livre préféré, Le prince, non pas Le petit prince d'Antoine de Saint-Exupéry, non, Le prince de Niccolo Machiavel, Il principe, méthode de travail pour ceux qui n'en ont pas, de principes, justement. Apprendre à trahir ses promesses auprès de ceux qui vous ont délégué leurs pouvoirs – quelle rigolade ! –, et pour quelles conséquences, quelles compensations ?

Trust in me. Les beaux yeux et la tête bien vide de Kóstas Martákis

 Allez, je ne résiste pas au plaisir de vous laisser apprécier (ou pas, c'est selon) le torse totalement désherbé de ce chanteur eurovisionnesque dont la chanson - c'est à mourir de rire - s'appelle Ανατροπή, c'est-à-dire « renversement », « subversion » ! La chanson vous pouvez la mettre au panier.







Alèxis Tsípras, que les Européens vont aider à retrouver une majorité au parlement grec, puisque on s'est rendu compte que c'est un garçon raisonnable, est entré dans le milieu des dirigeants acceptables (je l'ai lu dans je ne sais quel journal néo-libéral). On oubliera qu'il a été un leader d'un parti plus à gauche que le Pasok - ce n'est pas bien difficile. Et après tout, combien de socialistes néo-libéraux ont été autrefois trotskystes, combien de gens de droite ont été, dans leur jeunesse, adhérents ou sympathisants de formations d'extrême droite ? Tous se rejoignent aujourd'hui dans leur défense du néo-libéralisme économique faisant la part magnifique aux marchés. 
Entrer dans ce jeu équivaut pour la Grèce à une condamnation définitive de toute velléité politique. Acceptant d'emprunter pour rembourser une dette gonflée artificiellement, la Grèce voit le montant de sa dette globale atteindre les 200 % de son PIB. Autant dire qu'elle ne pourra jamais rembourser, sauf  à restructurer cette dette, ce que souhaitait le FMI et qu'ont refusé les dirigeants européens. 
C'est dire que la grande braderie que j'évoquais plus haut a largement commencé. Un exemple précis ? Un projet de concession de 14 aéroports régionaux avait été prévu par le précédent gouvernement d'Antonis Samaras. Gelé par Tsípras, l'agence grecque de privatisation a remis l'ensemble à l'ordre du jour. Attention ! « Régionaux » ne veut pas dire de moindre importance. En effet, ce sont les sites les plus touristiques, donc très profitables, qui font l'objet de cet intérêt des groupes financiers allemands. Cela veut dire ainsi que la seule industrie « profitable » de la Grèce, le tourisme, qui apporte chaque année des devises extrêmement importantes pour le pays, se voit confisqué par les intérêts financiers allemands sans possibilité pour les Grecs d'organiser une industrie touristique pour l'intérêt des Grecs eux-mêmes. 
Il nous sera loisible, ainsi, de comptabiliser jour après jour le démembrement de la Grèce.
Chantez, Athéniens !




dimanche 23 août 2015

Il fallait cette attente

... où le mois d'août prépare la lente maturation des plus beaux fruits.

Passée la sainte Madeleine, 
les noix se font bien pleines ;
après la saint Eugène 
la lune est douce en la sérène
me disait ce tantôt
le brave Godot.
À le croire je n'eus aucune peine !



lundi 17 août 2015

Ne bouge surtout plus pendant huit jours !



Asphyxie


Promenade, il y a quelques jours, sur ces plateaux terribles des montagnes du Massif central, là où les chemins conduisent vers l'Auvergne. Le temps y était froid, maussade. La montagne peu accueillante. On en reste à considérer que seules les vaches peuvent s'en accommoder, et ceux qui vivent avec elles, conservant un mode de vie que rythme la seule biologie bovine, dont aucune illusion de liberté ne peut se dégager : les fleurs, les narces, les frênes trapus aux écorces rugueuses, les tourbes où l'on s'enfonce profondément, dont les sphaignes accueillent les droseras gobeuses de mouches, en font un paysage curieux, parfois pathétique, rarement accueillant. Des landes et des prairies. Les maisons y sont basses, et leurs pierres basaltiques, leurs toits de phonolite se couvrent de lichens dorés pour paraître plus dociles.

Je n'y étais pas passé depuis de longs mois, à une période où curieusement, l'hiver rend l'ensemble plus agréable : quand les routes sont couvertes de neige, et que le sentiment de fragilité de la vie ne tient qu'à l'éclairage des phares d'une automobile, d'un lampadaire à la lumière duquel tournoient de lourds flocons qui s'amoncellent de part et d'autre de la route. Il reste la clarté des maisons qui indique qu'on peut encore vivre là, qu'un feu de bois de fayards fait tourner une chaudière.

Mais là, en plein été, je ne sais ce qui m'avait attiré dans cette brocante inintéressante. Dans ces régions écartées, on pourrait décrire, à partir des objets présents sur les étals, l'univers passé des générations successives, et pas forcément les plus anciennes. Les intérieurs des séjours défraîchis se répandent alors sur la place, où autrefois sans doute, se tenait un marché à bestiaux : vieux outils dont on a perdu le sens et la fonction, peintures hideuses qui ont orné un mur au-dessus d'une table de salle à manger, jouets en plastique, carreaux de dentellières rappelant l'industrie du pays, sur lesquels, inlassablement les doigts des femmes couraient d'un fuseau à l'autre pour construire les motifs que leur proposaient des cartons dessinés ; mortiers en bois, jouets en peluche, services de céramique au décor suranné, objets pieux : chapelets en bois, saintes vierges et autres objets de bigoterie que l’on trouve dans toutes les maisons catholiques de cette montagne…
Non, rien n’attirait mes yeux dans cette kermesse où la brocante semblait l’une des rares fêtes laïques, prétexte supplémentaire à des rencontres familiales dans ce vaste et haut paysage. 

J’allais reprendre la route et quitter ce lieu sans intérêt quand une valise de livres m’apparut. Livres anciens des années 1970, essais historiques rappelant des événements oubliés de ces années-là. Un livre, de la collection blanche de Gallimard, se distinguait du lot : recouvert de papier plastique transparent, je réagis tout d’abord en constatant qu’il s’agissait d’une victime, sans doute, d’un désherbage de collection publique. On désherbe ainsi pour libérer de la place sur les rayons, considérant qu’un certain nombre de livres ne méritent plus d’être conservés, soit que leur état d’usure ne permet plus les prêts ou la consultation, ou, pire, que leur contenu et leur auteur ne présente plus d’intérêt. On se console en se disant que la Bibliothèque nationale de France permet, au pire, de consulter un livre disparu, et qu’un jour peut-être l’ensemble des livres publiés depuis l’invention de l’imprimerie sera numérisé dans des lieux de stockage inidentifiables, vaste bibliothèque virtuelle à partir de laquelle on pourra, éventuellement, réimprimer, à la demande, n’importe quel livre pour lui redonner une réalité physique… Un jour…

Je saisis ce livre, curieux. Parfois les livres conservent le nom de leur ancien propriétaire, une dédicace, la trace d’une lecture. Rien de tel ici, et je ne saurai rien alors de son histoire. Les livres de la collection blanche de Gallimard ne sont pas si fréquents dans des brocantes, hormis celles spécialisées dans le livre. Je lus la première de couverture : L’asphyxie, de Violette Leduc. Violette Leduc ! Par quel hasard cette autrice sulfureuse, amie de Jean Genet, se retrouvait-elle sur cette foire d’un pays où la bigoterie est un sport régional ?

Peu m’importait. Je payai le prix de quelques euros, satisfait de n’être venu en ce lieu que pour ce seul livre. Déjà me revenait à l’esprit les quelques mots de dédicace d'une photographie de Jean Genet à Violette Leduc : « À ma chère Violette, avec toute ma tendresse et la gentillesse de mes seize ans. Jean. » Curieux terme que « gentillesse »,  qu’on n’associerait pas tout d’abord à Jean Genet, lui qui fut féroce, dénonçant avec toute la force de sa colère verbale les saloperies qu’il avait ressenties dans son village morvandiau avant de les vivre comme voyou et voleur. Saloperies qu’il partageait avec tous les lésés de leur enfance, ce qu’il évoque dans la strophe suivante :


« Si vous pouviez me voir, sur ma table penché,
Le visage défait par ma littérature,
Vous sauriez que m’écœure aussi cette aventure
Effrayante, d’oser découvrir l’or caché
Sous tant de pourriture. »



Assurément, les saloperies dont je parle, il les a reconnues dans ce qu’écrivait Violette. L’asphyxie, publié en 1946, commence ainsi :



« Ma mère ne m’a jamais donné la main… Elle m’aidait à monter, à descendre les trottoirs en pinçant mon vêtement à l’endroit où l’emmanchure est facilement saisissable. Cela m’humiliait. Je me croyais dans la carcasse d’un vieux cheval qu’un charretier tirerait par l’oreille… Un après-midi, alors qu’une calèche fuyait, éclaboussant de ses reflets le sinistre été, au milieu de la chaussée, je repoussai la main. Elle me pinça davantage et me souleva de terre comme un poulet qu’on enlève par une seule aile. Je devins molle. Je n’avançais plus. Ma mère vit mes larmes.

    Tu veux te faire écraser et tu pleures !

C’était elle qui m’écrasait. »



Plus loin :



« Son visage, une lune huileuse. Pour relief, deux pinceaux de moustache noire, arqués à la mandarin. Les pupilles nageaient dans du jaune d’œuf. Les lèvres minces se confondaient avec le reste. Le crâne chauve était huileux aussi. Une voix sucrée, des mains de prélat. Le cou avait ses deux bajoues. M. Pinteau ne portait pas de cravate mais un col ouvert. Quand il croisait les jambes, on évoquait deux troncs d’arbres… Le torse était si mol de chairs à l’aise qu’il avait la satisfaction d’une poitrine opulente de femme. Quoique de bonne coupe, le gilet, qui remontait, laissait voir la chemise, les bretelles distendues : c’était indécent. »



Et Violette raconte ensuite comment M. Pinteau va l’attirer, elle, une petite enfant, la serrer entre ses cuisses, la déshabiller, lui serrer le cou. Jusqu’à ce qu’arrive la grand-mère de Violette, qui fait reculer cet homme pervers.



Violette Leduc est rééditée dans la collection « L’imaginaire » de Gallimard.

L'excellent Bibliothèque Gay a consacré un article à L'enfant criminel de Jean Genet, où est rappelée la dédicace de la photo de Jean Genet adolescent à Violette Leduc. C'est ici : clic.


Un document de l'Institut national de l'audiovisuel propose une interview de Violette Leduc en 1970. Violette a alors soixante-trois ans.


dimanche 16 août 2015

Grâce italienne

Un Pérugin, me dit-on. J'en tremble !

Alexio Bachiorri

Tom Paxton - Find Ireland

Le grand Tom Paxton n'est plus tout jeune. Sa voix est restée magnifique, et ses textes tout de poésie. J'adore sa façon de s'habiller. Il ferait fureur dans le Marais... Nan, je déconne !
Passez un beau dimanche sur cette belle chanson !


vendredi 14 août 2015

Tu m'attendais dans l'escalier



Oscar Isaac : Inside Llewyn Davis

« La vie d’un jeune chanteur de folk dans l’univers musical de Greenwich Village en 1961. Llewyn Davis est à la croisée des chemins. Alors qu’un hiver rigoureux sévit sur New York, le jeune homme, sa guitare à la main, lutte pour gagner sa vie comme musicien, et affronte des obstacles qui semblent insurmontables - à commencer par ceux qu’il se crée lui-même. Il ne survit que grâce à l’aide que lui apportent des amis ou des inconnus, en acceptant n’importe quel petit boulot. Des cafés du Village à un club désert de Chicago, ses mésaventures le conduisent jusqu’à une audition pour le géant de la musique Bud Grossman - avant de retourner là d’où il vient... »
Réalisé par Ethan et Joël Coen (2012).






lundi 10 août 2015

Le soir était venu

... ou était-ce déjà le matin ?



L'amore fa fiorir' le zucche

Lorsque Celeos n'est pas méchant, ce qui lui arrive souvent, il est taquin. En plus, il lui arrive de parler de lui à la troisième personne, comme César, ce qui traduit un peu de délire mégalomaniaque. Enfin, il est comme ça, et on ne le changera pas.

Il a lu, tremblant d'effroi, l'article d'un ami blogueur qui raconte une rencontre coquine dans les maïs. Quel curieux endroit ! 

Ah, il est loin le temps des tasses ! Il existe encore des aires d'autoroute, des petits bois, des bords de lac, mais j'avoue que je ne connaissais pas les champs de maïs qui m'évoquent plutôt La mort aux trousses, d'Hitchcock (quel joli nom prédestiné). Imaginez tous les dangers des champs de maïs :





Pire que tout, car si on peut toujours éviter un monomoteur homophobe qui repère  les ébats amoureux des garçons, le largage des pesticides contenant des perturbateurs endocriniens est un danger épouvantable ! Imaginez le résultat de ces produits contenant des hormones féminisantes sur les corps virils : disparitions de poils sur le torse, micropénis, etc. Certes l'environnement de maïs suscite l'intérêt pour les blonds épis durcis et bien proportionnés qui sont autant de références au phallus vénéré, mais en même temps, je me rappelle que, il y a quelques années, certains de mes amis avaient trouvé comme travail saisonnier de castrer le maïs ! Je n'avais aucune espèce d'idée de ce que ce terme signifiait, mais l'esprit est prompt à imaginer toute chose, et parmi les plus terribles ! Aussi le maïs est-il aujourd'hui associé encore à cette idée, et je m'interroge, avec les images de La mort aux trousses et les travaux de castration du maïs sur cette possibilité d'un environnement érotique dans un champ de maïs.

Or il me revient en tête l'expression d'un ami italien qui me disait souvent « L'amore fai fiorir' le zucche ! » Et j'imagine la transposition de cette scène d'amour torride dans un champ de courges : au moins on ne risque pas l'aspersion de pesticides hormonaux aux effets délétères ! C'est certes plus difficile de s'y cacher, mais quelques belles courges sont tout aussi encourageantes dans leur propension à célébrer la nature !
τι λες, Αρθουρο; ;)


dimanche 9 août 2015

Jean

C'est le pantalon qu'on nomme ainsi, pas le garçon. Quoique rien ne prouve qu'il ne s'appelle pas Jean. Bon c'est vrai que Jean est un prénom un peu désuet aujourd'hui, où l'on s'appelle plutôt Kevin, Jason, ou tout autre forme anglo-américaine. D'ailleurs, Jean est plutôt un prénom féminin dans l'aire culturelle précitée. Et puis rien ne prouve non plus que le garçon ne soit pas une femme. Enfin, c'est son affaire. Il a tout à fait le droit de changer de genre. D'ailleurs c'est peut-être déjà fait. Bon je m'égare un peu aujourd'hui. Le rafraîchissement après les chaleurs sahariennes doit me perturber un peu l'esprit. Et je l'imagine très bien d'ailleurs, Jean, portant une saharienne à même la peau, ça lui irait comme un gant. Quoique les sahariennes sont passées un peu de mode aujourd'hui. Mais on va reprendre ça, je vais le conseiller pour s'habiller. Pour le déshabiller aussi d'ailleurs. Que j'aille me coucher ? Mais pourquoi, il est beaucoup trop tôt et j'ai encore beaucoup de choses à dire à ce garçon !



Anne Sylvestre - Clémence en vacances

En vakensse, é el vou souèt un bon dimence.


vendredi 7 août 2015

Où la mer nous rejoint



Pensées extrêmes orientales

Hiroshima & Nagasaki © Celeos - 2015








J'avais évoqué, il y a peu de temps, avant la date anniversaire, ce tragique événement qui conclut la Seconde Guerre mondiale. C'est ici : clic

lundi 3 août 2015

Tu surgiras de l'eau


Étranger ?



Tu m’envoies ce message matinal pour me dire que tu te trouves à deux pas de chez moi.

A deux pas de chez moi ? Y suis-je encore seulement ?

Tu me demandes de te parler de toi, chose que je n’ai pas faite selon ce que tu souhaitais. Je ne sais avoir quelque perception de qui que ce soit : je ne suis pas dans les têtes, je ne suis pas dans les cœurs. J’essaie simplement de comprendre ce qui anime chacun, comment les émotions construisent la vie à partir de quelques mots, quelques traits tracés dans l’air. Sans jamais oublier les événements, qui sont terribles, et qui révèlent à chaque fois le sens de la perte.



Je me suis défait cette année du cadavre de mon père. Je te raconterai, si tu le souhaites, l’unique fois où il m’a semblé communiquer avec lui, sans aucun mot, dotés tous deux de notre seule capacité à percevoir le silence, et, dans ce silence, comment la musique du vent, quelques odeurs d’automne sont venues en symphonie chanter ce monde.



Curieuse année de communications tronquées qui se révèlent, de toute façon, sans grande importance. Comme dans une mauvaise histoire, on joue avec des reflets de miroirs, une sorte de galerie des glaces déformantes. On croit avoir aperçu son propre reflet qui n'est qu'à peine un faible rayon de lumière jouant avec des ombres. On croit se rassurer en permanence sur son âge qui ne peut pas être celui de ses artères car la vue du sang reste insupportable. La vie se dissout dans celle des autres quand, en permanence, on croit y déceler de plus belles lueurs sur la rondeur d'une épaule, et, de préférence, quand l'autre a fermé les yeux : il a, gravé sur l'intérieur de ses paupières, de si belles étoiles !




Sache que, parlant de toi, je ne cherche qu’à parler de moi qui me suis enfin dissous dans ce monde. Comme Jean dont je te parlerai peut-être un jour, j’ai encore à retrouver quelques petits cailloux, éparpillés çà et là, sur les crêtes des montagnes : ils balisent ma route, ils sont constitutifs de tous les instants volés à quelques garçons souriants, à quelque kleftis maladroit, chacun faisant œuvre de poésie, dont j’ai croisé le chemin. Ils animent mes souvenirs comme d’autres animent les tiens ; nous en faisons nos panthéons.



Tu me précises que tu ne seras pas disponible. J’imagine alors que ton message n’a pour objet que de me dire ta proximité. Ta présence m’est alors fantomatique alors que moi-même ne suis plus très présent aux choses de ces lieux : mon esprit court déjà, et je ne suis pas sûr que quiconque puisse me rattraper. Quelques nuages passent dans le ciel chargé de chaleur ; un vent d’ouest contourne les cimes. Je ne suis pas entre deux eaux, mais dans ce vent léger qui déjà voyage.

Celeos

dimanche 2 août 2015

Looking forward



Karpenisi, Evrytania, Grèce

Loin de tout faste, en caméra embarquée : sous le ciel chargé, la route se poursuit, déclinant la banalité d'un paysage sans effet ; maisons sans unité, architectures improbables, véhicules sans intérêt. Loin de tout cliché, le pays respire l'ennui. Peut-être est-ce là un Harar incomparable, à même de donner au soleil les rendez-vous qu'il n'honore nulle part ailleurs...