Je préfère le dissensus dur au caramel mou

Je préfère le dissensus dur au caramel mou
Medusa – Il Caravaggio

Parfois on aimerait, face à la violence du monde, qu’un garçon vous prenne dans ses bras et murmure : « Ça ira, je suis là, on connaîtra des jours meilleurs… »

dimanche 21 février 2016

Ravi Shankar & Anoushka Shankar Live: Raag Khamaj (1997)

Robendra Shankar, dit Ravi Shankar, nous a quittés il y a quatre ans. Sa musique nous reste mais il fut longtemps le témoin d'une période qui semble aujourd'hui d'une douce béatitude face à celle que nous vivons, où le désenchantement à pris la place d'une croyance à un univers en amélioration constante dans l'espace et le temps. Les informations que nous avons aujourd'hui de l'Inde ne semblent pas les meilleures, et même si l'on apprend que l'on va vers une dépénalisation de l'homosexualité, cet immense pays est encore porteur d'une immense violence, notamment à l'égard des femmes ; la violence de castes y est également insupportable, rompant avec les images d'un pays paisible véhiculées par les idéaux d'ashrams et autres billevesées que des sociétés meilleures existent, forcément ailleurs.
 
C'est peut-être dans le disque des Beatles, Sgt Pepper's Lonely Hearts Club Band (La bande des cœurs solitaires du Sergent Poivre !) que l'on entend sans doute en France pour la première fois les sons étranges du sitar, instrument à cordes pincées de la famille des luths et cithares, qui accompagnent la chanson Within you without you. Le thème de la chanson évoque les conceptions de l'univers telles que certaines philosophies orientales l'évoquent – monde des illusions dont il est nécessaire de s'échapper pour laisser la place au monde de partage et d'amour devant lequel on est seul responsable – et c'est George Harrison qui en avait signé le texte. George Harrison était un disciple de Ravi Shankar, et certainement des quatre Beatles le plus sensible à cette ouverture au monde extra-occidental. La musique de Within you, without you est ainsi directement inspirée d'un raga de Ravi Shankar, raga d'une durée d'une quarantaine de minutes. Les contraintes du marché de la musique occidentale obligeaient alors à ne pas dépasser les trois minutes conventionnelles de durée d'une chanson pour permettre l'accès aux radios. Par la suite, les Beatles sont parfois allés au-delà de cette durée, s'affranchissant des contraintes de cette vision.
De son côté, et notamment grâce aux Beatles, Ravi Shankar a mené une carrière internationale sans faille, apportant dans ses concerts le contenu permettant d'initier à la complexité de cette musique traditionnelle.
J'ai présenté au mois de juin dernier la magnifique collaboration menée entre Ravi Shankar et Philip Glass sous le titre Passages.

Je vous souhaite une excellente écoute pour réchauffer ce froid dimanche de février.


2 commentaires:

Anonyme a dit…

Merci Céléos, il avait bien besoin d'être réchauffé ce dimanche venteux et pluvieux.J'aime cependant me promener dans la bruine et le vent ; bien couverte, chaudement, je suis donc allée marcher, en pleine nature, sur des chemins devenus boueux. J'aime ce contact un peu rude avec la nature...puis j'ai pensé aux migrants pataugeant dans la boue de Calais et eu honte.
Marie

Celeos a dit…

Plus loin d'eux, ma pensée les accompagne, et je me réjouis que des artistes britanniques soient venus leur témoigner leur solidarité. Vous n'avez pas à avoir honte. Chacun fait comme il le peut. Votre pensée positive vers eux est déjà une façon de ne pas les abandonner, quoique fasse la boue...