Je préfère le dissensus dur au caramel mou

Je préfère le dissensus dur au caramel mou
Medusa – Il Caravaggio

Parfois on aimerait, face à la violence du monde, qu’un garçon vous prenne dans ses bras et murmure : « Ça ira, je suis là, on connaîtra des jours meilleurs… »

mardi 29 mars 2016

Alex Beaupain - Van Gogh

En hommage notamment à Maurice Pialat dont on entend la voix dans la chanson, faisant dire à Vincent Van Gogh : « C'est vous qui êtes tristes ! »




lundi 28 mars 2016

dimanche 27 mars 2016

C'est pour bientôt !


Αλησμονώ και χαίρομαι


J'oublie et je suis heureux est une chanson populaire de la région d’Épire, située au nord-ouest de la Grèce, montagneuse et donnant sur l'Adriatique. C'est une polyphonie chantée traditionnellement par des hommes et des femmes. Ici un très beau chœur de femmes en ce jour de Pâques. Écoutez ces très belles voix plutôt que les cloches !



Echoué


samedi 26 mars 2016

De Charybde en Scylla

Résultat de recherche d'images pour "charline vanhoenacker"Décidément, la culture, en France notamment, est mal barrée. Dernière lubie des hauts fonctionnaires : faire entrer la publicité à Radio-France. Évidemment, il faut payer les émissions, financer les productions. Sauf que passer par la publicité est un choix de société. Quand c'est un gouvernement prétendûment socialiste qui le décide, la pilule est amère, quoique dans une logique de continuité depuis longtemps.
Je ne m'étends pas là-dessus : si vous avez envie que Radio France ressemble au mieux à RTL, au pire à RMC, réjouissez-vous. Sinon, vous pouvez signer la pétition, qui pour l'instant n'a pas réuni beaucoup de signataires, et c'est curieux. A croire que la culture est devenue tellement secondaire, non hiérarchisée (tout film de cinéma serait culturel dans les infos trash que l'on reçoit au quotidien, les news people aussi). Alors pour l'instant, France Musique, France Culture et France Inter sont encore des radios de très grande qualité. On peut se mobiliser pour éviter qu'elles ne se dégradent. Ce n'est pas mon habitude de promouvoir des pétitions, mais je fais là une exception.

Alors si vous voulez signer, c'est là : clic

Aurélie Filipetti, Fleur Pellerin, Aurélie Azoulay... qui après elles ? L'heure n'est plus sinon aux grands, projets, du moins aux beaux : faire accéder une belle culture par l'éducation notamment auprès du plus grand nombre, et faire comprendre que la culture, c'est du plaisir et du savoir réunis pour mieux appréhender le monde.
Nous avons tous besoin de gens responsables, de gens éclairés. Pas de comptables médiocrissimes, qui plus est, passés au moule de la lamentable école nationale (!) d'administration, création de nature très coloniale : c'est le destin français qui ne sortira sans doute jamais de cette affligeante posture. Tiens, un simple exemple : en France, contre les attentats, on chante la sanguinolente et très obsolète Marseillaise. Les Belges, eux, chantent la Bruxelles de Dick Annegarn. Tout est dit.

vendredi 25 mars 2016

S'appuyer sur la lecture pour voir plus loin


Faites l'amour, faisons l'amour

Oui, faisons l'amour !
Avec tous ces événements (avé deux é, na !) je n'ai pas eu le temps de célébrer le printemps : faire l'amour contre la guerre, aurait-on déjà oublié ? Faisons l'amour, entre garçons, entre filles, entre garçons et filles, et avec qui vous voulez, après tout, du moment qu'on est entre majeurs sexuels consentants ! Et que le désir qui nous vient ne soit pas celui d'un narcissisme un peu pervers, celui de la domination dont les pouvoirs se satisfont jusqu'au désir de mort, jusqu'à l'extermination (je parlais hier avec une amie italienne de Salò), mais de ce désir partagé où le plaisir de l'un exalte le plaisir de l'autre, jusqu'à jouir ensemble de se sentir vivre !
Et vive le printemps !


jeudi 24 mars 2016

Epi de blé au soleil

La fin des Ottomans -

Mardi soir dernier sur Arte-TV passait un documentaire d'une exceptionnelle qualité, malheureusement bien mal indiqué dans les programmes TV : La fin des Ottomans, réalisé par Sylvie Jézéquel et Mathilde Damoisel en 2015.
Comment en effet comprendre le chaos qui s'est produit dans l'Europe de l'Est voici quelques années, et qui continue de bouleverser le proche Orient aujourd'hui, dans cette violence incroyable qui s'est déchaînée, anéantissant tout, populations, restes antiques, et qui risque de ne laisser en Syrie qu'un tas de ruines ?
Ainsi, si vous croyez que le problème de l'Europe, qui croit résoudre d'un revers de manche la situation des réfugiés syriens en faisant de l'île de Lesbos un nouveau camp de concentration, n'a rien à voir avec ce qui se passe dans cette aire géographique, détrompez-vous : l'histoire longue que raconte cet excellent documentaire est là pour rafraîchir nos mémoires.

Il est en deux parties au format de 50 minutes chacun. Prenez le temps de regarder, vous n'en sortirez pas indemnes.






mardi 22 mars 2016

Vivent les Belges

Humour, nostalgie, dérision, on ne dira jamais assez l'apport à la culture des artistes belges.

Je pisse avec le Maneken sur les lâches et les salauds qui ne sont convaincus que par la violence.



Dernières instances - 1



Je ne l’appelle plus. Elle a cessé de répondre. L’appareil sonne, sans doute, sans qu’elle l’entende. Peu à peu, elle s’est refermée dans sa tête. Repliée comme l’on replie un appareil dont on n’a plus besoin, un ordinateur portable dont l’écran a été éteint par une mise en veille ; faute peut-être d’avoir appuyé sur une touche du clavier. La mise en veille est approfondie. La sortir de son sommeil est une aventure qui l’affole : elle se demande où elle est, a perdu le sens de la durée, du temps précis où elle s’est endormie. Elle s’est parée du masque de cire, déjà celui, mortuaire, que l’on saisissait autrefois dans le plâtre faute d’en prendre un instantané photographique.
Elle demande quelle est cette comédie. Faut-il lui répondre, alors que l’auteur n’est pas présent, se défausse une fois de plus ? Contre qui se bat-elle ? N’a-t-elle pas considéré une fois pour toutes que le monde lui était hostile par nature ? Elle ne se débat plus, ne témoigne plus du refus de la souffrance, enfin sublimée. Ainsi font les suppliciés lorsque le seuil de la douleur les amène à ne plus rien ressentir de ce corps que les bourreaux achèvent de démembrer et qui n’est désormais plus rien de ce que le supplicié a jamais été. Il n’est plus de murmure : déjà la descente aux enfers se prépare dans son antichambre d’obscurité. La bouche ne prononce plus que quelques mots perceptibles à peine, n’accepte plus rien de solide, et quelques gouttes encore. Elle ne rejette plus rien. Elle est ce corps de cire aux doigts de bois encore à peine articulés. Les cheveux que je n’avais pas coupés sont une toile tissée qu’une araignée a laissée, protection de soie que je n’ose déplacer. La masse de son corps ne bouge plus, comme l’empreinte définitive d’un gisant de coton.
Afficher l'image d'origine
Vincent Van Gogh - Cour intérieure de l'Hôpital d'Arles - 1889

Doucement le flacon s’épuise par le tube transparent, puis par l’aiguille qui reste sous la peau. Il n’y a plus qu’une lente respiration à peine perceptible qui soulève le drap. Il y en a pour peu de temps.

La mort difficile, dit Crevel. Comment partir sans laisser derrière soi à ceux qui restent le sentiment d’être coupable de tout ce qui peut advenir ? la douleur physique, supposée intentionnelle, de ceux qui vous touchent, vous manipulent, la douleur morale provenue de la calme indifférence de ceux qui ne sont pas présents quotidiennement pour assister au spectacle du départ sont autant de moyens utilisés pour sublimer cette mort inscrite à tout jamais comme l’ultime frustration de tout ce qui n’a pas été gagné par la conviction laissée autour de soi. N. est partie dans l’abandon de son corps comme dernier recours de sa vie considérée par elle comme un échec. Désaveu de son intelligence à comprendre la vie et en mesurer les termes. Désaveu de ses sens abandonnés au passé comme une esthétique morte, ne laissant plus au présent que la puanteur des excréments de chats, l’avilissement sous l’accumulation des déchets, et, en dernière instance, l’offrande de son corps aux passants de l’automne comme ultime débris de ce qui demeurait encore, avec ce peu de vie organique.
Il faut faire payer aux plus proches très cher sa propre mort.

La mort comme un fruit, dit Rilke. Y aurait-il cette manière bourgeoise d’en finir enfin comme l’achèvement satisfait de ce qui aurait été un commencement, une détermination aimable de la vie faite de la satisfaction d’un devoir accompli, d’un amour de ses père et mère, de ses enfants, de ses amants qui laisse enfin sur la langue le goût du plaisir et d’une saison réussie ? Existe-t-il autre chose que l’avilissement du corps quand il ne serait qu’un léger grisonnement des tempes, une douce flétrissure de la peau sous l’accumulation des rides, le rétrécissement de la pupille d’un regard qui fut bleu et n’est pas encore vitreux ? Ce luxe bourgeois ne tient pas deux secondes. Les saisons ne sont jamais que des hivers douloureux sous l’onglée des doigts fatigués et des peaux craquelées, des cœurs explosés et vidés d’un seul coup en une mare de sang. La mort comme un fruit : c’est sans doute accorder des vertus que mon sens aigu du réel ne sait extrapoler au-delà de son aspect purement physique.
Elle est là, dans son lit, réduite à ce délabrement de chair et d’os. « Et nous les os devenons cendre et poudre » avait écrit Villon, bien avant, comme pour répondre à Rilke de manière prémonitoire.

*     *     *

Je saisis sa main que je revois, forte et ferme, précise. Je la revois écrire, ce qui me fascinait alors : d’un stylographe à bille sur un bloc de papier ministre jaillissait une écriture sans hésitation, apportant au papier ce pour quoi il était désigné. Il en restait une calligraphie étonnante, magique, et lorsque, plus tardivement, je lus la « leçon d’écriture » que décrit Claude Lévi-Strauss chez les Nambikwara, j’eus l’impression de revivre ce que j’avais éprouvé enfant.
Ce n’est plus la même main que je tiens maintenant. Elle est décharnée, raidie entre mes doigts. L’annulaire de la main droite reste recroquevillé, et je n’ose le déplier de crainte de blesser ce doigt, qui n’est plus qu’un morceau de branche presque mort. Tout son bras ne répond presque plus depuis cet accident cérébro-vasculaire d’il y a longtemps maintenant. Je devrais n’avoir aucune pitié de ce corps, anamorphose de ce qu’elle fut lorsqu’elle œuvrait à l’étouffement, à refaire de nous les fœtus desséchés qu’elle aurait portés autour de la taille comme trophées de sa capacité à tuer.
Elle n’a tué que N. qui a trouvé ainsi le moyen de s’échapper de son enfer. Je revis des scènes analogues.
Je ne pouvais plus rien dire à N., désormais hors de toute communication sur son lit d’hôpital. Le sang avait envahi l’ensemble de son crâne, noyant le cerveau à la manière d’une méduse lançant ses milliers de dards à l’assaut de tous ses sens. Il ne restait alors que le toucher, et je n’avais plus qu’à essayer de tenir sa main, saisir ses doigts fins et frêles dont la peau était d’une grande douceur. A-t-elle senti quoi que ce soit que ce toucher tentait d’exprimer ? Je ne le saurai jamais. Elle est partie dans le sommeil de son corps au cours d’une nuit d’automne sans pitié.

dimanche 20 mars 2016

Douces courbures


Insupportable Guillaume Gallienne

Je suis de très mauvaise humeur aujourd'hui. Ça fait longtemps que j'avais envie de dire mon irritation au sujet de Guillaume Gallienne, l'insupportable crétin de la Comédie française qu'on voit partout, qu'on entend partout, bref, qu'on ne peut éviter. Surtout quand j'écoute France-Inter en voiture ou dans la maison des Cévennes occupé à réaménager certains espaces de la maison. 
Ce type est un squatteur des ondes publiques. Il n'est pas le seul, me direz-vous justement, et c'est ce genre de bavards qui m'ont fait quitter certaines ondes. Par exemple Alain Finkielkraut qui abreuve de sa ringardise France-Culture tous les samedis matins. Un jour ce fut trop. Lassé, irrité par le concept de vachitude qu'il présenta au moment où les vaches étaient folles, et de ce fait, faisaient l'objet d'une extermination systématique dans les élevages contaminés, sa compassion pour les vaches, et fort peu pour certaines populations humaines, à son goût insuffisamment marquées du moule national, fut la goutte qui fit déborder le vase.
Depuis une ou deux semaines, Gallienne s'est mis en tête de faire découvrir Michel Tournier. Je n'ai jamais aimé Tournier, et sa littérature me laisse froid. Sans compter ses prises de positions ubuesques sur l'avortement. Mais quand, de plus, ce comédien français, se permet, toujours sur le même ton compassé, de prononcer «gageure» tel que le mot est écrit, alors qu'il devrait le prononcer «gajure», c'en est trop. 
Donc, au passage petit arrêt sur la langue française. Elle n'est pas plus belle qu'une autre, pas plus fonctionnelle, mais elle est un produit historique de convention, et il faut aimer à ce point la distinction sociale des classes supérieures pour prétendre que les classes populaires seraient dans l'incapacité de comprendre, d'écrire et de parler le français selon les conventions que le cumul des règles de grammaire et l'évolution de l'orthographe ont données. C'est un jeu conventionnel, tout simplement, qui a ses règles, qu'on peut sans doute modifier à la marge, mais ces modifications n'apportent pas un grand intérêt. De plus, tous les Français, jusque dans les classes sociales les plus huppées font des fautes de français. Ce n'est pas grave, à condition de ne pas s'ériger en parangon de la bonne écriture ou de la bonne expression.
Ainsi dans le mot «gageure», qui est par définition un mot piège, il faut essayer de comprendre pourquoi il faut prononcer gaj-ure et non pas gageure : d'abord parce qu'il existe une différence entre l'écriture d'un mot et sa phonétique. Les étrangers l'apprennent vite à leur dépens : l'exemple type est «Les poules du couvent couvent». Et d'autre part, et les étrangers l'apprennent également très vite, les mots appartiennent à des familles : dans le cas présent, gageure est issu de gager, au sens de «prendre un pari (et payer un gage)». Dans cette famille de mot, la déclinaison de l'action de gager s'effectue avec la désinence –ure. Pour éviter d'en avoir une prononciation fautive, il aurait été sans doute plus simple de l'écrire avec le j qui n'aurait posé aucun problème de phonétique : gajure. Mais, comme la langue française a gardé, parfois, le souci de l'étymologie, les conventions ont fait que le radical gag- a été conservé. L'autre solution aurait consisté à marquer le hiatus par une écriture du tréma, ainsi que cela apparaissait au XVIIIe siècle : gageüre. L’habitude a été abandonnée, et, le plus souvent, une lacune culturelle accompagne cette prononciation.
Chez le commun des mortels, on passe. C’est un peu comme lorsque quelqu’un prononce déguingandé, parce que cela fonctionne mieux à l’oreille d’entendre cette double consonne gutturale, alors que la phonétique adéquate est bien dégingandé. Et en effet, il existe une phonétique française qui s’adapte de plus en plus à l’influence anglosaxonne et britannique. J’ai entendu l’autre jour quelqu’un parler de l’INSEE prononcer INZÉ, comme de plus en plus on prononce senzitif au lieu de sensitif, tranze, au lieu de transe. Il est vrai que l’on dit bien tranzitif et non transitif. Bref : la langue française possède beaucoup de chausse-trappes et les déjouer passe par un apprentissage, comme tout jeu, toute règle.
Alors, pourquoi cette ire contre le sieur Gallienne ? Mais parce que lorsque l’on vient comme lui, paraît-il, des quartiers les plus huppés de la capitale française, que l’on squatte les ondes comme il le fait, au moins pourrait-il avoir à cœur de travailler ses textes, en déjouer les pièges, contrôler les moments où il doit, plus que d’autres, travailler sa diction, son élocution étant à peu près correcte, si l’on excepte cette mollesse dans la voix, ce côté diseur de textes de salon. J’avais passé, voici quelque temps, la belle voix rocailleuse de Jean-Marc le Bihan. Il faut de la bite et de la couille dans le texte, non ce sirop vomitif qu’il nous assène à longueur d’antenne de France-Inter. Guillaume Gallienne par ici, Guillaume Gallienne par là… Et pourtant les comédiens, jeunes ou moins jeunes ne manquent pas, qui ont du talent, et qui ne sont pas ce fade comédien auquel ses amis sont reconnaissants d’avoir su sortir de sa féminité et d’une hypothétique homosexualité pour montrer qu’on pouvait rester hétéro tout en conservant des mimiques féminines. La normalité est sauve. Mais, de grâce, si le fait culturel est diversité, qu’on nous offre, comme un service public, les belles voix de jeunes comédiens qui ont appris au Théâtre national de Stasbourg ou ailleurs, à dire des textes, comme le firent autrefois des Jean Topart, ou des Jean-Louis Trintignant, ou encore les splendides comédiens formés à la scène réelle et non dans la mollesse du confort des studios…
J’arrête là. Ça peut pas faire de mal ? Si, ça me casse les burnes !
Allez une petite vidéo sur un jeune comédien plein de talent et qui ira loin. Comment s’appelle-t-il déjà ? Patrick Balconnet, ou quelque chose comme ça… Ah, Balkany, me dit-on en régie, Patrick Balkany. Quelque chose me dit qu’on le reverra sur les ondes !






Nan, je déconne évidemment, sa manière de jouer est nulle à chier. Mais comme Tapie, ce genre de documents est édifiant : et si la politique politicienne de tous ces incapables ne relevait finalement que d'un mauvais casting ? Les ratés de la scène du spectacle se seraient reconvertis en ratés de l'éthique politique pour en dessiner, jour après jour des caricatures...

Allez, pour ne pas finir sur cette note amère, j'ai trouvé cette magnifique séquence de deux grands comédiens disparus, jouant, à l'époque où la télévision savait produire de beaux spectacles, La mégère apprivoisée. En fait, c'est peut-être ça le problème : notre époque, médiocre, ne peut produire que des spectacles médiocres avec des comédiens français dont l'attitude est plus proche des arts du marketing que de l'amour des textes. J'exagère : il y eut également des gens détestables à la Comédie française : on a oublié Pierre Dux, heureusement, et quelques autres.

Là, c'est un moment de télévision magnifique : Bernard Noël jouant Petruccio et Rosy Varte Catarina : une grande ironie de notre camarade Will. Vive Shakespeare, et bon dimanche  !



jeudi 17 mars 2016

Splendid's

La pièce de Jean Genet, Splendid's, est présentée du 17 au 26 mars 2016 au Théâtre de la Colline à Paris, mise en scène par Arthur Nauzyciel. La pièce a été créée le 14 janvier 2015 à Orléans. 
Dans un article du journal Le Monde, quelques jours seulement après la tuerie de Charlie Hebdo, le 7 janvier, Fabienne Darge évoquait la résonance avec les événements de violence que subit le monde. Comme si Genet donnait des clés pour comprendre ce qui fait jouer des hommes – ou des femmes – avec la mort. Qu'est-ce qui compose alors un rituel de mort, sachant que si la mort se trouve au bout du chemin, elle sera accompagnée d'un certain nombre de rites, de mots, d'actes violents, sanglants qui permettront d'obtenir le statut de victimes sacrificielles ; les bourreaux partagent ce sang avec leurs victimes pour gagner la seule chose dont ils puissent se rendre maîtres : la mort de l'Autre qui détermine sa propre mort.
Dans le théâtre poétique, terrible, implacable, de Genet, peut-être y a-t-il une matrice maintes fois répétée, qui trouve son origine dans la mort de Maurice Pilorge. La mort de son amant, de celui que l'on a aimé, au moins dans l'acte de chair, que l'on retrouve définitivement dans la mort glorieuse d'une bataille revendiquée. Terrible logique qui n'appartient à aucun temps, aucune époque. Elle évoque, peut-être, la bande de Thèbes dont l'union sacrée des amants ne devient vraiment réelle que dans la mort dont l'absurdité du choix répond absurdement à l'absurdité de la vie...

Xavier Gallais, Rudy Mungaray et Ismail Ibn Conner (de gauche à droite).

«Les jeux érotiques découvrent un monde innommable que révèle le langage nocturne des amants. Un tel langage ne s’écrit pas. On le chuchote la nuit à l’oreille, d’une voix rauque. À l’aube on l’oublie.»
Jean Genet, Journal du voleur

Le site  du Théâtre de la Colline qui présente le spectacle est ici : clic