Je préfère le dissensus dur au caramel mou

Je préfère le dissensus dur au caramel mou
Medusa – Il Caravaggio

Parfois on aimerait, face à la violence du monde, qu’un garçon vous prenne dans ses bras et murmure : « Ça ira, je suis là, on connaîtra des jours meilleurs… »

samedi 30 juillet 2016

vendredi 29 juillet 2016

Beau gosse de mer

Louis Jourdan par Raymond Voinquel - 1939

Mauvais esprit

L'humanité est une nouvelle fois touchée par des actes de barbarie qui se déroulent dans une église catholique. Bien sûr, rien n'est sanctuarisé, et il faut déplorer l'assassinat de cet homme âgé, qui n'imaginait sans doute pas être un jour inscrit par son église au rang des martyrs. Paix à sa mémoire.

Sa hiérarchie a réagi de manière ambiguë : un représentant des épiscopats appelant à garder toute sa raison face à ces nouveaux actes irrationnels, d'esprits détruits par une idéologie haineuse.

Et puis dérapage : l'homélie d'un cardinal qui rétrograde au XIXe siècle : si on le comprend bien, si la société est devenue folle, c'est notamment à cause de la normalisation des «déviances». Il faut se réjouir : si on était tenté d'un mouvement de sympathie envers les positions d'humanité de l'église catholique et de son pape aux maladroites tentatives d'ouverture, on est vite vacciné. L'église catholique ne peut rien produire qui ne relève de la ringardise et de l’écœurement.

Et tout cela me donne licence pour m'interroger sur ces questions fondamentales :

Si le cardinal Vingt-Trois s’était appelé Trois- quatorze-cent-seize, serait-on tenté de l'appeler Pie ?

Si le cardinal Barbarin assumait sa relation ambiguë avec les prêtres pédophiles, serait-il en droit de revendiquer des royalties sur une position du Kamasutra gay ?


Do you like fist fucking with a ring ?



lundi 25 juillet 2016

Passant par le champ


Gay Vinci Code

On se rappelle le Da Vinci Code, du grand écrivain Dan Brown (nan, je déconne !) qui permit  son auteur de se faire des choses en or, pendant que la masse liseuse avide de belle littérature se précipitait pour savoir qui avait assassiné un conservateur du Louvre, et essayer de comprendre tout se qui se tramait de complot, de choses secrètes derrière la Cène de notre cher Léonard.

On n'a même plus besoin de lire le livre aujourd'hui puisque Wikipédia en a fait un condensé résumant les cent cinq chapitres, et racontant toute l'histoire. De toute façon, Dan Brown est suffisamment riche à présent, et comme il n'a pas forcément reversé ses royalties aux descendants nécessiteux de Jésus et de Marie-Madeleine, il n'a pas besoin de gagner davantage. Donc lisez Wikipédia et non Dan Brown.

Un pastiche, paru trois ans après le livre de Dan Brown, est dû à Pascal Fioretto, humoriste, à qui l'on doit nombre de chroniques humoristiques portées parfois par d'autres voix que la sienne. Il est l'auteur notamment en 2007 du roman Et si c'était niais ? qui se moque de beaucoup d'auteurs de romans « à la mode », enfin bref de ceux qu'on appelle les meilleurs vendeurs de pages imprimées.

Le Gay Vinci Code est sous-titré «Pasticherie fine». On appréciera la distinction entre le pastiche et la parodie : le pastiche, me dit mon Petit Robert, est l'imitation d'une oeuvre littéraire pour emprunter ses qualités artistiques (sic!) parfois dans une intention parodique, alors que la parodie est une imitation burlesque d'une oeuvre (sérieuse). On le voit, la différence tient de l'épaisseur d'une feuille de papier à cigarette. Grosso modo, la parodie serait un rire gras, le pastiche serait un rire fin, plus acceptable par celui qui est pastiché !
Peu importe : ce Gay Vinci Code a quelques qualités, dont celle de faire sourire à chaque page et ses références, outre celle du livre imité, celui de Dan Brown, sont souvent assez bien documentées. D'autre part, les mises en abyme sont nombreuses et autant de clins d’œil à son modèle de référence qu'il ne peut vraiment prendre au sérieux.

L'intérêt du livre, puisque les ouvrages traitant de la cause gay ne sont pas d'un accès très courant dans le ton de l'humour, est de permettre une mise en perspective du monde gay : dix ans ont passé, en effet, depuis la sortie du livre. Certes l'ouvrage ne se veut pas sérieux, et on ne saurait lui accorder un quelconque intérêt sociologique. Il n'empêche : certaines questions concernant l'adoption, la normalisation des codes gay, ont changé pendant que l'homophobie n'a pas vraiment reculé.

Voici rapidement l'histoire : Gédéon de Vaugoubert, le conservateur du MATH,  (musée des arts et traditions homosexuelles) est assassiné. C'est une drag queen qui a fait le coup. On apprendra qu'il s'agit de faire taire Vaugoubert qui, membre de la Vieille tente, ne doit pas révéler le secret qu'il détient : avant de mourir, il a juste le temps de révéler le code Darla dirladada.

C'est son ami Charlus Glandon (Charlus fait référence à Proust et Glandon est le bel anagramme de Langdon, «héros» du Da Vinci Code !) et le neveu de Charlus, Cédric, qui vont mener l'enquête, poursuivis par le commissaire Fichet-Bauche qui les prend pour les assassins de Gédéon de Vaugoubert... Raconter davantage de l'histoire n'aurait pas beaucoup de sens, car c'est justement la narration de ce livre qui en fait toute la finesse et le charme.

Je cite toutefois quelques éléments de dialogue :
« – Pourquoi s'échiner à faire de notre préférence sexuelle une supériorité éternelle ? On a la chance d'être maudits auprès des crétins ! Profitons-en !
– C'est facile de jouer les Pasolini quand on est, comme toi, un bobo international, rétorqua le marquis, livide de colère. Mais qui pense au paysan gay de Corrèze qui aimerait bien, lui, ne plus être maudit !?
– Vous voulez dire que le paysan de Corrèze est maudit ?! demanda Guazzinella. Ça expliquerait donc la sécheresse et la grippe aviaire... »

Je ne suis pas sûr qu'on puisse retrouver facilement le livre qui n'a sans doute pas été réédité. Mais si vous le trouvez, achetez-le, ou volez-le : vous passerez un excellent moment.

dimanche 24 juillet 2016

Ces quelques iris


Thomas Dutronc - On ne sait plus s'ennuyer

Les vacances sont là, pour certains : ennuyez-vous, à écouter les oiseaux, entre autres éléments du silence, et surtout, ennuyez-vous.

Et passez ainsi un excellent dimanche !

vendredi 22 juillet 2016

Plénitude


My american (way of) life - Sylvain Desmille

Excellent documentaire diffusé hier soir sur LCP (La Chaîne Parlementaire), qui effectue une synthèse de quarante ans de vie américaine des classes moyennes, avec toutes les composantes qui ont fait évoluer cette vie à laquelle la nôtre, Européens, s'est, de toute manière attachée, quitte à trop lui ressembler.
Quittant la période de guerre provisoirement avec le désastre de Nagasaki et Hiroshima au Japon, la victoire sur les nazis et l'Axe en Europe, c'est tout une économie qui s'impose à celles, bien fatiguées, de l'Europe. Aux Etats-Unis, l'évolution fait forcément tirer un trait, malgré toutes les inerties rétrogrades des Etats du Sud, sur la discrimination des noirs.
Je ne vais pas raconter le documentaire de Sylvain Desmille, qui a la bonne idée de raconter l'histoire comme une narration romancée. Pöur autant, il utilise uniquement des images d'archives qu'il intègre dans le récit d'un auteur fictif, Jeff Striker.
C'est un petit bijou de précision qui mêle avec beaucoup d'intelligence la sensibilité de ce narrateur et les événements dont on comprend avec fluidité l'agencement au cours du temps. Sylvain Desmille n'oublie pas d'intégrer l'histoire de Stonewall qui sans doute, permit également aux Etats-Unis d'Amérique de s'interroger sur le droit à la différence et à l'indifférence, qui vont ensemble.
Bon visionnage.



Grand écran : My american (way of) life par LCP

jeudi 21 juillet 2016

Choisir son cadre


Τι είναι αγάπη/Qu'est-ce que l'amour ?

D'Onirama :

Qu'est-ce que l'amour ?

L'amour est là pour que tu te perdes
L'amour est là pour te réduire en miettes
L'amour est là pour te faire tourner la tête
Sans que tu ne regrettes rien
Tout aussi simplement
Que tu te trompes du tout au tout

L'amour est une guerre
L'amour est une ivresse
L'amour est une terre étrangère
Pour celui qui ose s'aventurer au loin
L'amour est un châtiment
L'amour est un incendie
Il ressemble à un rosier sauvage
Qu'est-ce que l'amour ?
Qu'est-ce que l'amour ?

L'amour fait que tu aimes
Et que tu t'abandonnes librement

Oh, pourquoi entoures-tu avec peine
De tes bras ton pays aussi simplement ?
Les yeux voient mieux avec le coeur

L'amour est une mer
L'amour est une folie
L'amour est un court-circuit et un jour nouveau
Finalement, l'amour est une paire d'ailes,
L'amour est un incendie
Il ressemble à un rosier sauvage
Qu'est-ce que l'amour ?

L'amour est un rêve sans début ni fin
L'amour est un ange qui envoie sa flèche au loin
L'amour c'est...


Garçon dans le bois


mercredi 20 juillet 2016

Le banquet d'Auteuil

Cette pièce a été présentée l'an dernier à Paris au Théâtre 14. Il s'agit d'un nouveau regard sur Molière, qui intègre le jeune Baron, âgé de dix-sept ans dans sa troupe en 1670. Molière en a quarante-huit. (Molière meurt en 1673 à cinquante et un ans). Jean-Marie Besset a imaginé l'amour de Molière pour ce jeune garçon dans cette pièce où il présente le goût pour le libertinage, sans doute plus aisé à évoquer aujourd'hui qu'alors. Et il faut rappeler que la position sociale d'alors de Molière lui donne toute lattitude pour mener une vie privée sans se soucier des positions bourgeoises ou aristocratiques d'alors qui ne gênaient pas pour mener la vie qui leur convenait pourvu que la morale catholique s'y retrouve !
La source de cette pièce se trouve chez un biographe de Molière, Grimarest, qui s'appuyant sur le récit de Baron, en fait plus que son confident. C'est Baron qui annonce au roi Louis XIV la mort de Molière, à un moment où Molière et Armande Béjart ne se voyaient que de loin.
Peu importe la vérité historique qu'on ne connaîtra pas de toute manière : il en résulte une belle pièce dont les jeunes interprètes apportent une grande fraîcheur à ce Molière revisité.


mardi 19 juillet 2016

Label oh !


Street art stin Athina

Je ne suis pas sûr que le titre de « Un musée à ciel ouvert» soit justifié : Athènes est un lieu où tout se transforme sous les yeux du passant. Néanmoins cette présentation est sympathique, même si les trois étudiants français n'ont pas beaucoup de choses à exprimer de leur approche du street art : « C'est pas mal, c'est impressionnant ». Ils ont encore deux ou trois éléments à appréhender de la place de l'art dans la cité. Par ailleurs, dans ce street art, tout ne se vaut pas. Ce street art précis, à Athènes est davantage à regarder comme l'expression de la très grande crise que vit la Grèce actuellement. Grèce Hebdo n'a pas réalisé là un document d'une très grande qualité. Même si les grapheurs sont difficiles à rencontrer – et rien n'empêche de les rencontrer dans la spontanéité de leur travail en action – on s'interroge sur le propos un peu naïf de ce sujet. Non, ce n'est pas forcément beau : c'est la difficulté d'Athènes de devenir, de manière autonome, une ville autrement qu'en souffrance. Omònia, évoquée rapidement, est, en particulier, l'expression de cette très grande souffrance.

dimanche 17 juillet 2016

Πο πο πο ! - Ouh, là là !

Mais on peut utiliser d'autres langues que le grec ou le français : par exemple en silvanien, on dit "Fouloulou !"

Travis Canata, par Mariano Vivanco (j'ai une mine !)

samedi 16 juillet 2016

Το πρωί

Το πρωί με ξυπνάς με φιλιά...
Mon copain blogueur Arthur Montignac a eu la bonne idée de publier cette belle vidéo, que j'avais dans mon stock de billets. Tant pis, je la publie à mon tour. La chanson est magnifique : Le matin tu me réveilles de tes baisers... qu'on peut chanter indistinctement à qui on veut ! Ici, c'est Γιώργης Χριστοδούλου/Giorguis Christodoulou, à la voix suave, qui s'y colle...


vendredi 15 juillet 2016

Niça nhafrada

Nice blessée, plus que blessée...
Je me suis endormi hier soir en lisant qu'un camion fou avait foncé sur la foule. J'ai pensé à un simple fait divers, et n'ai pas voulu en savoir davantage. C'est ce matin, en écoutant la radio, que le pire s'est confirmé.
Les médias s'étaient un temps réjouis que l'Euro de foot se soit déroulé dans une relative sérénité, incidents marseillais mis à part entre Russes et Britanniques. Ce silence ne valait rien qui vaille. Je n'ai pas de commentaire à faire sur l'événement, et d'autant moins que les gloseurs qui se succèdent dans les médias, politiques, criminalistes et autres bavards me semblent indécents. Evidemment, l'état d'urgence sera reconduit pour une efficacité que l'on sait, et seul persiste le sentiment que le monde a vraiment basculé, avec des scénarios improbables que l'on ne pensait visibles que dans des thrillers américains.
Je pense à Nice, ville où j'ai des attaches, mais j'ai été rassuré. Il n'empêche : je n'irai plus vers les Arènes de Cimiez, ou promener dans les vieilles rues de manière aussi innocente que d'habitude. Je saurai que là, tout proche, cette horreur se sera déroulée, et que n'importe où, d'ailleurs, une autre espèce de folie meurtrière pourra advenir, sans qu'on puisse s'en prévenir, comme une peste qu'on pourra contracter aussi facilement que l'on respire encore un peu.
Nice, ville grecque, Nice occitane, Nice italienne avec le souvenir de Garibaldi, toujours présent, à peine a-t-on traversé la place qui porte son nom, sortant du MAMAC, Nice où l'on déambulait jusqu'au restaurant Acchiardo. Nice fait partie de ces lieux que l'on croit intangibles, protégés par une sorte de folklore que l'on croit consensuel. Rien n'est consensuel.
Joseph et Silvano soulignent l'en-tête de Véhèmes : « Parfois on aimerait, face à la violence du monde...». Quand j'ai créé Véhèmes, cette phrase n'était pas prophétique : la violence était déjà là, peut-être depuis les débuts du monde. Mais on la remarquait moins, elle n'était pas vraiment en Occident, mis à part un forcené ou deux de temps en temps. Je fais partie des gens qui ont une longue mémoire. Il y a un grand livre illustré, un album des faits de violence, quels que soient les lieux où ils se sont déroulés. Nice s'y est rajoutée.


Parle-moi. Dis moi tout ce qu'on pourra se dire dans le chant de la mer.
(Promenade des Anglais, Celeos, octobre 2014, première publication 1er novembre 2014)


*     *     *

Un scénario se dessine. Un petit mec fruste. Il est marié, il a trois enfants. Sa femme a assez à faire avec les mômes, et n'a pas le temps de s'occuper du mec. Le mec, pour sa femme, c'est pour faire les mômes, après, ça sert plus à rien. Il essaie de lui dire qu'il existe encore, qu'il est jeune, qu'il a envie de faire l'amour. Il ne sait pas le dire: il n'a pas les mots. Elle, elle ne sait pas ce que c'est que de jouir. Son plaisir, c'est d'être avec les mômes, ceux qui lui disent vraiment ce qu'elle est : une femme, une mère. Le mec, le papa, il n'est pas souvent là. Il préfère les potes, juste quelques potes, qui lui disent ce qu'il est. Papa ? Le terme ne lui parle pas. Il s'en fout. Et comme il ne sait pas dire les choses, parfois, il est violent, il essaie de faire l'amour de force. Elle, elle ne veut pas. Elle ne le désire plus. Son désir, ce sont les enfants. Ils sont sa chair, ils ont bu son lait. Comme son mec a été violent, elle est allée voir une association qui lui a conseillé de ne pas rester avec lui s'il est violent. Il peut parfois être violent aussi avec les enfants, ceux qui la séparent de lui, et elle a peur qu'il s'en prenne aux enfants. Elle veut le quitter. Quelque temps après elle l'a quitté avec les enfants. Il lui faisait trop peur. Il était trop violent.
Il s'est retrouvé seul, dans un appartement vide. Il a bu des bières. Il n'est pas religieux, la religion il s'en fout, c'est des conneries. Mais il ressasse sa vie qui l'a amené là. Il y a trois mois, il était énervé. Sur la route, un con lui a fait une queue de poisson. Il était dans un pick-up chargé des matériaux qu'il lui restait du chantier. Il a voulu rattraper le type. Il a accéléré. Il l'a dépassé, et l'a forcé à s'arrêter pour s'expliquer. Le ton a monté, et comme il ne sait pas trouver les mots pour dire les choses, il a crié, il a insulté. Il a pris une palette de bois qu'il avait dans son pick-up et l'a jetée à la tête du type qui lui avait fait une queue de poisson. Et puis il est reparti. Le type n'a pas été blessé. Il s'est écarté. Mais il est allé porter plainte, et le petit mec s'est retrouvé devant le juge en correctionnelle. Il s'est pris six mois, avec sursis, car le type n'avait pas été blessé.
Humilié, une vie qui n'a pas de sens. Une femme partie avec les gamins. Une merde. Tous des cons. Il avait un travail, il a failli le perdre à cause de la justice. Il a essayé d'expliquer à son patron. Il lui a dit que c'était l'autre con qui lui avait fait une queue de poisson. Le patron aussi le prend pour une merde. Exister. Exister sur la route, avec un moteur. c'est là qu'il existe. C'est là, depuis un engin, qu'il est plus haut que les autres. Lors d'une dernière livraison, il avait poussé le moteur. Il dépassait les 130. Avec un engin à pleine puissance, c'est une sensation formidable. Pousser le moteur. Ne pas s'arrêter. Contre les cons. Contre les femmes. Contre les enfants. Exister avec un nom en gros dans les journaux.
A Saint-Laurent, il a pris sa carte de crédit. Il a loué un camion. Il a poussé le moteur. Depuis Saint-Laurent, tout le long, on voit la mer. On voit au loin les lumières des bateaux. On sent les embruns.  Limité à 70 tout le long, puis 50. On va doucement. Il ne sait pas le dire tout cela. Il le sent seulement. Il est arrivé au niveau de la promenade. Il a coincé le pied sur l'accélérateur. Il aura son nom dans les journaux. On dira que c'est pour la religion. Il s'en fout. Il aura son nom dans les journaux.

Guillaume Côté - The Calm Below

Le toujours très impressionnant Canadien Guillaume Côté...


dimanche 10 juillet 2016

Bilan sans gain

Le téléphone sonne hier matin. Le médecin du laboratoire. Il me demande si c'est bien moi
qui suis venu faire une prise de sang. Je confirme. Il me dit que mon médecin traitant a demandé une analyse précise, moins fréquente que les autres et qui vérifie la présence de D-dimères. On doit normalement être au-dessous de 500 mg par litre de sang. Je dépasse les 500 : je suis à 520 mg de D-dimères. Le médecin du laboratoire est un peu inquiet pour moi : il me demande si je présente des symptômes de thrombose. Je lui réponds que je ne ressens pas de symptôme particulier, si ce n'est cette grande fatigue. Mais qui peut être due autant à la chaleur qu'au travail intensif que j'ai mené dernièrement.
Il tient à me dire qu'il me rappellera lundi pour vérifier que tout va bien. Sinon, je dois intégrer les urgences de l'hôpital. Demain je retourne au travail. Nous verrons alors dans quel état je serai. Néanmoins, je reste assez fataliste : arrivera ce qui est de l'ordre des choses naturelles. Toute chose étant égale par ailleurs.

Noël en juillet !

J’ai reçu avec beaucoup d’émotion le contenu d’un paquet dans ma boîte aux lettres. Un livre dont j’espérais depuis longtemps la sortie : Tombe, Victor !
Eh oui, comme beaucoup de lecteurs de Gay cultes, j’ai lu, en leur temps, les billets du lundi de Silvano, dont je découvrais, avec émotion, avec bonheur, semaine après semaine, la narration des souvenirs de Paul, de l’apprentissage de la sexualité dans une région dont je connaissais bien les lieux, ceux de la Côte d’Azur.
Et comble de surprise, je lisais dans le récit nombre de points communs qui me rattachaient à Paul, sans doute un milieu familial très proche dans une France à peu près de la même période.


J’ai le souvenir, enfant, de cette télévision dont parle Paul, dont les émissions « de variétés » faisaient surgir les chanteurs « yéyé » — j’ai entendu sur France Inter l’évocation des débuts de Françoise Hardy, dont on n’ose pas dire qu’elle est presque une vieille dame aujourd’hui, mais je préfère de loin son fils Thomas ! — le terme « yéyé » étant l’invention de notre cher Edgar Morin.
Une France déjà bien vieillotte et poussiéreuse qui n’allait pas tarder à voir surgir les bouleversements de mai 1968. La jeunesse aspirait à s’amuser, dire ses envies de draguer — mais il était impensable qu’on puisse parler de l’amour des garçons entre eux, dont la doxa continuait à véhiculer des images ridicules ou scandaleuses. En ce qui me concerne, moi dont la sexualité n’existait alors qu’à l’état larvaire, il était même impossible de penser que l’amour entre des garçons pût exister. Ça n’existait pas, tout simplement. Et si tout jeune j’éprouvais déjà quelques émotions de voir des chemises entrouvertes laissant apparaître de beaux torses, j’ignorais que ce goût pouvait appartenir à quelque chose d'autre qui n'était pas de la même nature que le goût pour la glace à la vanille, la limonade ou les sodas de la marque Pschitt !, et c’est bien plus tard que je compris ce qu’était vraiment la sexualité.

Mais je ne veux pas raconter ici mon enfance : il me suffit de dire ce que Tombe Victor ! a rappelé en moi d’émotions, même si, plus jeune, mon éveil à la sexualité ne s’est pas déroulé dans les mêmes conditions.
Je ne suis pas un farouche lecteur de textes gays, qui virent rapidement au seul assouvissement sexuel sans que l’on ne sache, justement, du désir né d’un premier regard, à la drague plus ouvertement exprimée, jusqu’aux premiers touchers, aux premières caresses et enfin la satisfaction d’une étreinte amoureuse, quels émois, en retour, viennent affecter l’esprit et en structurer les ombres et les méandres. Certes, quelques grandes œuvres de la littérature qu’il ne m’est pas nécessaire de citer ici apportent leur lot d’affres et de tourments, décrivant sans toutefois donner dans l’explicite (ah, Albertine !) les états de l’esprit et ce que l’amour des garçons fait de nous. J’ai toujours pensé que la marginalité imposée à l’homosexualité transformait forcément le regard sur le monde et sur les choses.
En ce sens, Pierre Bourdieu se trompe quand il dit que la sexualité de Michel Foucault est indépendante de sa réflexion de philosophe et d’anthropologue. C’est parce que Foucault était homosexuel qu’il a pu développer sa réflexion autour des normes de la société occidentale, en explorer les contours historiques, en cerner les limites jusqu’à remettre systématiquement en question les antériorités de sa propre réflexion.

Mais je ne vais pas partir en dérive philosophique de ce que l’état de l’homosexualité en France dans les années 1960-1970 nous renvoie aujourd’hui. Je voulais simplement rendre un hommage à ce livre, que je crois plus important qu’il ne semble, dans sa fraîcheur et dans son récit de l’innocence. Oserai-je dire qu’il m’a transformé, moi déjà ? Peut-être ai-je un sens exacerbé de l’empathie, mais je crois que j’ai vécu les moments que raconte Paul, dans ses amours, dans son admiration pour ce que représente Victor, jeune futur beau mâle, et déjà si sûr de sa capacité à séduire…

Je ne voulais pas faire un billet trop long et m’aperçois que je suis incorrigible !
J’ose avouer que l’émotion m’a saisi au plus haut point lorsque Paul découvre la représentation d’Angelo, pétrifié, dans un des plus beaux lieux que Florence recèle.
Certes, tous ceux qui touchent à l’écriture savent que l’on commence à mentir dès que le premier mot est posé sur une feuille de papier ou sur un écran d’ordinateur aujourd’hui. Qu’importe ! Ce qui est réel, c’est ce qui existe, ou que la magie de l’écriture permet de faire exister : je crois avoir déjà raconté que la rue de la Grange aux loups n’existait pas à Brest, avant que Barbara n’écrivît sa chanson. La force de son texte a fait en sorte qu’il existe, aujourd’hui, à Brest, une rue de la Grange aux loups !

On sait que l’auteur, Louis Arjaillès (Silvano) est un cinéphile accompli : les images défilent, et comment pourrait-on ne pas accompagner Paul dans son avancée dans ces sentiers de contrebande ?
Oui, il faut lire ce texte, le relire et le faire lire autour de soi, quelle que soit sa propre orientation sexuelle, qui n’est peut-être finalement qu’un autre aspect de ce qui se dégage du livre, plus profond par sa dimension charnelle, humaine.

Je veux rappeler aussi que Véhèmes n'existerait pas si l'écriture de Tombe Victor! n'était pas apparue dans Gay Cultes. Je disais plus haut que ce récit m'avait transformé : il m'a donné envie enfin d'exprimer dans un blog ce que ma propre homosexualité et la sensibilité qui lui est attachée me renvoyaient de ce que je ressentais, de la culture, du monde, des indignations insupportables qui me parviennent, de mon propre goût pour la beauté des êtres et des choses, et que j'ai eu finalement envie de partager. Certes, c'est souvent que j'en ressens également la vanité, mais dans ces lieux d'échanges que sont nos blogs, l'important est justement ce que nous sommes encore en capacité de dire et d'apprendre des autres.

Merci, Silvano, d’avoir livré cette part de vos souvenirs, et d’avoir eu la constance de mener ce projet à bien, montrant que nos petites écritures blogueuses ont parfois des vertus qui leur permettent de devenir des objets réels.

Nous continuerons, parce que les conventions parfois sont porteuses à la fois d'amitié, de respect, de considération, à nous donner du vous dans nos échanges blogueurs et parce que ces conventions sont aussi la marque, sur le Net, d'une distance qui sait dire que cette amitié, ce respect et cette considération ne se galvaudent pas à une époque ou chacun se tutoie comme si ce tutoiement était l'expression d'une proximité chaleureuse. Le jour où les flics ne tutoieront plus les gens qu'ils appréhendent, nous pourrons reconsidérer le tutoiement public.

Tombe, Victor, n'en finis jamais de tomber, pour que Paul puisse encore être en mesure de te lécher le genou et de t'apporter autant de réconfort que celui que tu as pu toi-même lui apporter en étant cet initiateur en amour !

samedi 9 juillet 2016

Coup de mou

Dure fin de printemps. J'ai pu arriver à la deadline du projet que je conduisais dans les temps et avec les objectifs qualitatifs que j'avais choisis.  Pour autant, tout se paye : notamment la fatigue, le sacrifice d'autres activités, l'interrogation sur le devenir des futurs projets,  et la capitalisation des projets en cours. Il faudrait avoir davantage de lattitude, pouvoir travailler sur une programmation à long terme dans laquelle se dégagent les véritables cohérences des actions que l'on mène. Hélas, cette manière d'agir n'est plus à la mode. On travaille dans l'instant le plus souvent,  dans le caprice des décideurs.
Grosse fatigue, du coup ; le blog s'en ressent, et je n'ai même plus le temps d'aller faire mon marché sur le Net rechercher de beaux garçons...

J'emprunte celui-ci à mon copain Ĵeromo Tanguy, de Gejaj rakontoj en Esperanto
que vous pouvez trouver dans ma liste de blogs amis, c'est toujours un ravissement, 
mais je suis très amusé par cette photographie, façon très années 1960, où se dessinent tous les contours de ces petits mecs gouailleurs et machos dont l'Italie, notamment, avait le secret... Il n'est sans doute pas sans rapport avec le billet d'hommage que je prévois pour demain...

jeudi 7 juillet 2016

vendredi 1 juillet 2016