Je préfère le dissensus dur au caramel mou

Je préfère le dissensus dur au caramel mou
Medusa – Il Caravaggio

Parfois on aimerait, face à la violence du monde, qu’un garçon vous prenne dans ses bras et murmure : « Ça ira, je suis là, on connaîtra des jours meilleurs… »

samedi 15 octobre 2016

Salut à Pierre Etaix

Je n'aime pas le cirque et les clowns ne m'ont jamais fait rire. J'ai plutôt le souvenir autrefois d'un moment de terreur quand un clown se préparait sur le boulevard et se maquillait avec du fard blanc. Je crois que je n'aime pas les blancs non plus, pas plus que les catholiques. C'est peut-être ça, d'ailleurs, le problème de ce pays: un pays de clowns au visages trop blancs qui ne se plaisent que dans des cérémoniels archaïques, vêtus de costumes aux tailles démesurées et hurlant leur joie imbécile de ne se trouver bien qu'entre clowns. Un monde psychiatrique.

Le monde de l'enfance, celui d'une rêverie infinie, où les gens qui se prennent au sérieux n'ont pas leur place, Pierre Etaix l'avait investi sans jamais l'avoir quitté. Il m'avait un peu réconcilié avec les clowns, sans m'avoir vraiment convaincu toutefois. Le monde du cirque est peut-être trop une caricature de la misère du monde, celle filmée par Tod Browning, y compris celle des animaux.

J'ai pourtant aimé le cinéma de Tod Browning et celui de Pierre Etaix qui n'ont presque que le cirque comme point commun. J'ai toujours eu dans un coin de mon crâne la petite musique, légère, de Yoyo qui disait que Pierre Etaix était un poète de l'image et du son. En France, pays de clowns, on n'aime pas la poésie et l'on laisse croire qu'on aime quelques poètes.


Pierre Etaix fut un peu oublié, même si Télérama lui rendait parfois hommage. Il conservera une très belle place, aux côtés de Jacques Tati, dans un amour de la dérision où il retrouvait parfois Cocteau.

Pierre Etaix est parti pour son dernier tour de magie : salut à lui, révérence au poète.


3 commentaires:

yves a dit…

bizarre ! comme c'est bizarre ! je dis ça parce qu'en ce moment des disparitions, des fins s'accélèrent. je constate que beaucoup de blogs s'arrêtent, nettement moins de commentaires...
ras-le-bol ?
lassitude ?
fin de cycle ?
désertification de la pensée culturelle ?
quelle époque !
heureusement, la nature - celle qui aura toujours le dessus quoiqu'en pense la cohorte d'écologistes bien pensants et leurs amis climatologues persuadés de détenir la vérité - suffit à me consoler de "ce monde psychotique". sinon, oui, la Poésie quand le vent souffle trop fort, comme celle de Paul Fort... vient me réconforter.
merde, je vieillis bien. j'apprécie de plus en plus souvent le bonheur à portée de moi !

Celeos a dit…

Ce n'est peut-être qu'une passade, Yves. Le besoin d'échanger est-il moins fort ? Je ne le crois pas.

Silvano a dit…

Je vois ce soir "Pays de Cocagne", son film documentaire que je n'ai jamais vu, extrait du coffret Pierre Etaix qu'on m'a offert lors de mon dernier anniversaire.