Je préfère le dissensus dur au caramel mou

Je préfère le dissensus dur au caramel mou
Medusa – Il Caravaggio

Parfois on aimerait, face à la violence du monde, qu’un garçon vous prenne dans ses bras et murmure : « Ça ira, je suis là, on connaîtra des jours meilleurs… »

mardi 27 juin 2017

Mes chéris


Mes chéris,
Ça me fait drôle de vous appeler « mes chéris » : c’était elle qui commençait ainsi ses courriers quand elle nous écrivait collectivement. Aujourd’hui, j’ai l’impression d’endosser sa personnalité, comme le fait le héros de Psychose joué par Anthony Perkins, dans le film de Hitchcock, s’habillant comme celle qu’il a tuée et rejouant son personnage, mettant ses robes. Non franchement, je ne me verrais pas mettant ses robes, ni en endossant quelconque de ses traits de caractère. Je la laisse où elle est, non dans l’oubli — pourrais-je jamais l’oublier ? — et je vais formuler autrement les choses, à ma manière. Oublions alors « mes chéris ».
Ça me fait drôle également de vous répondre comme si le billet « Refugees » avait été fait à votre intention et comme s’il était nécessaire d’avoir à justifier ce qui m’étonnait dans mon billet. Oui, ce que je disais dans ce billet m’étonne encore :
« Je suis peut-être le seul blogueur de la blogosphère gay à parler de ces problèmes qui taraudent notre temps et nos sociétés encore un peu plus confortables, dans cet ouest de l'Europe. J'ai conscience que la blogosphère gay ne vient pas chercher sur un site des informations ou des humeurs qui risquent de ne pas paraître compatible avec le goût pour les fesses des garçons. »
Je ne m’adressais à personne en particulier, faisant simplement le constat que les problèmes sociaux, de manière générale, sont absents des préoccupations de la blogosphère gay. C’est simplement un constat. Vous me répondez, l’un et l’autre que votre implication n’est pas en reste, l’un sur un « mur » Facebook et sous son véritable nom, l’autre que la vie ne se limite pas à ce qu’on publie sur un blog. Certes, certes, en disconviens-je ? Je ne suis pas un surfeur de la Toile tous azimuts, mais j’aime assez me promener sur les blogs gay de gens plus jeunes ou plus âgés que je ne le suis, sans jamais trouver d’échos ou de préoccupations de mes propres indignations. Encore une fois, c’est seulement un constat, et non un reproche à qui que ce soit.
Mais ce qui me paraît étrange encore, c’est la mention « j’en parle sous mon vrai nom sur mon mur Facebook » que me dit Silvano. Là surgit peut-être ce qui pose vraiment problème, et que je crois sans véritable solution : une sorte de schizophrénie s’est installée dans la blogosphère gay, qui fait qu’il est possible de parler d’un certain nombre de sujets sous son véritable nom et que s’agissant des préoccupations gaies, on est tenu de conserver une espèce de discrétion comme si les pratiques sexuelles, les comportements que l’on peut avoir parce que l’on éprouve un désir érotique pour le même sexe que le sien était sinon condamnable, du moins sujet à caution, et que ce qu’il faut bien appeler une norme venait, comme une sorte de gendarme intransigeant, dire ce qui est de l’ordre du compatible avec la vie banale et ce qui ne l’est pas. Ainsi, on ne parlerait que de l’esthétique des fesses, ou de la bite — et encore faudrait-il en parler, et ne pas se contenter de constituer une sorte d’album photographique en continu au rôle bien ambigu, en fin de compte — et ce qui est du ressort de la vie « normale » pourrait être discuté sous l’identité réelle. Et tu me dis, estèf, que je fais ce constat parce que j’ai « une vision très communautaire du monde gay ». Ah, non, tu fais un contresens. S’il existait une « communauté » gay je la fuirais très vite. C’est bien parce que j’essaie le moins possible de m’abriter derrière une attitude gay ou un pseudo que je n’établis pas de séparation de ce que je suis ou fais en tant que gay ou bi, et ce que je pense tout simplement en tant qu’être humain. Et nous le savons tous, que l’usage d’un pseudo n’est pas tant un exercice de style, un goût pour une identité différente, que la nécessité de s’abriter un peu à l’écart d’un monde qui a conservé un immense part d’hostilité envers les gays : il faut donc se protéger par rapport à son propre milieu de travail, sa famille, ses compagnes, qui ne soupçonnent rien sans quoi le monde s’effondre… Le copain Arthur a bien mis le doigt sur une pratique du secret dont tous les gays sont plus ou moins préoccupés, sinon à être plongés dans le seul « milieu » gay (« hors milieu », lit-on parfois sur des sites de rencontres…).
Alors ? une identité et des prises de positions engagées sous l’identité « normale » que la société nous a attribuée, et de l’autre une identité où on se laissera aller à dévoiler nos goûts pour ce que la société « normale » appelait autrefois l’ « inversion », comme si, somme toute, il s’agissait de trouver un lieu, la blogosphère gay, où on pourrait se laisser aller tout à son narcissisme, son obsession de son propre ego et de l’image des garçons, de celle qu’on renvoie ou qu’on essaie de renvoyer, parce qu’en fin de compte la blogosphère fonctionne comme une espèce de miroir avec lequel on joue de ses reflets. Oui sans doute, c’est bien une sorte de schizophrénie que de vouloir exister avec ses fantômes anciens ou plus récents.
Je ne sais pourquoi, je n’ai plus vraiment d’intérêt pour cela. Sans doute suis-je encore capable de m’émouvoir pour la narration d’un moment de séduction entre garçons. Sans doute suis-je encore capable moi-même de jouer avec mon propre désir et faire ce qu’il faut pour qu’un échange de reconnaissance se passe avec un autre garçon, qui n’est souvent plus un garçon depuis longtemps, d’ailleurs.
C’était la Gay pride ce jour. Je n’y suis jamais allé. Je ne m’y suis jamais reconnu, malgré la tendresse que j’éprouve pour ces garçons qui se sont révoltés à Stonewall dont la gay pride reste la mémoire, l’hommage et le refus des discriminations. Je crois encore que ma façon d’être gay reste décidément hors de toute démarche collective, et que mes engagements sont scellés par d’autres sensibilités ou d’autres compassions. Je crois que j’avais écrit, je ne sais plus quand, que j’étais un queer chez les queers. La normalisation du monde gay ne m’a jamais convaincu. Rien ne me fait tant horreur que les familles, les mariages et tous les sacrements qui peuvent faire croire à la possibilité d’une quelconque normalisation. Je m’interroge sur cette manière de vivre caché lorsqu’il s’agit de ne pas révéler à ses proches son goût pour les garçons. Je ne veux pas dire pour autant qu’il conviendrait de faire son coming out à tout prix. Non, je m’interroge, seulement. Rien n’est naturel et rien ne va de soi. Je ne sais rien de ce que sera l’avenir pour les gays en Occident, dans les pays musulmans, en Tchétchénie, ou dans les pays que les religions attardées maintiennent en état de contrainte et de souffrance. Je ne sais rien de tout ça et reste maintenant dans une autre relation au temps, où l’imaginaire me permet d’accéder à d’autres périodes et d’autres lieux. Mais ce que je sais de notre temps est que s’il existe une affirmation ou une revendication d’être de ceux qui aiment des personnes du même sexe, cette revendication ou cette affirmation ne peuvent être traduites par d’autres voies que celles de la solidarité exprimée envers d’autres minorités, et tout simplement parce qu’être gay a apporté à tous les garçons des discriminations qui nous ont conduit à être d’une certaine nature. Il est possible qu’un certain nombre de gays refusent cet état de fait. Les gays que l’on retrouve au Front national, partageant ainsi dans leur parti leur rejet de l’altérité me semblent être dans un déni de leur propre nature. Un gay ne devrait pas voir le monde de la même manière qu’un hétéro, parce que la conception d’un monde normatif n’est tout simplement pas imaginable, tout simplement parce que le monde n’apparaît pas de la même manière lorsque on appartient au monde des dominants ou au monde des humiliés. Mais les gays également ont le droit de se tromper, et de vivre comme si les milieux sociaux segmentés dans lesquels ils se trouvent leur donnaient la capacité d’agir en parfaite méconnaissance de cette certaine nature. Tout au moins en ont-ils l’illusion, ou veulent-il faire comme si, jusqu’au jour où le réel les rattrape en plein visage. C’est peut-être ce qui risque de se passer pour un certain vice-président d’un parti politique d’extrême droite.
On risque de m’opposer que la normalisation de la place des gays est une avancée sociétale permettant de retrouver des gays dans tous les partis politiques, tous les milieux sociaux. Bullshit ! Balivernes et poudre de perlimpinpin ! S’il y a des gays dans tous les milieux sociaux, il est clair que tous ne vivent pas leur homosexualité de manière égale. En fin de compte, c’est la norme absolue qui gagne, toujours. Que la France d’aujourd’hui soit celle du rejet majoritaire des étrangers, du retour des cathos trados, des traditions débiles et du flicage généralisé de la société en dit assez sur ce que peut être ce goût pour la norme. Qu’un flic homosexuel, après tout plutôt sympathique d’après ce que l’on a appris après sa mort, se soit fait dégommer par un abruti dont la pulsion de mort seule l’animait, reste éminemment regrettable. Je ne suis pas sûr toutefois que cette mort soit le prix à payer pour une acceptation par la société que deux mecs couchent ensemble de manière normale.
Enfin, il faut conclure, même s’il n’y a pas de moralité à tout cela et que le débat sur la normalisation de l’homosexualité ne se résoudra pas aussi simplement. Ce texte formalise simplement ma seule inadaptation à cette blogosphère dans laquelle je suis arrivé non par hasard mais de manière fortuite. J’ai essayé de proposer  ce que je souhaitais dire de ma vision de garçon gay ou bi, dans laquelle, si j’ai parfois évoqué certains de mes émois amoureux, j’ai essayé de dire que mon goût pour la beauté, pour la justice, mes indignations ne faisaient qu’un tout indissociable, car, je le répète, la nature humaine ne se divise pas. Sans doute est-ce difficile de vouloir concilier des choses qui sont considérées justement comme relevant de domaines différents. C’est sans doute une question de culture ; ou une question d’âge. Dans ce dernier cas, il me reste encore un peu de temps pour parler dans ce blog de choses qui me tiennent à cœur et pour publier encore quelques textes d’amour pour les garçons. Mais comme toute chose connaît un commencement et une fin, je m’approche progressivement de la fin de ce blog. Il m’aura accompagné quelques années, et je prévois encore quelques mois de publications.

Voilà mes amis, ces quelques réflexions que vos commentaires m’ont suscitées. Nos différences d’appréciation, nos différences d’être enrichissent de toute évidence cette blogosphère. Chacun se doit de garder le chemin qu’il a su se tracer : c’est ainsi que je vais continuer. Et ce texte n’appelle pas de commentaire, il n’est pas un appel à une discussion, juste une humeur, entre autres.

samedi 24 juin 2017

Agni parthene

Allez, on change de genre, et on met des robes !
Ce chant orthodoxe, Αγνή Παρθένε, «Vierge pure» est chanté en russe. Il fut composé au XIXe siècle par Saint Nectaire d'Egine et adapté en plusieurs autres langues, notamment au monastère de Valam dont on entend ici le chœur. Il s'agit d'un chant d'hommage à la Vierge dans la grande tradition orientale. Cette tradition religieuse musicale perdure depuis le Moyen-âge dont nous avons également en Occident quelques beaux exemples, notamment les fameuses Cantigas de Santa Maria, d'A!fonso El Sabio, roi de Castille. J'ai par les billets passés, présenté quelques uns de ces magnifiques cantiques.


vendredi 23 juin 2017

El funambulo

Le chorégraphe et danseur Wilson Granada dans un travail à partir du Funambule de Jean Genet. Il s'agit davantage d'un travail de recherche qu'un travail abouti. Mais cette performance reste intéressante, notamment dans la relation du funambule avec son fil ; il reste à interroger la place du funambule entre le sol et le ciel...

La musique est empruntée à Phil Glass, Portishead et Krafwerk. Elle n'est pas forcément toujours bien justifiée ou posée. Mais, encore une fois, le travail du danseur me semble intéressant. A work in progress.


jeudi 22 juin 2017

Je tomberai pour toi

Sidi Larbi Cherkhaoui et Woodkid dans une collaboration toute en délicatesse : I'll fall for you


mercredi 21 juin 2017

Benjamin Clementine - I won't complain

Encore un très bel Anglais : Benjamin Clementine - I won't complain
De la difficulté de vivre...


mardi 20 juin 2017

Refugees

Aujourd'hui est la journée mondiale des réfugiés. Il est nécessaire de prendre conscience que la situation faite aux victimes des guerres, militaires, économiques, écologiques est une préoccupation majeure pour notre temps et celui qui arrive. Jacques Toubon, le défenseur des droits a fait une déclaration dans laquelle il dénonce la «traque aux migrants» et aux «conditions inhumaines» qui sont faites aux populations qui recherchent un lieu où se poser, dorment à même le sol. Des CRS sont intervenus dans une salle d'intervention d'un hôpital, pour expulser un réfugié, ai-je lu quelque part.

Il ne suffit pas de passer un bulldozer pour effacer un problème que les pouvoirs publics ne veulent pas résoudre.

Ce n'est pas parce que nous avons voté, en déléguant une responsabilité d'action, ou refusé de voter parce que nous ne nous n'acceptons pas  l'inefficacité des pouvoirs publics que nous ne pouvons pas intervenir auprès de ceux qui sont présents, là devant nous et qui demandent à vivre, dignement.




Dans ce pays qu'est la France, mais apparemment l'initiative a été aussi relayée dans d'autres pays dont l'Italie, des «Identitaires», terme moderne pour désigner des nostalgiques de la race pure, ont imaginé une levée de fonds pour saborder les barques transportant les réfugiés en Méditerranée. C'est une parfaite ignominie. On ne peut que se féliciter qu'une action en justice soit engagée contre ce type de saloperies. Et déplorer que de parfaits crétins aient pu verser de l'argent pour cette action de barbouzes attardés.

Je suis peut-être le seul blogueur de la blogosphère gay à parler de ces problèmes qui taraudent notre temps et nos sociétés encore un peu plus confortables, dans cet ouest de l'Europe. J'ai conscience que la blogosphère gay ne vient pas chercher sur un site des informations ou des humeurs qui risquent de ne pas paraître compatible avec le goût pour les fesses des garçons. C'est ainsi. Se sentir appartenir à une minorité me rend solidaire des situations d'autres types de minorités. Parce que la nature humaine ne se divise pas.

Passez un bon dimanche. Un garçon d'Afrique, Funbi, chante Haleluyah (pas celui de Leonard) et remercie un être supérieur... On peut partager son plaisir de ce monde  dans lequel d'autres pourraient également vivre sereinement.



lundi 19 juin 2017

Il soulèvera des montagnes

Andrew «Roo» Panes est un jeune Anglais de 29 ans, qui a travaillé, apprends-je sur la Toile, pour le fabricant de fringues Burberry où il a fait connaître sa musique, très connotée country (Brokeback Mountain ?...) On a presque envie d'y croire ! Beau picking de guitare et belle voix un peu rauque qui rappelle un peu celle d'Hozier. Décidément, ces gens d'au-delà du Channel sont plus qu'agréables !

Roo Panes - I'll move mountains


dimanche 18 juin 2017

Wyclef Jean - Ne me quitte pas

Une belle interprétation de la chanson de Jacques Brel.
Bon dimanche. Tenez-vous au frais !


samedi 17 juin 2017

Ben Mazué - J'arrive

Une série, ces jours-ci de beaux chanteurs : textes sympathiques, personnalités attachantes et peut-être, un vrai répertoire qui se constitue.

J'avais déjà présenté Ben Mazué dans une interprétation de J'aime les gens qui doutent, très beau texte d'Anne Sylvestre. Le voici dans J'arrive. Le texte a de la gnaque, et c'est bien.


vendredi 16 juin 2017

Les Cévennes sentent le foutre

Depuis une dizaine de jours, les châtaigniers sont en fleurs. Ce mois de juin est particulièrement chaud, et se dégagent des exhalaisons qui rappellent un érotisme torride lui également.
J'avais, dans un billet précédent, rappelé ce conte du Marquis de Sade (on peut cliquer ici). Il est vrai que certains arbres ont cette vertu. Lors d'un précédent voyage en Grèce, à la fin de l'été, un autre arbre laissait se répandre dans les rues d'Athènes une odeur tout aussi semblable.



Je n'ai pas reconnu tout à fait l'arbre : il semble qu'il soit de la famille du laurier sauce, donc de la famille des lauracées. Mais le port de l'arbre reste assez différent, si la feuille et les fleurs accusent quelque proximité.

Ah, cette odeur me met en joie !

Nicolas Bacchus - Les uniques


jeudi 15 juin 2017

Laisser respirer la Grèce

Je manque un peu de temps en ce moment pour alimenter le blog : mes activités professionnelles sont très chronophages.

Je prends un peu de temps toutefois pour saluer la démarche de Libération, interpellant le nouveau président de la République française (voir l'éditorial de Laurent Joffrin ici). Mais pour dire aussi qu'il ne va pas assez loin : alléger le fardeau de la Grèce n'est pas supprimer le fardeau. La Grèce n'en peut plus, de trop de misère, de suicides, de morts, de découragement de sa jeunesse. Il faut annuler la pseudo dette des Grecs, qui n'est que le résultat des turpitudes des banques grecques et non du peuple grec. On le sait : les prêts consentis «aux Grecs» vont directement dans la poche des banques, tandis que les salaires, les retraites, les hôpitaux, les services sociaux n'en peuvent plus.

Alors, oui, si Emmanuel Macron a les qualités de sa fougue, de sa jeunesse, un caractère volontaire qu'on a pu apprécier face au président américain, il faut qu'il use de ce crédit auprès de l'Europe et auprès des conservatismes allemands pour annuler, purement et simplement la dette de la Grèce.
Il est pour le moins étrange que Bruno Le Maire reprenne les préconisations de Yannis Varoufakis, longtemps après... C'est peut-être le signe que les symptômes du malade sont trop près de l'agonie pour ne pas intervenir de manière énergique !

La Grèce a encore des ressources, notamment culturelles qui sont les plus belles. Je vous laisse avec Nikos Vertis pour ce beau moment d'émotion.


samedi 10 juin 2017

Juan, un mec selon mon coeur

Demain on vote en France. Finalement, je vais y aller, pour ne pas laisser s'exprimer localement pour des élections nationales seulement les idées les plus attardées.
Je voterai pour la France insoumise. J'émets simplement le regret que la personnalité de Jean-Luc Mélenchon ait parfois desservi son propos, et ses prises de positions parfois sclérosées soient restées dans une manière dogmatique.
Pour autant, il n'est pas seul à la France insoumise. Je me réjouis que ce mouvement puisse compter des jeunes personnalités comme Juan Branco qui se présente dans la 12ème circonscription de la Seine Saint-Denis.




Juan est un mec selon mon coeur : il démarre sa carrière brillante en parfaite connaissance de cause. Il n'a pas choisi, lui qui a effectué un parcours universitaire sans faute, de se soumettre à un système qui n'avantage que les intérêts des grandes puissances et de la finance. Engagé en premier lieu contre la loi Hadopi auprès du cabinet d'Aurélie Filipetti, il a pris ses distances avec un Parti socialiste qu'il a su évaluer à sa juste valeur, celle du néant intellectuel, celle de l'insuffisance de l'engagement contre l'injustice. François Hollande a fait preuve d'une immense lâcheté face à la situation faite à Julian Assange, de Wikileaks, face à la situation d'Edward Snowden. Aujourd'hui, contre les lâchetés collectives, ce sont des engagements personnels qui montrent la voie d'autres perspectives vers une dignité de nos comportements.




Je ne vote pas en Seine Saint-Denis, mais là où je vis, je voterai pour le candidat de la France insoumise, sans regret, en sachant que le vote pour une représentation nationale ne résout rien par définition, par logique, et que personne ne peut prétendre à me représenter. Mais face au «raz de marée» annoncé en faveur du mouvement macroniste, il faut continuer à renforcer les résistances contre le système.

vendredi 9 juin 2017

Le garçon du matin

Tu m'es apparu ce matin au débotté du petit-déjeuner, comme à ton habitude, l'air un peu égaré, cherchant du regard le chemin, la cuillère de la confiture, regardant autour de toi dans la salle de l'hôtel.
Je t'ai reconnu, plus beau que jamais, conservant un air fragile, mal rasé dans ta figure brune, haut de taille, seyant dans ton jean bleu qui soulignait encore le bas de tes reins ; c'était bien toi, dans ta chemise blanche qui recouvrait à peine ta peau, laissant ton cou décoré de boucles sombres.
Je t'ai regardé, ai cherché tes yeux, et tu m'as regardé également, dont j'ai perçu un temps d'affolement. Nous n'avons eu qu'un pas de danse, d'évitement. Tu as posé ta tasse de café tandis que je me suis dirigé vers la sortie de la salle. C'était il y a trente-cinq ans. C'était là, dans l'instant, dont les fragments du temps sont venus me frapper en plein visage et en plein cœur.


Mathieu Rosaz : Un garçon d'hiver, paroles et musique de Mathieu Rosaz