Je préfère le dissensus dur au caramel mou

Je préfère le dissensus dur au caramel mou
Medusa – Il Caravaggio

Parfois on aimerait, face à la violence du monde, qu’un garçon vous prenne dans ses bras et murmure : « Ça ira, je suis là, on connaîtra des jours meilleurs… »

jeudi 12 avril 2018

Pasolini et Rome, regards brusqués de Ferrara

La chaîne Arte présentait le 4 avril dernier le film d'Abel Ferrara, Pasolini. Je n'avais pas eu l'occasion de le voir à sa sortie, faute de salle le diffusant là où j'étais alors. J'avais toutefois retenu la bonne prestation de Willem Dafoe qui campe un Pasolini troublant, certes un peu plus âgé qu'il ne l'était en réalité au moment de sa mort, mais assez incarné pour donner une belle idée de sa personnalité.

Le film passe à côté cependant de beaucoup d'aspects, et il faut être suffisamment averti de la biographie et de l'oeuvre de PPP pour compléter les moments qui ne sont dans le film montrés que comme des anecdotes.

Je n'en ferai pas une recension longue : je ne suis pas sûr que le film en vaille la peine, hésitant entre le documentaire, l'essai de fiction à la manière de PPP, et enfin l'assassinat reconstitué qui ne penche vers aucune thèse que les amis de PPP ont pu esquisser : la mort recherchée d'un côté à la fin d'un parcours d'artiste et d'intellectuel qui ne supporte plus le monde, ou le crime crapuleux dont la mafia aurait été la main agissante. 

Faute de cette inscription dans le débat, qui aurait pour le moins pu être rappelé, ce patchwork hésitant ne dépasse pas la démarche de l'épure maladroite. Elle a au moins pour vertu de faire jouer Ninetto Davoli qui emprunte pour un instant le costume de son amant, mentor et ami. La nature généreuse de Ninetto transcende, fort heureusement, avec l'excellent jeu de Willem Dafoe, la pauvreté du scénario.

Combien plus intéressant est le documentaire d'Alain Bergala, sorti en 2013, un an avant que ne sorte le film d'Abel Ferrara. Il pénètre la pensée et le chemin de Pier Paolo, bien plus intensément que la moindre séquence du film de Ferrara, qui n'a pas saisi grand chose de l'esprit de Rome. Est-ce la faute à une sorte de vision très américaine ? Le film de Woody Allen, To Rome with love, me semblait pécher par les mêmes défauts, ce regard très superficiel sur les choses...

Voici deux extraits du documentaire d'Alain Bergala, Pasolini, la passion de Rome, très courts, trop courts à mon goût. Mais le documentaire est disponible auprès d'Arte Boutique. A revoir absolument.







2 commentaires:

joseph a dit…

Même déception pour le film sur Arte, pourtant si riche de promesses d'après des avis autorisés de critiques des rubriques cinéma; mais je devais m'y attendre car nous ne partageons pas les critiques et moi les mêmes point de vue et finalement ce n'est pas un mal qu'un artiste ne fasse pas l'unanimité ! mais quel Milos Forman les chaînes tv vont- elles nous servir en mémoire de ce grand réalisateur ?

Celeos a dit…

Oui, je trouve aussi que les critiques actuels manquent souvent d'à propos, et plus généralement de références culturelles. C'est sans doute le privilège de l'âge !

Regrets pour Milos Forman, évidemment d'un grand éclectisme, qui restera le cinéaste du Vol au-dessus d'un nid de coucou et d'Amadeus. Je n'ai hélas pas vu son dernier film, Les fantômes de Goya, mais je vais essayer de me rattraper. Il est vraisemblable qu'Arte nous resservira l'un des deux films précités : je ne ferai pas la fine gueule !