Je préfère le dissensus dur au caramel mou

Je préfère le dissensus dur au caramel mou
Medusa – Il Caravaggio

Parfois on aimerait, face à la violence du monde, qu’un garçon vous prenne dans ses bras et murmure : « Ça ira, je suis là, on connaîtra des jours meilleurs… »

vendredi 20 avril 2018

Vittorio et Paolo Taviani

J'avais revu, il y a quelques mois le film des frères Taviani,  Padre padrone, film important, sorti en 1977 — année marquante à bien des égards  , en m’interrogeant sur la manière avec laquelle les jeunes générations pourraient aujourd’hui regarder ce film, et sans doute avec beaucoup de distance. J’y reviendrai. Le cinéma a accompagné pendant tout le XXe  siècle les questionnements que le monde en plein bouleversement a suscités, et aucun lieu de ce monde n’y a échappé. Peut-être a-t-il fallu le regard singulièrement incisif des Italiens pour donner à ce point ce sentiment d’une tradition de l’image qui puise ses sources aux temps précieux de la Renaissance, où le raffinement a côtoyé sans vergogne les barbaries, sans s’imaginer qu’on était sans doute loin des industries qui viendraient quelques siècles plus tard. Je ne crois pas qu’on puisse en finir de revenir sur la richesse de ce cinéma, et de la maîtrise avec laquelle les cinéastes se sont emparés de cette matière.
D’entre eux, Vittorio et Paolo Taviani ont su particulièrement donner ce ton d’une superbe narration de l’histoire italienne. Voici un extrait de La notte di san Lorenzo, qui raconte cette nuit du mois d’août 1944, moment des Perséides où les étoiles viennent à la rencontre de ceux qui sont en recherche d’espoirs divers. Il ne faut jamais rater ces moments-là qui redonnent la dimension des hommes face à l’immensité de l’univers. C’est là que l’on retrouve son humanité, ce que Vittorio et Paolo Taviani avaient en partage. L’extrait donne la manière dont les combats sont vécus dans le mélange des époques et dans cette conscience que ce que chacun peut vivre appartient encore à une mythologie, fût-elle portée par les événements tragiques auxquels le présent ne manque pas de pourvoir.

Vittorio est décédé ce quinze avril dernier, le surlendemain de Milos Forman. S’il existe une grande nostalgie à revoir ce cinéma, je reste persuadé que la manière singulière qu’ils ont eue de filmer appartient de plein droit aux meilleurs moments du cinéma italien dont les réalisateurs actuels seraient d’une grande vertu de s’inspirer.
Je parlerai dans quelques jours de Padre padrone.


1 commentaire:

joseph a dit…

Bizarre autant qu'étrange , je vous l e concède , mais je ne me souviens pas d'un film des frères Taviani, (ni des frères Dardenne, je dois dire) comme si les fratries ne réussissaient pas à m'émouvoir assez, alors que Vittorio De Sica , Antonioni, Fellini, Pasolini, Visconti , Ferreri, oui!