Je préfère le dissensus dur au caramel mou

Je préfère le dissensus dur au caramel mou
Medusa – Il Caravaggio

Parfois on aimerait, face à la violence du monde, qu’un garçon vous prenne dans ses bras et murmure : « Ça ira, je suis là, on connaîtra des jours meilleurs… »

dimanche 30 octobre 2016

Skate cross


L'Inde est gay

Une curieuse vidéo pour le moins exotique qui présente la situation ambiguë des échanges matrimoniaux en Inde, une vue partielle de la condition gay. C'est sympathique, tendre, avec une happy end. Les vues de l'Inde sont un plaisir pour les touristes occidentaux que nous sommes, et surtout dans ce pays où les nationalismes sont exacerbés (mais après tout, pas forcément beaucoup plus qu'en France !) c'est un grand appel à la visibilité des gay indiens. Bonne lecture de cette vidéo en ce dimanche où nous dormons une heure de plus.


samedi 29 octobre 2016

En quête de vérité

Foto di Wilhelm von Gloeden, ca. 1900, attorno al pozzo del San Domenico a Taormina

United fruits

Une vidéo du Dildorama Entertainment Group réalisée à l'occasion de la Gaypride de Stockholm en hommage à l'histoire de Stonewall, histoire de rappeler que les mentalités arriérées n'ont pas disparu. Le charmant Michael Westlund y interprète un excellent Sailorboy tout à fait conforme aux stéréotypes de convention. Ça se laisse voir avec humour et pourquoi le nier ? un vrai plaisir. Enjoyez-donc !



jeudi 27 octobre 2016

Percé à jour

Le Refuge

Cet extrait de documentaire a déjà quelques années. Que sont devenus Gildas et Julien son fiancé ? Je ne sais pas. Je leur souhaite beaucoup de bonheur. Mais les problèmes qui sont ici soulevés ne semblent pas vraiment avoir disparu. Il faut encore en parler, redire les choses au-delà des fantasmes et des peurs irrationnelles de l'autre, quel qu'il soit.


mercredi 26 octobre 2016

L'Iphone me laisse sans voix

Sabine Weiss
Vendeurs de pain, Athènes [Sellers of bread, Athens]
Grèce, 1958
Silver gelatin print
© Sabine Weiss
Via Art Blart
Ces petits pains au sésame en forme de couronne sont des kouloúria - κουλούρια que l'on grignote le matin après un café. 

lundi 24 octobre 2016

Torso contact

Dario Fo - La fame de Zanni

La semaine dernière, une foule impressionnante fêtait Dario Fo, prix Nobel de littérature, ce qui n'est pas grand chose, mais surtout un homme de théâtre impressionnant, libertaire, de parole libre qui a participé dans cette belle ville de Milan à un théâtre toujours porteur de moquerie, de rire devant la bêtise humaine et d'engagement contre les injustices. Il nous a quittés le 13 octobre et ses funérailles ont eu lieu piazza del Duomo devant ses amis, héritiers de son immense théâtre qu'ils doivent continuer à faire vivre.
Ici, Dario Fo raconte "la fame de Zanni", tiré de Mistero Buffo. Le théâtre italien, celui de Molière sont nés de la commedia populaire, qui puise ses sources dans le Carnaval, quand on apprend à se moquer des puissants, du pouvoir de ceux qui s'imaginent être capable de changer le monde quand ils modifient seulement le montant de leur compte en banque. Dario, sempre vivo !


dimanche 23 octobre 2016

Igor Mitoraj : Petto a metà

Le Moitié de buste d'Igor Mitoraj est installé piazza del Carmine, a Milan. Les oeuvres de Mitoraj sont à contempler au soleil, sur fond de ciel bleu. Ce n'est pas le cas à Milan aujourd'hui. J'ai, en tout cas, admiré la mystérieuse Pietà inachevée de Michel-Ange, qui reste, en l'état, un chef d'oeuvre absolu, comme si aucun achèvement n'avait été rendu possible. A voir bientôt sur Épissures.


Note du 29 octobre :
Chris m'envoie son commentaire sur Igor Mitoraj : son billet du 29 octobre 2014 dans Gay-sculpture blog est consultable ici : clic ! Retournez-y voir (entre autres...)

Il volo - L'amore si muove

Quelques jours à la mode milanaise. Hier soir un attroupement de jeunes filles et jeunes garçons étaient en émoi place du Duomo, devant le Mondadori Megastore. Curieux, j'interroge Internet sur l'événement qui se déroulait : c'était, semble-t-il une dédicace d'un jeune duo Youtubeur originaire de Modène : Benji e Fede (Benjamin et Federico), dont le succès semble dû à un format de musique internationale. Bon, j'ai vu, de la daube à l'américaine, de jeunes gens tatoués, dopés à je ne sais quelle consommation décérébrée.

Du coup, je suis allé chercher ce groupe italien tout à fait sympathique qui s'appelle Il volo. Il chante dans la tradition italienne, c'est déjà magnifique. Et nous disent que l'amour change au cours des âges mais nous porte loin...

Passez un bon dimanche. Ici, à Milan, le temps est pluvieux que jamais !


samedi 22 octobre 2016

Le modèle et ses peintres


Anne Sylvestre - Clémence

Je m'accorde quelques jours de vacances : appelez-moi Clémence !
Je publierai certainement. Je trouverai bien un point de connexion wi-fi. Pour aujourd'hui, il me paraissait amusant de réécouter la grande Anne Sylvestre, de l'époque où les femmes avaient appris à dire non. Qu'en est-il aujourd'hui ? Je ne suis pas sûr que le grand retour des familles et de leurs gaietés quotidiennes n'ait pas eu raison des questions fondamentales de l'égalité des comportements plutôt que des droits, qui sont, en principe, acquis sur le territoire français. Pour le reste, il y a encore du chemin à faire !


vendredi 21 octobre 2016

Je me laisse aller

Leonard stin Ellada

Ce jour sort un nouveau CD de Leonard Cohen. You want it darker. J'ai présenté ce titre le 24 septembre dernier (cliquer ici : clic), il y a moins d'un mois. Si je suis fan de Leonard Cohen, je ne sais pas si je me réjouis vraiment de cette sortie. Je suis heureux qu'il soit toujours de cet esprit vif, qu'il témoigne de cette générosité qui l'a toujours caractérisé. Ce qui me fait drôle est qu'on le présente comme un vieillard. Certes, ses quatre-vingt deux ans accusent la vieillesse, le visage fatigué, les cheveux très gris. Je conserve pourtant toujours l'image de cet homme jeune, que j'ai vu plusieurs fois en concert. Je le vois également parcourant Hydra, cet île porteuse de magie que fréquentaient autrefois artistes, poètes, écrivains, après que des pirates albanais s'y furent installés, et où il vécut avec Marianne Ihlen. C'était un temps, me semble-t-il, où le soleil savait briller plus sûrement qu'aujourd'hui où nous marchons en terres d'incertitudes.

Leonard a toujours accompagné mes sentiments amoureux. En esprit, sa poésie, sa musique nourrissaient mes propres élans, mes moments de doute et de spleen. Je me rappelle l'une des dernières fois que je vis J. Il avait eu un accident de scooter, sans vraiment de gravité, dans le tunnel de la Croix-Rousse. C'était au printemps, et un concert de Leonard était organisé à la Bourse du Travail. L'après-midi j'étais passé voir J. à l'hôpital. Sa jambe était dans le plâtre et un énorme pansement taché de sang couronnait son genou. Était-ce la chaleur de ce printemps déjà avancé ou l'émotion de ce pansement qui me paraissait monstrueux ? Je partis dans une crise de tétanie et l'infirmière dut me bassiner les tempes, éponger ma sueur et me faire respirer de l'air frais sur le balcon de la chambre. Je repris mes esprits, m'excusai de ce moment de faiblesse. Je dis encore quelques mots à J. Je savais que nous nous étions tout dit.

Le soir le concert fut magique, plein de cette tendresse au delà de l'amertume dont sa voix si profonde a toujours été porteuse. Leonard fait partie de ces garçons abandonnés dans lesquels je me reconnais. Tout est comme si manquait en quelque endroit, dans le corps, l'esprit ou le cœur, une part de soi invisible  - l'ombre de Peter Pan, peut-être - qui dit qu'on n'arrive pas à marcher comme il le faudrait dans la vie. Quelques femmes ont compté dans celle de Leonard, dont Marianne fut la lumière éblouissante. D'autres garçons ont besoin qu'un autre garçon vienne apporter une part de réconfort, un court moment qui ne sera jamais définitif. On croit un instant reconnaître le garçon que l'on cherchait. On le retrouve même, le temps d'assouvir son désir. Puis l'image que l'on avait cru reconnaître s'estompe, se dissipe dans un brouillard, et ne demeurent plus que des fantômes. Au fil du temps on n'est plus soi-même qu'un autre fantôme, errant dans les couloirs du temps, retrouvant dans les pièces défraîchies d'un château poussiéreux et humide les photographies jaunies du seul garçon qu'on avait cru reconnaître de cette part d'invisibilité à jamais disparue.

Dans ce temps qui passe Leonard demeure, comme une forme de l'éternité. Au loin il y a le Canada, New-York. Je ne sais pas où il vit et je m'en fous puisqu'il est en Grèce. Pour l'éternité.








jeudi 20 octobre 2016

Les yeux dans les yeux

Jean-Roger Caussimon - Les milices

Jean-Roger Caussimon est décédé il y a précisément trente et un ans. Il fut excellent comédien, chanteur, parolier, homme d'engagement. De cette période et de cette génération de chanteurs qu'on appelait « Rive gauche » qui était présente dans les cabarets de Saint-Germain-des-Prés.

Comment croire il y a une trentaine d'années que les années furieuses qui précédèrent la Seconde Guerre mondiale reviendraient, toujours fondées sur la haine de l'autre, du différent de peau, d'origine, de sexe, d'orientation sexuelle ?

J'ai entendue à la radio une élue qui s'est mobilisée contre les étrangers, qu'on appelle maintenant les migrants, dire : « mais nous ne sommes pas des fascistes ! Nous avons été élus démocratiquement ! »

Un peu histoire redevient nécessaire. Lorsque le sinistre Adolf arrive au pouvoir en Allemagne, il est élu démocratiquement. Dans les années 1920, c'est tout aussi légitimement que Mussolini accède au pouvoir.

Jour après jour en France, les pensées se recroquevillent. Je parlais il y a un an de la rhinocérisation des esprits. La police, dont on sait qu'elle soutient les idées d'extrême droite, manifestait ces jours-ci. Si on comprend leur exaspération face à des décideurs qui ne contrôlent plus grand chose, il est à redouter qu'elle vienne renforcer le durcissement d'un ordre extrême.

J'espère sincèrement que mes craintes soient infondées.


mercredi 19 octobre 2016

Hommes qui marchent


Dranem - Le coût de mon trait

Je parlais de clowns ces temps-ci. Un chansonnier - comment faut-il dire ? fantaisiste, chanteur comique ? - qui s'appelait Dranem eut autrefois un immense succès. Son nom est un anacyclique, forme de palindrome (vous chercherez, chers amis !). Il s'appelait en réalité Armand Ménard, s'habillait avec une veste étriquée, un pantalon trop court et trop large et débitait des horreurs qui faisaient hurler de rire les gens. Bref, un clown dans la tradition des comédiens populaires. Coluche fut l'un de ses héritiers. Comme il est dommage que l'un de ses homonymes, aujourd'hui, n'ait pas repris l'humour de Dranem ! S'il débite des horreurs, il ne fait rire personne. Je persiste à croire que ce sinistre personnage finira dans les poubelles de l'histoire comme un raté de l'amour.

On se souviendra de Dranem, auteur de gauloiseries, à défaut d'être - peut-être - un descendant de Gaulois !

mardi 18 octobre 2016

Encore un peu !


Retour arrière en Grèce

Ce petit documentaire de Brigitte Rouän m'avait échappé : il fut tourné après son film de fiction Tu honoreras ton père et ta mère, que je n'ai pas vu, mais qui, semble-t-il, ne restera pas comme un film inoubliable.

Ce Stop à la Grèce en slip fait un petit tour rapide de l'équipe technique avec laquelle elle a tourné son film de fiction (avec Gaspard Uliel, dois-je signaler !) sur l'île de Milos. Petits passages à Athènes. C'était il y a quatre ans. La Grèce était au bord du gouffre, et depuis elle a fait un grand pas en avant pour y tomber totalement. La seule chose que j'ai pu vérifier moi-même l'an dernier est qu'il ne reste qu'à faire la fête pour s'y perdre complètement.

L'un des protagonistes le dit : il s'est agi de sauver les banques, les banques et les banques. C'est tout. Dernièrement, le bilan a été fait. Avec l'hyperaustérité, la perte de TVA  qu'elle aurait pu collecter est l'équivalent des objectifs d'économie voulue par l'Europe, ce dont déjà le Fonds monétaire international s'était aperçu voici de nombreux mois.

Ainsi, quatre ans après ce documentaire, la situation en Grèce n'a fait qu'empirer, et ce guignol de Tsipras, incapable de s'opposer aux diktats allemands et européens n'a pas été en mesure de donner du sens à l'économie grecque. Qu'on en juge : la crise grecque dure maintenant depuis 2008. Huit longues années, plus longues que la durée de la Seconde Guerre mondiale. Car c'est bien une guerre menée contre le peuple grec, plus dure que celle que subissent les autres pays du Sud. L'objectif étant à terme de brader l'ensemble du pays aux promoteurs financiers.

Dernièrement, c'étaient les retraités qui manifestaient à Athènes. Tsipras n'a su que leur envoyer la police. Quoi d'autre ?

lundi 17 octobre 2016

Contrarié

Marche brune

Marche brune à Paris hier : tous les attardés du bulbe ont défilé. S'ils étaient tous là, c'est plutôt rassurant : 29 000 selon la police, mais il n'y a aucune raison de faire confiance à la police. Alors il faut rajouter la moitié ? Alors ils étaient quoi, 45 000, 50 000 manifestant d'extrême droite ? C'est toujours trop, et il faudrait espérer qu'ils étaient tous là, les Collard, les Ménard les Le Pen, etc.
Il semblerait d'ailleurs que Le Pen fille finisse par se rendre aux arguments des anti mariage pour tous. Leur haine de l'homosexualité ne tardera pas à devenir très nettement explicite, malgré les gay qui se sont rangés à leurs côtés.

Il y avait une contre manif avec un kiss in « Faites l'amour, pas la gayre » dont cette très belle photographie de François Guillot était dans L'Obs :

François Guillot - AFP

dimanche 16 octobre 2016

I bagnanti del Tevere

Georges Paul Leroux (1877- 1957), Les baigneurs du Tibre, ca 1909

Petites humeurs du jour - Le Guide Chaix

J'ai peu de temps pour écrire plus sérieusement que je ne voudrais le faire. Je m'en remets ainsi à quelques petites humeurs du jour que me permet le dimanche.

J'en remets une couche d'abord sur Guillaume Gallienne : on en a viré sur cette radio à publicité insupportable qu'est France Inter pour moins que ça. Heureusement, les mauvais esprits que sont Charline Vanhoenacker, Guillaume Meurice et Alex Visorek secouent un peu les attitudes bien conventionnelles par ailleurs. J'en reviens à Gallienne : ce con est un inculte. J'avais déjà souligné qu'il ignorait la prononciation de "gageure". Ce type est à la Comédie française, madame (pourquoi dis-je madame, alors que mes lecteurs sont à nonante pour cent des mecs ?) ! Et à la Comédie française, on n'est plus tenu d'avoir un minimum de connaissance de la langue française et de ses auteurs. A moins que, comme je le disais précédemment, la Comédie française ait été investie par les clowns. Belle métaphore : les rhinocéros ont mis de gros nez de clowns, Déjà l'Académie française, a bien fait de recevoir Finkielkraut et quelques autres. Jean d'Ormeuhsson, par exemple. J'y reviendrai.

Je parlais de Gallienne. Outre sa diction lénifiante, son ton mou, son propos est de donner à connaître quelques grandes pages de la littérature. Prétentieux. Cuistre ! Encore faudrait-il que tu les aies lu, les bouquins, et pas donnés à préparer à une vague assistante (je suis sûr que c'est une fille cette fois, filles qui sont meilleures lectrices que les mecs), payée trois francs six sous comme intermittente du spectacle, qui te laisse lire les textes, la seule chose que tu fasses, et que tu fais mal.

Hier mes oreilles ont été écorchées par l'incompréhension que tu as de ce texte. Si tu avais un minimum de culture, parlant de Michel Butor, décédé récemment, et de son fameux bouquin La modification, tu n'aurais pas prononcé "le guide chè" pour parler de l'indicateur des chemins de fer. Evidemment plus personne ne consulte le Guide Chaix, à prononcer chèxe comme sexe, à une époque où les horaires des trains sont maintenant sur Internet et où on les consulte sur son smartphone, et plus sur le Guide Chaix. D'ailleurs les trains, les bandits qui dirigent la SNCF sont en cours de les supprimer de plus en plus. Le grignotage progressif du service public sous la gauche est un beau cadeau à l'extrême droite.

Enfin bref, ce con, lisant La modification de Michel Butor, parlait du Guide Chè. Je ne peux que redire qu'il y a encore beaucoup de jeunes comédiens, de talent, souvent très beaux, même si ça ne se voit pas à la radio, et parfois cultivés, qui pourraient tout aussi bien et sûrement mieux nous proposer des lectures de textes à la radio que Guillaume Gallienne, qui est, je le redis un garçon inculte. Et qui ne prépare pas les textes qu'il nous assène de sa voix mollassonne.

Phil Glass - ReDo String Quartet

Quartet n°2 "Company" de Phil Glass pour accompagner un dimanche un peu grisouilleux. Passez le bon quoi qu'il en soit : écoutez ou faites de la musique, allez au cinéma si un film vous tente, passez-vous un DVD avec ou sans pote... Ou roupillez toute la journée, c'est toujours ça que les emmerdeurs ne vous voleront pas !



samedi 15 octobre 2016

Que le corps exulte !



Salut à Pierre Etaix

Je n'aime pas le cirque et les clowns ne m'ont jamais fait rire. J'ai plutôt le souvenir autrefois d'un moment de terreur quand un clown se préparait sur le boulevard et se maquillait avec du fard blanc. Je crois que je n'aime pas les blancs non plus, pas plus que les catholiques. C'est peut-être ça, d'ailleurs, le problème de ce pays: un pays de clowns au visages trop blancs qui ne se plaisent que dans des cérémoniels archaïques, vêtus de costumes aux tailles démesurées et hurlant leur joie imbécile de ne se trouver bien qu'entre clowns. Un monde psychiatrique.

Le monde de l'enfance, celui d'une rêverie infinie, où les gens qui se prennent au sérieux n'ont pas leur place, Pierre Etaix l'avait investi sans jamais l'avoir quitté. Il m'avait un peu réconcilié avec les clowns, sans m'avoir vraiment convaincu toutefois. Le monde du cirque est peut-être trop une caricature de la misère du monde, celle filmée par Tod Browning, y compris celle des animaux.

J'ai pourtant aimé le cinéma de Tod Browning et celui de Pierre Etaix qui n'ont presque que le cirque comme point commun. J'ai toujours eu dans un coin de mon crâne la petite musique, légère, de Yoyo qui disait que Pierre Etaix était un poète de l'image et du son. En France, pays de clowns, on n'aime pas la poésie et l'on laisse croire qu'on aime quelques poètes.


Pierre Etaix fut un peu oublié, même si Télérama lui rendait parfois hommage. Il conservera une très belle place, aux côtés de Jacques Tati, dans un amour de la dérision où il retrouvait parfois Cocteau.

Pierre Etaix est parti pour son dernier tour de magie : salut à lui, révérence au poète.


Météores


jeudi 13 octobre 2016

Bottom chef


Bernardo Casertano - Dino

Dans la suite du "Théâtre de la Cruauté" dont Antonin Artaud avait défini l'implication de l'acteur, offrant son corps en jeu dans une mise en situation sans artifice, quelques comédiens s'efforcent de se jeter en scène  dans une recherche d'existence, de faire comprendre comment se passe la manière d'être au monde, d'être aux autres, de trouver un langage quand il est souvent si difficile de s'exprimer. Dans cette marge des choses, il faut parfois apprendre ou réapprendre à vivre quand la vie elle-même ne sait pas être simple, quand tout geste, tout acte est un combat pour dire que l'on essaie d'exister.
C'est un théâtre particulièrement difficile. On en appréciera ici la part de cruauté réelle qui fait du comédien ce médium entre le monde social et le renoncement à demeurer inerte.
J'avais présenté il y a bientôt deux ans (!) une vidéo du Cri du corps de Benito Gutmacher, comédien d'origine argentine, dont le travail était fondé sur cette même démarche du "Théâtre de la Cruauté". On peut revoir Benito Gutmacher en cliquant ici : clic!
Bernardo Casertano a été vu dans ce blog dans le clip vidéo qui raconte un instant de rencontre et de vie de deux garçons en Italie, sur le fond de la chanson de Bruno Martino Estate, où il est le compagnon du garçon joué par Alexandre Styker. C'était le 16 mai dernier. On peut aussi revoir la vidéo en cliquant ici : clic

Dernier conseil : prenez votre respiration avant de regarder Bernardo Casertano.



mercredi 12 octobre 2016

À l'air marin

Je me suis enivré de cette odeur qui était celle de ta peau, un jour où le vent soufflait si fort qu'il te faisait un visage de feu, rougi et légèrement humide d'une larme de joie.

D'amants et d'émigrants Mamma mia, dammi cento lire

"Maman , donne moi cent lires, je veux aller en Amérique !"

Comme l'Amérique a pu faire rêver ! De quoi sont faits nos rêves aujourd'hui ?


lundi 10 octobre 2016

Jean-Louis Barrault - Les paravents

En 1966, Jean-Louis Barrault monte Les paravents de Jean Genet sur la scène de l'Odéon. Quatre ans après l'indépendance de l'Algérie, l'extrême droite en France semble insupportée qu'on lui rappelle par le théâtre ce que pouvait être un regard sur l'Algérie française considérée depuis les faux semblants indiqués par les paravents...

Jean-Louis Barrault est ici magnifique de sincérité – bénéficiant peut-être d'une grande part de naïveté – mais face à Michel Droit, parangon de ce que pouvait être un journaliste du Figaro : lèche-cul gaulliste, nationalard qui lança plus tard contre Gainsbourg une cabale lors de la Marseillaise reggae. Elle fit dire alors à Gainsbourg : «On n'a pas le con d'être aussi Droit». On a parfois l'impression que l'époque pouvait être bon enfant face aux levées de crétins qui aujourd'hui lâchent sans complexe leur goût de la haine raciste. 
Ce serait toutefois une terrible erreur de perspective.



dimanche 9 octobre 2016

Course nocturne

Stella splendens

J'ai découvert voici déjà fort longtemps ce recueil de textes réunis sous le nom de Llibre vermell de Montserrat et interprété par l'ensemble Hesperion XX. Depuis, le siècle a tourné : Hesperion XX est devenu XXI, la magnifique Montserrat Figueras s'en est allée, laissant Jordi Savall et leurs beaux enfants continuer son oeuvre. Il reste des étoiles splendides qui ne s'éteignent pas. 

Le hasard faisant bien les choses, j'ai eu le plaisir d'assister à une mise en place du spectacle d'Hesperion XXI voici quelques mois à Genève. Le temps manquait et les horaires des trains ne me permettaient pas de rester davantage. Mais je ne manque pas cette occasion de signaler, outre l'immense qualité de restitution de la musique ancienne que mène Jordi Savall (prononcer Savail) depuis des décennies, qu'il inscrit son travail dans une grande transversalité des cultures méditerranéennes et orientales. A une époque où notre pays, où l'Europe sont en train de se replier sur des attitudes de plus en plus condamnables, il me paraissait important de le rappeler dans cette homélie dominicale !

Bon dimanche ensoleillé !


mercredi 5 octobre 2016

Vers l'envol

Effet de brume sur l'aube cévenole

Étrange début de matinée qui pourrait commencer un film dont je n'ai pas écrit la fin du scénario : un cheval est renversé sur la route ; des voitures sont arrêtées et des hommes s'affairent près de lui qui ne bouge pas. Cette masse de chair immobile est troublante, et je ne m'arrête pas, bouleversé par cette vision. Plus loin l'aube m'interpelle par cet arbre qui se découpe sur l'horizon.
Cet effet de brume sur l'aube cévenole m'est une étrange invitation au voyage quand la lumière s'échappe et s'enfuit comme s'il n'y avait plus aucun retour possible. Il est probable qu'il n'y ait aucun retour, encore moins éternel.

© Celeos - Effet de brume sur l'aube cévenole - 2016

dimanche 2 octobre 2016

Eh, Joseph !

L'invitation tient toujours : ma cave est bien pourvue....


Et maintenant

Le chemin buissonne déjà de feuilles trop sèches, de filets noirs qui bordent les ruisseaux.
Je pense à vous, Hélène Martin. Nous aimerions tous deux, je le crois, des automnes annonçant des printemps radieux de violettes discrètes dans lesquelles quelques larmes de rosée se sont réfugiées comme enfants du soleil.

Automn boy by Elipa, via Deviantart


Sans doute suffit-il d’attendre. Tout comme les enfants de Grèce qui apprennent dans la rue à répéter : 
«  Ενα ευρώ. Παρακαλώ. Ενα ευρώ. »



samedi 1 octobre 2016

La pêche ou le parquet

L'échappée belle

Dans mon billet du 2 mai dernier, j'avais annoncé l'exposition du MuCEM concernant Jean Genet,  où je la présentais en ces termes :

Jean Genet - L'échappée belle

Enfin, il me faut signaler l'exposition que consacre le MuCEM, Musée des Civilisations Européennes et Méditerranéennes, aux rapports entre Jean Genet et la Méditerranée, qui fut son havre de pérégrination, entre l'Espagne, l'Italie, l'Algérie, la Grèce, la Palestine, et jusqu'au Maroc, où l'ancien cimetière espagnol de Larache a accueilli son corps.L'exposition, démarrée le 15 avril, jour anniversaire de sa mort, s'achève le 18 juillet prochain. 
« Mêlant manuscrits, lettres, entretiens filmés et œuvres d'art (dont un portrait signé Giacometti), le parcours de l'exposition suit le parcours de l'oeuvre et montre comment la Méditerranée fut, pour l'écrivain, une " échappée belle ". »
Là non plus, le titre n'apparaît pas comme très heureux et sans doute parce que Jean Genet ne s'est jamais vraiment échappé des combats qu'il a menés, même dans les lieux ou notre monde pouvait lui apparaître plus lointain... 



L'exposition s'est ainsi achevée le 18 juillet. Par chance, une réunion professionnelle à Marseille a été l'occasion de passer au MuCEM pour la voir au mois de juin.
On était en mesure de s'interroger : pourquoi ce titre, et pourquoi au MuCEM ? La réponse n'était sans doute pas loin : le MuCEM s'occupant des cultures des civilisations européennes et méditerranéennes, je pensais que l'exposition traiterait des vagabondages de Jean Genet à travers l'espace méditerranéen, vagabondages qu'il commença relativement tôt. On se réfèrera en particulier à Jean Genet matricule 192.102. Chronique des années 1910-1944, dû à Albert Dichy et Pascal Fouché. On y trouve le parcours de Jean Genet dans son goût pour la Méditerranée qui est monde de lumière : les passages à Marseille, à l'armée qui l'envoie à Beyrouth, Damas, puis, plus tard, toujours engagé, au Maroc, moment qui s'achèvera par une désertion puis l'Espagne décrite dans le Journal du voleur. Etc.

Une lettre de Jean Genet à André Gide, depuis Barcelone. 1933


J'espérais que l'exposition serait le lieu, en cet endroit précis, de l'exploration de ces parcours, où le voyage sublimant l'imaginaire, on aurait été à même de suivre la trace du poète vagabond.
Hélas, quelle déception ! J'ai vu une exposition rapidement montée, à la scénographie élémentaire qui rappelait les murs de l'enfermement et non les sentiers de la liberté vagabonde qui furent ceux de Jean Genet. Quelques photographies, ici, n'en donnent qu'une vue très partielle. L'aspect intéressant de l'exposition est de permettre de suivre, à travers ses engagements en faveur des dominés, une partie de ses chemins.
Je comprends la logique qui a présidé à cette exposition : pour commémorer les trente années de sa mort, le MuCEM se devait de parler de Jean Genet, et singulièrement s'occupant des «cultures méditerranéennes et européennes», présenter le rapport entre Jean Genet et la Méditerranée. C'est bien raté, et c'est dommage. En même temps, on se fout un peu des commémorations. Je n'ai évoqué Jean Genet dans mes billets d'avril que parce que cette date se rappelait elle-même à moi.
Je vous laisse découvrir quelques photos. Je n'ai pas là retrouvé l'univers de Jean Genet. Je
le regrette.


Détail du manuscrit du Journal du voleur - "1932. L'Espagne alors était couverte de vermine, ses mendiants. Ils allaient de village en village, en Andalousie parce qu'elle est chaude, en Catalogne parce qu'elle est riche, mais tout le pays nous était favorable. [...]"



Ernest Pignon Ernest - Une image du Parcours Genet de 2006 à Brest




   

Je suis sorti de l'exposition alors
que le soleil était encore haut dans le ciel. Et cependant, le sentiment d'une immense tristesse s'est abattu sur moi, comme si, une fois de plus, aucune institution n'était en mesure de parler de Jean Genet, sans doute trop insaisissable pour qui n'a jamais ressenti le sentiment d'abandon.
Dans ce ciel haut qui laissait toute sa place à la mer dont l'appel est toujours si fort, un grand vertige s'est installé, d'autant plus grand qu'il n'y avait alors plus personne sur l'esplanade du Fort Saint-Jean. J'ai sorti mon smartphone. Quelques visages de garçons tout aussi abandonnés sont apparus sur ce site désespérant. Le beau visage sans sourire de l'un d'eux m'a rassuré, invoquant l'art, disait-il maladroitement. J'ai éteint mon smartphone et j'ai repris ma route, sans regret de Marseille.


*                *               *

Je n'ai pas encore eu le temps de parler de l'émission de Jean Lebrun consacrée à Jean Genet, rediffusée cet été, dans laquelle Jean Lebrun avait invité Yvan Jablonka auquel les bienpensances journalistiques ont rendu hommage pour un livre paru récemment. Une fois de plus, dans l'émission de Jean Lebrun La marche de l'histoire, Yvan Jablonka se révèle particulièrement malhonnête. J'y reviendrai.